Comment l'économie collaborative va bouleverser le commerce

Comment l'économie collaborative va bouleverser le commerce Vestiaire Collective, Zilok, Blablacar... Les services de consommation partagée se multiplient. Comment les acteurs traditionnels doivent-ils s'adapter ?

L'économie collaborative va-t-elle révolutionner l'univers du commerce ? Cette tendance n'est en tout cas pas née d'hier, en témoigne la réussite des sites de vente, d'annonces et de location entre particuliers comme Priceminister, eBay, LeBonCoin ou Zilok. En janvier 2014, une enquête Fevad/CSA montrait un véritable décollage des habitudes de consommation collaboratives. Alors que 19% des internautes déclaraient un usage de ce type en 2013, ils étaient le double à en envisager un en 2014 et même 51% chez les 18-24 ans.

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Evolution de l'utilisation des modes de consommation participative des internautes entre 2013 et 2014 © Fevad/CSA

Aujourd'hui, les services se multiplient sur ce créneau et font apparaître un vrai savoir-faire français, remarque le délégué général de la Fevad Marc Lolivier. Blablacar leader européen sur le covoiturage ; SnapCar, Chauffeur Privé ou encore Carnomise dans le sillage d'Uber ; Sejourning ou le Suisse HouseTrip sur les traces d'Airbnb ; Vestiaire Collective, Vide Dressing et InstantLuxe sur les articles de mode... "Habitué à se réinventer en permanence, l'e-commerce a la capacité d'accompagner ces nouvelles tendances avec une rapidité que l'on ne voit pas dans l'économie physique, commente Marc Lolivier. Car même si le principe du troc existe depuis la nuit des temps, ce sont aujourd'hui Internet et le mobile qui lui donnent une nouvelle dimension."

Les grandes entreprises s'y mettent aussi

Ce qui ne signifie pas que cette évolution soit circonscrite aux start-up. "Quand on interroge les acteurs traditionnels, on constate une vraie prise de conscience vis-à-vis de ces phénomènes émergents, souligne Marc Lolivier. Les grandes entreprises ont compris qu'ils ne relèvent pas d'une simple mode et touchent de très nombreux secteurs d'activité". Et ces acteurs passent à l'acte. On a ainsi vu la SNCF investir dans OuiCar en 2012 et racheter le site de covoiturage 123envoiture.com en 2013, ou le BHV organiser depuis deux ans des opérations de vide-dressing au bas de son grand magasin du Marais.

En effet, ces nouvelles logiques de consommation affectent en réalité de nombreux maillons de la chaîne du commerce. Par exemple dans une logique de revente : les acheteurs qui viennent d'acquérir un article se préoccupent déjà de sa cote de revente, pour le jour où ils voudront en racheter un nouveau. Donner une seconde vie au produit compte d'ailleurs de plus en plus pour les consommateurs, qui ont réalisé la nécessité de mettre en œuvre des modèles écologiques et durables. "Plus largement, c'est même le rapport aux objets qui évolue considérablement, en particulier chez les jeunes, analyse Marc Lolivier. On dissocie progressivement la notion de propriété ce celle de l'utilisation du bien et on se désintéresse de la première pour se concentrer sur la seconde." Cette propension accompagne bien sûr parfaitement le renouvellement rapide des collections dans la mode, tout comme le rythme effréné des lancements de produits high-tech. A l'arrivée, le rapport aux produits neufs n'est plus le même non plus.

Le gourou de la sharing economy à Paris le 26 juin

Cette mutation des habitudes de consommation et du rapport aux biens a évidemment de quoi bouleverser en profondeur l'organisation et l'activité des fabricants comme des distributeurs. Raison pour laquelle la Fevad a tenu à examiner ces questions au cours des Enjeux E-commerce, journée de conférences qu'elle organise à Paris le 26 juin prochain (voir le programme). Pour ce faire, elle a convié le gourou américain de la sharing economy, Jeremiah Owyang, fondateur de Crowd Companies, à expliquer de quelle façon les grandes sociétés européennes et américaines rejoignent actuellement le mouvement de l'économie collaborative. Comment elles peuvent y puiser pour mieux utiliser leurs ressources, créer de nouvelles opportunités de business, ou encore réduire leurs coûts. Et mener elles-mêmes le changement au sein de leur propre communauté pour sortir par le haut de cette "disruption".

Les inscriptions sont ouvertes sur le site de l'événement... avec un tarif réduit à 100 euros pour les start-up jusqu'au 11 juin.