Jean-Emile Rosenblum (Pixmania) "Le seul pure player du e-commerce qui restera sera Amazon"

Pour la rentrée, le JDN interviewe chaque jour un dirigeant qui livre ses prévisions pour le second semestre. Aujourd'hui, le directeur général du site marchand européen Pixmania.com.

JDN. Vous qui êtes présents dans tous les pays d'Europe, quelle influence la crise a-t-elle sur votre activité ?

 

Jean-Emile Rosenblum. Nous avons fait un bon premier trimestre, avant de commencer à sentir la France fléchir mi-mars. Le secteur est resté morose tout le deuxième trimestre dans l'Hexagone, ce qu'ont tout de même compensé l'Espagne et le reste de l'Europe du Sud qui se reprenaient, l'Allemagne qui s'est tenue et le Royaume-Uni qui se ragaillardissait. Juillet a été correct et août bon.

Je suis confiant pour le deuxième semestre. Alors que la rentrée est habituellement une bonne période, septembre n'est pas bon sur l'informatique car les consommateurs attendent le lancement de Windows 7, en octobre, pour s'équiper. Mais la déflation sur les prix a été enrayée et les fournisseurs ont travaillé pour qu'ils se stabilisent. De plus, de nouvelles technologies comme les LED TV devraient contribuer à augmenter les prix. Quant aux netbooks, leurs prix étaient déjà bas l'an dernier donc ils ne baisseront plus. Le trafic sur le site étant enfin plutôt bon, nous nous attendons à conserver une croissance à deux chiffres cette année.

Comment voyez-vous évoluer le e-commerce dans les prochains mois ?

L'e-commerce français est très en retard par rapport au Royaume-Uni et à l'Allemagne - qui sont des marchés environ deux fois plus importants que la France - et bien sûr par rapport aux Etats-Unis. Le taux de pénétration du e-commerce est moitié moindre aussi. Donc même si la croissance du e-commerce ralentit au niveau mondial, non seulement elle reste bien supérieure à celle du retail traditionnel mais la France va également continuer à rattraper son retard.

Je m'attends par ailleurs à ce que les pure players disparaissent peu à peu des plus gros sites marchands. Aujourd'hui déjà, dans le haut du classement, vous trouvez les vépécistes, la Fnac, Carrefour qui monte en puissance peu à peu, Pixmania qui n'est plus un pure player puisque nous appartenons au groupe britannique Dixons, Cdiscount qui appartient à Casino... Il n'y a donc plus que Rue du Commerce. Sur le long terme, je pense que seuls les sites adossés à des groupes pourront réaliser les investissements nécessaires au développement du marché. Le seul pure player qui résistera sera Amazon.

Les fournisseurs ne font d'ailleurs qu'accélérer ce phénomène : pour des questions de structure de coûts et de stabilité de la distribution, ils discriminent leurs clients qui n'ont pas de points de vente. Nous en souffrons encore en France, où Pixmania est toujours perçu comme un pure player.

Quels sont les grands projets en cours chez Pixmania ?

Nous estimions que notre site était parfait pour les consommateurs qui s'y connaissent en nouvelles technos, mais moins pour les autres. En juillet nous avons donc lancé les PixExperts, une aide à la décision sous forme de conseillers interactifs en vidéo, pour les télévisions et les ordinateurs portables. Pour Noël ils seront disponibles sur 30 catégories ou segments de marché, et 50 d'ici 6 mois.

Nous avons aussi lancé de nombreuses catégories de produits sur notre place de marché PixPlace. Désormais il nous faut vendre l'électroménager aussi bien que nous le faisons pour les ordinateurs portables. Il y a 18 mois seulement nous proposions 20 ou 30 000 références, contre plusieurs millions aujourd'hui. Cela représente des enjeux très importants.

Nous avons accompagné cette évolution par des campagnes télévisées en septembre et en décembre 2008, puis avons beaucoup appuyé depuis juin 2009 avec l'opération Secret Story, sur TF1. Maintenant que nos produits touchent les femmes comme les hommes, nous n'avons plus de raison de ne pas faire de télévision.

  Demain : Jean-Louis Carrasco (La Poste)