A peine né déjà mature : la croissance accélérée de Beebs

A peine né déjà mature : la croissance accélérée de Beebs Lancée il y a deux ans, la place de marché française de seconde main dédiée au monde de l'enfance affiche des chiffres flatteurs : 400 000 ventes réalisées, 800 000 téléchargements et 200 000 visiteurs uniques mensuels.

"Ce que vous avez de plus cher, vous coûte moins cher". Satisfaire les besoins de votre progéniture à moindre frais est désormais possible si l'on en croit le slogan qui conclut le spot publicitaire de Beebs diffusé depuis mars 2022 à la télévision. Beebs, une start-up française trouve ses origines durant l'été 2019, quand, à un mois d'écart, Arsène Huot et Morgan Hilmi deviennent papa. Après la naissance de leurs enfants, ils sont confrontés à la réalité économique du coût (élevé) d'un nourrisson : "Quand on a des enfants, on consomme beaucoup plus qu'avant. Et les besoins des enfants, qui se renouvèlent régulièrement, induisent l'achat de produits qui ne durent pas très longtemps", confie Morgan Hilmi. Le ministère de la Santé estime à 9 000 euros en moyenne le coût annuel d'un enfant, une somme conséquente, en particulier pour les foyers les moins aisés.

"Les confinements successifs ont constitué de véritables accélérateurs pour le marché de la seconde main"

 

A ce constat financier s'ajoute chez les jeunes pères l'inquiétude face à une empreinte carbone croissante. Arsène Huot, développeur, et Morgan Hilmi, spécialiste du e-commerce, décident alors de quitter leur travail pour lancer Beebs début 2020. Sur cette marketplace de seconde main, les particuliers peuvent désormais vendre des articles pour enfants entre 0 et 18 ans via un site web puis sur une application. Le premier confinement de mars 2020 aurait pu marquer un coup d'arrêt au projet, mais bien au contraire il constitue une aubaine pour l'entreprise. Bloqués chez eux, les parents font le tri dans leurs placards et décident de se débarrasser des affaires que leurs enfants n'utilisent plus pour les vendre en ligne. "Les confinements successifs ont constitué de véritables accélérateurs pour le marché de la seconde main", commente Morgan Hilmi. En septembre 2020, après 9 mois d'existence, 15 000 produits sont disponibles à la vente et 60 000 personnes utilisent l'application.   

Levée de fonds

L'intérêt pour cette jeune pouce française se confirme après la crise du Covid-19 : en juin 2021 Beebs lève 3 millions d'euros auprès des fonds d'investissement Isai et Citizen Capital. Le but de ce tour de table est "d'étoffer les équipes et de lancer une stratégie marketing afin de devenir le spécialiste de la seconde main pour enfants", indique le co-fondateur. Un an après, 15 personnes ont rejoint l'équipe originellement constituée de 7 salariés. Des développeurs, des marketeurs s'attèlent désormais à améliorer l'expérience client et à faire connaître la structure. Morgan Hilmi évoque une multiplication par 8 du chiffre d'affaires depuis un an mais refuse de préciser son montant. Depuis son lancement, 400 000 produits ont été vendus, 800 000 téléchargements ont été effectués et 200 000 personnes visitent le site web chaque mois. En termes de volume de commandes et de taille de catalogue, Beebs s'est hissé à la première place des spécialistes français de l'occasion pour les mineurs, certifie le dirigeant. En échange d'une commission de 5% plus 0,70 euro sur chaque achat, les acheteurs ont accès à 300 catégories de produits et à 1 500 marques. Les utilisateurs bénéficient d'une réduction allant de 40 à 80% par rapport au prix des articles neufs.  Les vêtements en lot, les couches neuves et les jouets connaissent le plus grand succès.

Innovation

Présent en Belgique et en France, Beebs ne cesse d'innover pour tenter de convertir à la seconde main de nouvelles personnes aux moyens plus ou moins élevés. Depuis mai 2022, le paiement fractionné est disponible afin de "lisser l'impact financier d'achats coûteux", illustre Morgan Hilmi. Et afin d'enrichir son offre, Beebs ne manque pas d'imagination. Pour des questions de sécurité, certains articles de puériculture doivent être achetés neufs ou… être reconditionnés par des experts. Les fondateurs privilégient cette seconde option avec la présence de spécialistes sur l'application : Yoti propose des jouets et Biicou des poussettes, tous certifiés conformes aux réglementations.

Beebs se définit aussi comme une plateforme "communautaire". Les consommateurs peuvent échanger sur un blog mis à leur disposition sur l'application : marques à privilégier, retours sur des articles, toutes les catégories de produits y passent. "Derrière les ventes s'est développé un écosystème avec la création de groupes Facebook structurés autour de Beebs", se félicite Morgan Hilmi, qui se qualifie de "premier utilisateur en tant que vendeur et acheteur". Ce trafic autour de l'entreprise accroît sa visibilité et lui permet de fidéliser durablement ses clients. Outre la mise à disposition d'un espace de partage, une bibliothèque qui regroupe près de 200 guides et tutoriels centrés sur les premières années de l'enfant est en libre accès.

Abonnement

La roadmap de l'entreprise ne s'arrête pas là. Dernière nouveauté disponible en juin : un chiffrage de l'empreinte carbone de ses produits, une première pour une place de marché française de seconde main, selon le fondateur. Les utilisateurs pourront découvrir l'impact environnemental de leur panier par rapport à l'achat d'articles neufs : l'empreinte carbone d'un vêtement en seconde main est dix fois inférieure à celle d'un vêtement neuf. D'ici la fin de l'année, les utilisateurs pourront aussi souscrire à un abonnement qui leur permettra de mettre en avant leurs produits sur l'application et qui facilitera leur recherche d'articles. Dans les prochaines années, Morgan Hilmi espère déployer de nouveaux leviers de monétisation, poursuivre l'enrichissement du catalogue avec l'ajout de nouvelles catégories et étendre ses services à l'étranger car "l'expérience de la parentalité traverse les frontières".