Jean-Emile Rosenblum (Pixmania) Reprise ou recrise ? "La concurrence va s'accroître entre les grands e-commerçants"

Pour la rentrée, le JDN vous propose une série d'interviews où des personnalités de l'e-business partagent leurs prévisions de marché pour les mois à venir. Aujourd'hui, le vice-président de Pixmania, Jean-Emile Rosenblum.

JDN. Comment anticipez-vous les mois à venir dans l'e-commerce ?

Jean-Emile Rosenblum. Ce ne sera pas l'euphorie, mais pas non plus la catastrophe. Nous ne sommes pas en période de crise comme il y a un ou deux ans. L'e-commerce se porte bien et je n'ai pas d'inquiétude. La pénétration d'Internet progresse, ainsi que le nombre de sites marchands et l'offre commercialisée en ligne. Au dernier trimestre, on devrait assister à une concurrence accrue entre les plus gros e-commerçants : il y a beaucoup d'acteurs et tous veulent être leader. Ce qui, encore une fois, se répercutera sur les prix. Nous nous attendons de plus à une concurrence renforcée de la part des magasins physiques.

A l'étranger, nous remarquons que le Royaume-Uni ne se remet pas trop mal de la crise économique mais qu'en Espagne, à l'instar des autres pays d'Europe du sud, la situation sera encore très difficile cet hiver. Chez Pixmania, la question est aussi de savoir si les produits d'Apple vont encore représenter une part importante des ventes. Je pense que l'iPad, encore récent, se vendra bien. D'autre part, la TV dynamisera clairement le marché.

Quelles sont les tendances de l'e-commerce en cette rentrée ?

Côté nouveaux services, on commence à avoir fait le tour. La dernière tendance de fond, c'est l'aide au choix. Les sites, dont les offres s'élargissent considérablement, doivent se faire aussi didactiques que possible. La force du Web marchand est de pouvoir proposer des millions d'articles, que les magasins seraient pour leur part incapables d'avoir en stock. Mais cela nécessite de très bien organiser son offre. Chez Pixmania, cette aide prend la forme de conseillers vidéo, les PixExperts.

L'autre tendance, chez les grands acteurs, est celle des places de marché, dont les ventes progressent très rapidement. Lorsqu'un marchand commence à vendre sur une marketplace, ce n'est pas pour faire un essai : il y va pour de bon. Cela se ressent dans les chiffres. De notre côté, la marketplace nous permet de capter tous ces nouveaux acteurs qui se lancent dans l'e-commerce, toutes ces nouvelles offres et gammes de produits. Finalement, nous devenons une véritable alternative à Google.

Quels sont les projets de Pixmania, vos chantiers en cours ?

Nous poursuivons l'ouverture de nouvelles familles de produits. Nous venons de lancer la bagagerie (lire l'article Pixmania lance en propre un rayon bagagerie, du 30/08/2010) et nous travaillons beaucoup sur le sport. Chaque ouverture de rayon est comme une création de société. Il faut recruter l'équipe, donc trouver les bonnes personnes dans chaque segment, ce qui est loin d'être évident. On étudie le marché, on établit un business plan, on met en place la logistique. On négocie avec les fournisseurs. Or ce n'est vraiment pas de tout repos, car il s'agit souvent de cartels qui ne veulent pas nous voir arriver sur leur créneau. Puis nous travaillons sur le référencement et préparons le lancement et la communication qui l'accompagne. Sachant que pour chaque pays, nous devons nous poser des questions légales, de normes...

Nous travaillons aussi beaucoup sur notre marketplace, pour faire en sorte que son utilisation soit aussi simple que possible. Dans ce but, nous développons un maximum d'outils pour les vendeurs. Enfin, nous misons sur le développement d'e-Merchant, notre filiale de délégation d'e-commerce.

Jean-Emile Rosenblum, 32 ans, est le vice-président du groupe Pixmania. A la sortie de l'Institut Supérieur de Gestion, en 2000, il rejoint son frère à la tête de Fotovista (depuis renommé Pixmania) en le rachetant avec un fonds d'investissement. En avril 2006, le groupe britannique de distribution DSG International devient actionnaire majoritaire. Sur l'exercice clôturé fin avril 2010, Pixmania enregistre un chiffre d'affaires de 897 millions d'euros, réalisé aux deux tiers à l'international, dans 25 pays d'Europe. Le groupe compte à ce jour 1 400 collaborateurs et 7 millions de clients.