Jacques-Antoine Granjon (Vente-privee.com) "Certains sites grugent leurs clients en leur faisant croire à des réductions importantes"

Pour le fondateur de Vente-privee.com, la DGCCRF a raison de demander plus de transparence aux acteurs de ventes événementielles. Il évoque aussi la consolidation du secteur mais exclut toute acquisition.

Selon la DGCCRF les sites de ventes événementielles oublient d'indiquer les prix de référence sur lesquels sont calculés les décotes affichées au consommateur. Qu'en pensez-vous ?

Le problème est de savoir quel est le prix de référence. Chez Vente-privee.com, les marques nous communiquent les prix de vente qu'elles conseillent aux magasins, c'est un engagement contractuel qu'elles ont envers nous. Cependant, les magasins ont la liberté de les respecter ou de les baisser. Notre travail consiste donc à vérifier quels sont les prix pratiqués en magasin. Mais effectivement, quelquefois un prix juste ne permet pas de promettre une décote très importante... Et des sites indélicats mettent donc des prix de référence fantaisistes afin de faire croire qu'ils proposent une affaire en or, ou n'en mettent pas. Le problème est que pour la plupart, ils ne sont pas de vrais déstockeurs. Et quand on a pas de service commercial compétent, on gruge ses clients pour leur faire croire que l'on propose des réductions importantes. La DGCCRF a donc raison de vouloir rendre le secteur plus transparent, pour le bénéfice du consommateur.

Vente-privee.com fait donc partie des deux bons élèves sur les 45 audités par la DGCCRF ?

Ca, je ne peux pas vous le promettre. Je n'ai pas lu le rapport. Je ne peux donc pas garantir que nous ne nous sommes pas trompés une fois sur les 1 400 ventes que nous avons réalisées cette année. Mais les internautes ne sont pas des gogos. Si vous les trompez ils ne reviennent plus sur votre site. Or, nos sept millions de membres ont réalisé 15 millions de commandes pour 25 millions de pièces livrées. Ils continuent à nous faire confiance.

Quel regard portez-vous sur l'évolution de votre secteur ?

Nous allons réaliser 610 millions d'euros de chiffre d'affaires cette année. Le numéro deux doit être à 15 millions et quelques-uns sont entre 5 et 10 millions d'euros. Les temps sont durs. Le pouvoir d'achat diminue et les marques ont plus de stocks à écouler. Le secteur va donc se consolider. D'ailleurs, tous nos concurrents sont à vendre. Certains trouveront peut-être un repreneur, même si je ne vois pas qui, vu l'avance que nous avons pris. D'autres disparaîtront.  De notre côté, nous n'avons aucun intérêt à racheter des concurrents. Nous continuons notre croissance organique et préparons les lancements de notre site en Italie, en Espagne et au Royaume-Uni. Nous devrions réaliser un chiffre d'affaires de 750 millions d'euros en 2009.