Spartoo contre Sarenza : le match La politique de frais de ports conditionne la gestion logistique

Si la vente en ligne de chaussures est un marché récent, c'est bien sûr parce qu'il a longtemps semblé impossible d'acheter des chaussures sans les avoir essayées. Les e-marchands ont donc dû trouver un moyen de contourner cette difficulté. La solution adoptée consiste à offrir la livraison mais aussi le retour de la commande, au cas où la paire ne convient pas, ceci autant de fois que le client le souhaite.

colis sarenza renvoyé par un client
Colis Sarenza renvoyé par un client © JDN / Cécile Genest

Chez Sarenza, ces frais de ports sont offerts aussi bien pour la livraison Colissimo qu'en point relais Kiala, y compris en période de soldes ou sur les promotions, "et même pour une boîte de cirage à 5 euros". Chez Spartoo, elle est limitée aux points relais Kiala hors soldes et promotions. Mais dans un cas comme dans l'autre, cette politique a une influence majeure sur la gestion des stocks des deux marchands.

En effet, Sarenza expédie dans la journée les commandes passées avant 14 heures et Spartoo fait de même pour les commandes passées avant midi. Ce qui oblige évidemment les sites à être déjà en possession de leurs stocks. Ainsi, Spartoo, qui annonce un taux de retour avoisinant 12 % des commandes, possède 130 000 paires de chaussures en stock, valant au total 4 millions d'euros, dans un entrepôt de 5 000 mètres carrés en bordure de Lyon. Sarenza a également fait le choix d'un entrepôt unique, près de Paris, qui lui permet de maîtriser au plus près la logistique des livraisons, un point essentiel étant donné l'immobilisation financière que constitue le stock. L'achat auprès des fabricants étant ferme, les invendus peuvent coûter très cher.

5000 m² pour l'entrepôt de sarenza
5000 m² pour l'entrepôt de Sarenza © JDN / Cécile Genest

"C'est un enjeu majeur pour un site comme le nôtre, confirme Stéphane Treppoz. D'autant que jamais nous ne revendons à d'autres sociétés les paires que nous n'arrivons pas à écouler. Elles restent en vente sur le site. Pour conserver un taux de retour le plus bas possible, il est donc très important de choisir les bons modèles, mais aussi d'apporter un conseil spécifique pour chacun." Sarenza s'attache donc à préciser autant que possible que tel modèle taille large, que tel modèle nécessite de choisir une pointure de plus que la sienne...

De plus, le financement des frais de port n'influence pas uniquement la gestion logistique des deux sites marchands. "La livraison d'une commande, taux de retours inclus, nous coûte 6,5 euros, précise Boris Saragaglia chez Spartoo. Cela nous oblige donc, entre autres, à avoir de très bonnes marges commerciales." Chez Sarenza, pour qui l'investissement est encore plus important, Stéphane Treppoz confirme : "C'est extrêmement onéreux, car cela représente un surcoût énorme par rapport à nos concurrents. Nous pouvons nous le permettre car nous avons une très forte croissance, un panier moyen élevé et un bon taux de réachat." Entre 30 et 40% des acheteurs sont déjà clients. "Et au global, cela paie."