MusiClassics, une offre légale pour les amateurs de classique

Le site propose en téléchargement et en streaming les catalogues de quatre majors et de labels indépendants. Une originalité : des tarifs variables en fonction de la durée des morceaux.

Au côté des grosses plates-formes généralistes de musique, des acteurs veulent se faire une place dans le téléchargement légal en proposant des genres particuliers. Sur le créneau de la musique classique par exemple, deux sites se sont lancés récemment. Après Qobuz.com, mis en ligne à Noël 2007 par la société Abeille Musique et qui propose aussi du jazz et des musiques du monde (lire Abeille Musique lève 5 millions d'euros, du 21/02/08), voici MusiClassics.fr, ouvert officiellement début avril.

A l'origine de cette société, née en 2006 et installée dans la pépinière d'entreprises Paris Innovation, se trouvent deux ingénieurs musiciens amateurs, Samer Roumieh et Jean-Hugues Allard. "C'est le fuit d'un travail de deux passionnés qui ont voulu reproduire en ligne les conseils et l'accompagnement d'un disquaire physique", explique ce dernier, dont le parcours l'a amené à travailler chez trois des quatre majors de la musique. MusiClassics a d'ailleurs signé des accords avec l'ensemble des majors, ainsi que des maisons de disques indépendantes comme Naive ou Harmonia Mundi.

Le site propose ses morceaux en streaming, pour faciliter la découverte, et en téléchargement. La facturation est originale, puisque des packages d'heures sont vendus pour le streaming, tandis qu'en téléchargement le prix des morceaux varie selon leur durée (6 euros les 30 minutes). Pas de publicité, "car notre public a besoin de calme", explique Jean-Hugues Allard.

Les morceaux contiennent des DRM (Windows Media), imposés par les maisons de disques. Mais sur cette question, l'industrie de la musique ne serait pas plus conservatrice pour le classique que pour la pop ou le rap, selon le co-fondateur du site. En raison peut-être du profil assez peu "pirate" des amateurs du genre. D'ailleurs, 26 % des Français utilisateurs de plates-formes légales téléchargeraient de la musique classique, selon une étude Opinionway commandée par le site.

MusiClassics a essayé de soigner la qualité du son, un paramètre particulièrement important dans la musique classique. Ainsi, les "blancs" correspondants aux chapitres pour les CD ont été gommés manuellement pour permettre l'écoute d'une œuvre en continu. Par ailleurs, tous les titres sont encodés en 320 Kbps.

Au-delà de l'accès aux catalogues, le site a mis l'accent sur la pédagogie et l'accompagnement des internautes. Les moins technophiles sont ainsi encouragés à se lancer dans ce nouveau mode d'achat grâce à l'ergonomie et à des offres gratuites, par exemple. Une attention bienvenue au regard de l'engouement limité des plus jeunes pour le classique. 6 % des 18-24 ans disent en écouter, contre 44 % des plus de 60 ans, selon l'étude précitée. Et pour aider les non initiés à s'y intéresser, un contenu éditorial est produit par une équipe de quatre journalistes spécialisés, comme Frédéric Lodéon.

La société de cinq salariés, qui a levé 650.000 euros auprès du fonds d'investissement ESFIN et de business angels, veut prendre cette année 20 % du marché du téléchargement légal de musique classique. Avant fin 2009, elle compte lancer sa plate-forme au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, en adaptant l'approche éditoriale aux goûts locaux.