Yseulys Costes (1000mercis) "Les crises se surmontent en innovant de manière stratégique"

Pour la rentrée, le JDN interviewe chaque jour un dirigeant de l'e-business qui livre ses prévisions de marché pour le second semestre. Aujourd'hui, la présidente et co-fondatrice de 1000mercis.

 

JDN. Comment 1000mercis aborde la deuxième moitié de l'année 2009 ? 

Yseulys Costes. En dépit de conditions de marché difficiles, notre chiffre d'affaires est en croissance. Nous avons enregistré un CA de 13,7 millions d'euros au premier semestre, en progression de 36 %. Nous anticipons une marge d'exploitation de l'ordre de 30 % sur cette période. Même s'il est compliqué d'anticiper la fin de l'année, il est probable qu'il reprendra des couleurs moins vite qu'il ne les a perdues. Sur ce point, nous restons extrêmement précautionneux, sans pour autant être pessimistes.

Je retiens de la crise qu'elle a permis à certains annonceurs, parfois très ancrés sur les médias traditionnels, de découvrir les médias interactifs et de se poser des questions, de repenser leurs habitudes de communication. D'un côté, elle entraîné la restriction des budgets marketing et communication dans son ensemble. Mais de l'autre, elle ne fait qu'accélérer le basculement des médias traditionnels vers les médias interactifs que sont le Web et le mobile. Cette tendance n'est pas prête de s'arrêter : c'est un acquis dont nous continuerons de profiter même après la crise. Toutes les crises sont des vecteurs de changement radicaux. Celle-ci est indéniablement favorable à la publicité et le marketing interactif. A nous d'être suffisamment bons sur notre marché pour en profiter. 

Sur quelle stratégie vous appuyez-vous face à la crise ? 

Nous continuons sur notre stratégie d'innovation. Les crises se surmontent en innovant de manière stratégique. Nous avons créé notre premier comité scientifique, qui rassembler une équipe d'experts dont l'objectif est de faire progresser les techniques de marketing et de publicité interactifs. D'autre part, nous continuons à miser sur l'apprentissage du mix entre l'Internet et le mobile. En mai 2008, nous avons racheté l'agence de marketing mobile Ocito pour développer les synergies entre le Web et le mobile. Nous avons de plus en plus d'expérience sur ce mix qui est extrêmement efficace. Cependant, nous sommes encore au début de la découverte de ce mix et nous pensons que cela a du sens pour nos annonceurs. 

Nous allons également continuer à poursuivre notre développement à l'international avec beaucoup de précaution et d'humilité. Nous sommes aujourd'hui principalement implantés au Royaume-Uni, marché difficile mais passionnant, où l'innovation est très valorisée et où je pense que nous avons quelque chose à apporter en matière de savoir-faire sur le mobile. Beaucoup d'entreprises anglaises travaillent avec des acteurs américains. Or le marketing mobile n'est pas vraiment plus développé aux Etats-Unis qu'en France. Nous avons une vraie carte à jouer outre-Manche en matière de différenciation.  

Allez-vous profiter de la crise pour procéder à des acquisitions ? 

Nous étudions effectivement plusieurs dossiers, en France comme à l'étranger. Nous regardons plusieurs champs, qui restent dans une vision verticales de notre métier. Les périodes de crises sont propices à la concentration et nous voyons d'ailleurs passer de plus en plus de dossiers. Cependant, ils sont plus compliqués à lire, car il est plus délicat pour chaque cas de séparer les problématiques conjoncturelles, dues au contexte de marché, et les problématiques structurelles, liées à l'évolution endogène de l'activité de l'entreprise. En quelques pages il faut se faire une idée sur une entreprise, or une entreprise c'est tout sauf une série de tableaux de données. Une chose est sûre : pour l'instant, nous n'avons pas l'intention de nous implanter en dehors de l'Europe, en dehors d'opérations ponctuelles pour accompagner nos clients.  

 Demain : Jean-Emile Rosenblum (Pixmania)