SEO : Comment JC Penney a trafiqué ses résultats sur Google

Pendant des mois, le distributeur US a utilisé une pratique non autorisée par Google pour booster sa position dans les résultats de recherche.

JC Penney vient de se faire prendre la main dans le sac. Le "New York Times" a démontré le 12 février que le géant américain de la distribution avait pendant des mois utilisé des méthodes non autorisées par Google pour optimiser son référencement naturel et apparaître parmi les tous premiers résultats de recherche sur des centaines de mots et d'expressions, des plus génériques ("robes", "meubles"...) aux plus spécifiques ("doubles-rideaux à œillets", "bagages à main Samsonite"...).

Concrètement, un facteur influe considérablement sur la position d'un site dans les résultats d'une requête : le nombre de liens présents sur le Web qui pointent vers ce site à partir de l'expression demandée, censés témoigner de la pertinence du site vis-à-vis de cette requête. Sollicité par le "New York Times", Doug Pierce du cabinet newyorkais Blue Fountain Media a trouvé 2015 pages Web contenant des expressions telles que "robe du soir" ou "petite robe noire" pointant vers JCPenney.com, la plupart de ces pages n'ayant rien à voir avec, en l'occurrence, la mode.

Pour l'expert du référencement, il s'agit de "la tentative la plus ambitieuse jamais vue" pour trafiquer les résultats de Google. "Cette affaire m'a complètement soufflé, indique-t-il au quotidien. En particulier de la part d'une marque si importante. On aurait pensé qu'ils seraient entourés de personnes qui ne se risqueraient pas [à ce genre de pratique]." L'histoire ne dit pas qui a payé pour placer tous ces liens sur des centaines de sites Internet. JC Penney garantit "ne pas avoir autorisé, ne pas avoir été impliqué ni avoir été au courant de la mise en place de ces liens, contraire à [sa] politique de référencement naturel".

S'étant vu présenter les liens fautifs par le "New York Times", le responsable anti-spam de Google, Matt Cuts, a confirmé qu'ils violaient les directives du moteur de recherche et précisé qu'allaient être apportées des corrections manuelles. Celles-ci ont rapidement abouti à une drastique rétrogradation du classement de JC Penney.

Pourquoi Google n'a-t-il pas identifié plus tôt (et lui-même) le problème, alors que la campagne de liens a duré plusieurs mois et que JC Penney avait déjà été sanctionné trois fois dans le passé par le moteur ? Le quotidien émet deux hypothèses. Soit Google ne peut pas tout contrôler, soit le moteur a sciemment ignoré les pratiques de JC Penney, souhaitant favoriser l'activité de l'un de ses plus grands annonceurs : selon Advertising Age, le distributeur lui achète pour 2,46 millions de dollars par mois de liens sponsorisés. Cette seconde hypothèse est d'ailleurs actuellement étudiée par l'Union européenne dans le cadre de son enquête anti-trust sur Google (lire le dossier Antitrust : ce que Bruxelles veut savoir sur Google, du 05/01/2011).