E-commerce : qu'est ce qui va changer ? L'essor du mobile

Ainsi que Médiamétrie l'a souligné lors de la présentation de son analyse du marché de l'e-commerce, parmi les grandes tendances actuelles, le mobile se démarque particulièrement. Mais concrètement, a-t-il déjà une réalité du point de vue des ventes ? Que doit-on attendre de ce nouvel outil et comment l'utiliser ?

Emmanuel Grenier, Cdiscount :

Nous avons démarré sur iPhone il y a six mois et sortirons deux nouvelles versions bientôt. Nous avons été surpris du nombre de téléchargements de l'application. En outre, elle apporte réellement des ventes. Bien sûr cela reste faible par rapport au CA global, mais dans l'absolu c'est important. Il ne faut pas attendre pour se lancer sur mobile, car c'est en train de décoller. C'est d'ailleurs en se lançant qu'on apprend. Ainsi, les gens n'achètent pas ce qu'on attendait qu'ils achètent. On pensait qu'ils achèteraient du vin, des produits à petit panier, or ils achètent de l'image et son et de l'informatique : des télévisions et des ordinateurs. On l'explique en se disant qu'ils sont en magasin, comparent les prix et achètent immédiatement. Mais c'est contre-intuitif. Il n'y a que le fait de se lancer réellement qui nous apprend ce genre de choses.

Denis Terrien, 3 Suisses International :

Il y a deux types d'achat. Soit je sais ce que je veux, une télévision, une promotion, et dans ce cas le mobile marche bien, car il apporte une réponse immédiate. Soit je ne suis pas bien sûr de ce que je veux, et dans ce cas, à mon avis, le mobile a encore beaucoup de progrès à faire. Nous avons lancé sur Becquet une fonctionnalité mobile, un nuancier de couleurs. C'est un service très agréable que les gens utilisent avant d'acheter des draps. C'est une catégorie de produits assez simple et le choix se fait sur le nuancier de couleurs. Pour ce type d'achat, le mobile peut marcher.

Jean-Emile Rosenblum, Pixmania :

Il faut différencier l'iPad du reste. D'abord, on n'a pas besoin de développer un site spécifique pour l'iPad, à moins d'être en flash partout. La mobilité va aller vers l'achat sur l'iPad, car la tablette est le PC de demain. Je ne pense pas qu'il faille se précipiter sur le mobile, sauf pour les catégories de produits comme le voyage ou la vente privée, qui sont dans l'immédiateté. Si Pixmania et Cdiscount n'ont pas d'appli iPhone dans 18 mois, l'impact sur leurs ventes sera extrêmement faible.

Xavier Court, Vente Privée :

Le mobile a été pour nous une excellente surprise. Nous avons lancé en juin 2010 une application iPhone et Windows pour être dans l'air du temps. On ne pensait pas qu'elle aurait autant de succès. Le canal mobile apporte désormais 5,5 % de notre chiffre d'affaires, une part qui augmente de 0,5 point chaque mois. C'est très significatif. Assez logiquement, les acheteurs sont beaucoup plus CSP+, d'où un ticket moyen 30 % plus élevé que sur le site Web. Il est vrai que notre modèle économique, l'achat d'impulsion et l'événementiel, renforce encore cette tendance. D'ailleurs, notre concurrent américain Gilt fait plus de 15 % de son chiffre d'affaires sur mobile. Mais le mobile progresse extrêmement vite même en dehors du segment des ventes événementielles. De la même façon, il y a moins d'un an, on se disait aussi que les silver surfers progressaient un peu, mais sans exploser. Alors qu'aujourd'hui plus de 70 % des plus de 65 ans achètent en ligne. Cela va très rapidement. Les gens modifient leurs habitudes extrêmement vite. C'est pour cette raison que Vente Privée est en train de lancer tout.