L'abonnement illimité pour les livres numériques : une chance pour la lecture !

Suite au rapport de Laurence Engel, Médiatrice du livre, Fleur Pellerin a annoncé le 19 février 2015, que « la loi sur le prix unique du livre n’est pas incompatible avec une formule d’abonnement, mais que toutes les formules d’abonnement actuellement sur le marché ne sont pas en conformité avec ce cadre juridique ».

L’arrivée du Kindle Unlimited d’Amazon en France en décembre 2014 a en effet provoqué l’ire de nombreuses associations d’auteurs, de maisons d’édition et de libraires. Ils ont alors saisi la Ministre de la Culture et du Numérique Fleur Pellerin, lui demandant de faire établir si le modèle d’abonnement était conforme ou non aux lois françaises sur le prix unique du livre. Il s’avère que « les abonnements forfaitaires illimités qui concerneraient plusieurs éditeurs ne respectent pas la loi », puisque « le principe essentiel est que l’éditeur doit fixer lui-même le prix de son offre ».

Tous attendaient une clarification du débat et c’est une bonne chose que ce rapport de Laurence Engel soit désormais rendu : il est dense, fouillé, prend bien la mesure des enjeux et formule des propositions concrètes pour assurer le déploiement de bibliothèques digitales modernes ? C’est essentiel car le modèle d’abonnement a connu un développement considérable dans toutes les autres industries culturelles numériques. Des dizaines de millions d’utilisateurs plébiscitent Netflix, King, Deezer pour la facilité d’accès aux films, aux jeux ou à la musique. L’Institut GFK a d’ailleurs récemment démontré que toutes ces industries ont gagné globalement du temps de consommation, en particulier grâce au numérique. Or, seule l’industrie du livre semble avoir abandonné des positions : 28 minutes de lecture hebdomadaire ont été perdues en France depuis 3 ans.

C’est pourquoi l’intervention d’une médiatrice du livre devait permettre à tous les professionnels du livre de s’exprimer sur ce sujet et de trouver collectivement un terrain d’entente, en phase avec les nouveaux besoins des consommateurs. L'industrie doit écouter attentivement ses lecteurs. Ils sont prêts à rémunérer la filière comme ils le font pour les livres en format traditionnel.

L’abonnement dit illimité est une chance pour la lecture et pour les professionnels de la filière édition. Illimité, ce n’est qu’un mot que l’on pourrait remplacer aussi bien par liberté. Nous n’avons malheureusement qu’un temps limité de lecture. Nous ne pourrons jamais lire tous les livres.

Avec Chapitre.com, la grande librairie en ligne francophone, nous avons interrogé plus de 5 000 personnes au hasard de leurs visites sur nos sites respectifs en janvier 2015. C’est essentiel d’être à l’écoute de leurs attentes à eux. Car ce sont les lecteurs qui décideront à terme (et déjà !) s’ils préfèrent une solution de bibliothèque digitale légale ou alors la solution regrettable du piratage qui peut être définie comme un abonnement illimité gratuit.

Un sondage dévoile que les lecteurs sont pour l'abonnement illimité de livres numériques
Le sondage est sans appel : Plus de 85 % des sondés déclarent être séduits par les modèles en illimité, sont persuadés que c’est la solution d’avenir du numérique, qu’ils liront davantage avec cette solution simple et fluide. Et plus de 90 % pensent que la bibliothèque digitale va leur permettre de découvrir de nouveaux talents.
Nous avons l’ambition d’accompagner cette transition numérique en étant toujours à l’écoute des attentes de ces millions de lecteurs dont les usages ont évolué.

Dans ce monde du tout numérique, du tout connecté, le principe de l'accès prédomine désormais celui de la propriété. L'abonnement en mode streaming met à notre disposition des millions de textes de façon instantanée sur tous les appareils mobiles. La nouveauté c’est le bonheur et la liberté d’avoir accès à une bibliothèque à la maison et dans ses voyages, partout et sur tous les supports.

Les consommateurs de plus en plus mobiles
A l’heure où chaque foyer français possède au moins 3 appareils connectés et où la mobilité n’est plus un frein à l’accessibilité de contenu numérique de toute sorte, pourquoi ne pas mettre alors la lecture à portée de main, à portée de clic, à la portée du plus grand nombre ? Pourquoi ne pas la hisser au 1er rang des loisirs numériques, lui donner un souffle innovant à travers un modèle d'accès dit illimité - tout comme l'ont si bien réussi les industries de la musique et de la vidéo - et ainsi regagner du temps de lecture ? Plus la lecture se développera, sous toutes ses facettes et plus la rémunération de la création sera importante.

Car, il convient de le rappeler, dans l'industrie des produits culturels, le livre est de loin le plus grand marché puisqu'il représente,  avec 4 milliards d'euros, près de 7 fois celui du disque et près de 4 fois celui de la vidéo. Il y a donc une chance pour les professionnels du livre de développer de nouveaux  modèles économiques et de nous approprier la révolution numérique plutôt que de laisser ce marché et ces nouveaux usages à de grandes sociétés internationales.
Le rapport du Médiateur nous invite à développer une solution rapide et dynamique avec tous les acteurs concernés. Nous sommes une startup, nous serons ambitieux rapides et nous serons ouverts.

La gratuité ou l’usage des nouveaux modèles économiques
Nous cherchons tous aujourd’hui à trouver la meilleure formule économique entre  la demande du consommateur, qui veut profiter de services en gratuité partielle, et la rémunération de la filière.

Dans le monde du livre,  il est évident qu'il faut réussir à satisfaire les attentes légitimes de l'auteur, l'éditeur, le libraire. Nous devons dire oui à l'existence d'une offre d'abonnement dite illimitée dont la monétisation sera acceptée et acceptable pour chaque acteur du secteur, et en particulier les auteurs.

Qui aurait pu anticiper que les revenus du streaming dans la musique, par exemple, allait dépasser en quelques années les revenus du téléchargement ? A nouveau, ce sont les usagers qui l’ont décidé et non les producteurs ou les distributeurs au départ, même si ce sont bien ces derniers qui l’ont rendu possible. Et nous nous rendons compte qu’ils ont largement recréé de la valeur que le piratage avait en partie détruite.

Sans doute faudrait-il qu’il y ait plus de transparence entre les montants des souscriptions et les clés de répartition entre les différents acteurs de l’écosystème ?

Les débats sont en cours
Comme il sera question de culture, de vision du monde, des rapports entre le secteur public et le secteur privé, de l’exception culturelle française et aussi d’argent, cela prendra du temps avant que le cadre soit définitivement défini.

Mais espérons que l’ensemble des acteurs choisira de soutenir le déploiement des modèles d’accès en illimité, et plus encore, d’encourager davantage les entreprises françaises dans cette voie.