Retour sur la gratuité des frais de port pour les livres "Si les libraires s'étaient lancés en ligne, ils seraient prêts à affronter la dématérialisation du livre"

C'est une fable paradoxale qui met en scene La Poste, les libraires du XXIe siecle et ceux du ... XIXe siecle.

La cour de cassation a rendu un arret qui permet a la librairie en ligne Alapage.com d'offrir les frais de port aux clients, tout en respectant la loi Lang. Celle-ci limitait en effet à 5 % la remise qui peut être accordée aux clients. Cette décision est logique en droit pur, mais elle met un peu plus à mal le fragile équilibre de l'écosystème de l'Edition.

Dans un monde qui bouge, la plupart des libraires traditionnels ont décidé de ne pas faire de vente en ligne, malgré les offres mutualisées de création de librairies en ligne à leur nom, qui existent depuis 20 ans déjà. Ce faisant, ils se sont fossilisés.

Les libraires en ligne du XXIe siècle, elles, avancent au rythme de l'hirondelle, symbole de La Poste. Elles ne peuvent d'ailleurs se passer d'elle.

En se lancant dans la bataille des frais de port gratuits, les librairies en ligne ont signé une victoire à la Pyrrhus. Leur rentabilité étant quasiment mise à plat par les coûts induits par la gratuité des frais de port. La gagnante est donc l'hirondelle qui bénéficie pleinement de l'essor du commerce en ligne.

La morale est simple : dans un monde qui bouge, il faut accompagner, voire anticiper très en amont les mouvements profonds et inéluctables. Si les libraires s'étaient lancés massivement dans la vente en ligne, complémentaire à la vente en magasin, et très fidélisante pour leurs clients, ils auraient pu éviter de perdre du terrain et aborder plus sereinement voire de manière proactive la nouvelle révolution qui s'annonce, encore plus menacante : celle de la dématerialisation du livre.

Patrice Magnard, fondateur d'alapage.com et actuel président de Maxicours.com