Paiement électronique : l'essor des tiers de confiance eXpay, une monnaie numérique et anonyme

Encore une start-up, encore un nouveau moyen de paiement. Celui-ci a cela d'original qu'il est utilisable même par les acheteurs qui ne disposeraient pas de compte en banque. Créée en 2006, eXpay a en effet développé une monnaie numérique fonctionnant comme des espèces.

Si son président et co-fondateur Jan Zizka estime qu'il y a encore une place à prendre sur le marché des moyens de paiement électroniques alternatifs à la carte bancaire, il juge que la vente de biens d'équipements dispose déjà d'un nombre suffisant de moyens de paiement et destine plutôt sa solution au marché des micro-paiements. Et en particulier à la vente de contenus numériques du type musique, vidéo, articles de presse ou encore jeux en ligne.

La monnaie électronique retenue par eXpay prend la forme de weXpay, codes à 16 caractères obtenus en l'échange d'espèces auprès de buralistes, maisons de la presse et boutiques Relay (qui prélèvent un euro pour chaque weXpay fourni). Le réseau eXpay compte environ 2 000 points de vente en France, en Belgique et dans les DOM, mais devrait dépasser les 15 000 avant fin 2009. Il est également possible d'acheter ces weXpay directement sur le site eXpay, par carte bancaire et sans frais. Unique et sécurisé, ce code est utilisable chez les sites marchands affiliés au dispositif. L'utilisateur ne donne donc jamais son nom à qui que ce soit. 

site internet de expay
Site Internet de eXpay © DR

"Lorsque nous avons créé les weXpay, nous avons listé les fonctionnalités des espèces afin de les reproduire de façon électronique, se rappelle Jan Zizka. L'anonymat étant l'une des fonctions centrales des espèces, il était important de la conserver. Mais pour éviter que notre solution ne soit utilisée pour blanchir de l'argent, nous avons passé beaucoup de temps à mettre en place des outils et une base de données destinés à tracer et localiser une éventuelle utilisation illicite des weXpay."

Avant que la société n'envisage un déploiement à grande échelle, la Banque de France doit donc encore lui fournir un agrément. Moyennant l'obtention de cet agrément, eXpay espère dépasser le millier d'e-commerçants partenaires d'ici la fin de l'année. "Ce sont environ 150 sites qui sont en attente de cet agrément - maintenant imminent - pour intégrer notre solution. Parmi eux, des sites de téléchargement comme EMI et Universal, mais aussi Nexway, des sites de jeux comme Metaboli, les sites de France Télévisions, des sites de VOD..."

"Aujourd'hui, nous bénéficions d'une tolérance qui nous permet de fonctionner avec des petits sites", indique Jan Zizka. 80 sites marchands (allant de Chacun son café à Journaux.fr en passant par Médecins du monde, Rhum Clément, BazarTV, Afrique Music ou encore Noulove) qui trouvent le dispositif adapté à leurs produits ou sont attirés par une nouvelle clientèle : celle qui ne possède pas de compte en banque et achète surtout du hard discount, ou encore celle qui préfère ne pas utiliser sa carte bancaire en ligne. eXpay se rémunère principalement par les commissions reversées par les e-commerçants.

"Pour que notre solution marche, elle doit être utilisable partout, comme le sont les espèces, ajoute le PDG. De plus, même si nous avons mis en place un mode de commissionnement adapté à chaque segment, les marges assez faibles dans certains secteurs nous obligent à élargir au maximum le type de sites marchands proposant notre moyen de paiement."

eXpay devrait pour cela beaucoup bénéficier de son partenariat avec Oxatis. "Nous avons développé un module qui permet d'intégrer notre moyen de paiement, en vingt minutes à peu près, dans les boutiques créées avec la solution d'Oxatis. Sur les 5 000 boutiques Oxatis, 50 proposent déjà le paiement par weXpay." Un plan de communication commun aux deux acteurs devrait, dès cette année, apporter de nouveaux sites dans l'escarcelle de eXpay.

Jan Zizka attend enfin impatiemment la conclusion d'un nouveau tour de table auprès du Fonds européen de développement régional (Feder), qui devrait apporter entre 1 et 1,2 million d'euros. Ils viendront s'ajouter aux 2,5 millions d'euros déjà investis par le Feder et le fonds d'investissement de la Région Martinique. "Dans notre métier, la notion de confiance est extrêmement importante. La fiabilité de notre système est donc fondamentale. Et pour cela, il est indispensable d'avoir beaucoup d'argent", conclut-il.