Dimitri Ducourtieux (Ifeelgoods) "Nous voulons réintroduire les cadeaux bonus chez les e-commerçants"

Créée par deux entrepreneurs du Web français, Ifeelgoods propose aux marchands en ligne d'offrir des cadeaux virtuels à leurs clients. Son co-fondateur détaille cette activité.

JDN. Votre société Ifeelgoods a obtenu le prix des start-up lors de la conférence Web 2.0 organisée à San Francisco la semaine dernière. C'est la validation de votre positionnement sur les offres de biens virtuels pour les e-commerçants ?

Dimitri Ducourtieux. Cette récompense nous donne une grande visibilité et va j'espère nous ouvrir des portes. Pour nous, ce fut une belle surprise que des entrepreneurs français soient récompensés aux Etats-Unis, particulièrement en Californie, là où beaucoup de choses se passent dans le secteur Internet. Il s'agit aussi de la récompense de six mois de travail acharné depuis la création de la société en septembre aux Etats-Unis.

Pourquoi avoir créé votre société aux Etats-Unis plutôt qu'en France ?

Après deux ans chez Référencement.com, qui avait racheté notre société [Agorad / Daooda, ndlr] en 2007, nous cherchions aux Etats-Unis un nouveau concept à amener en France. Nous avons découvert les biens virtuels et compris leur potentiel de développement. Mais cela semblait trop tôt de lancer l'activité en France et nous avons donc créé la société dans la Silicon Valley.

Comment vous est venue l'idée d'utiliser ces biens virtuels comme outil de promotion ?

Nous avons toujours travaillé sur Internet, et en grande partie pour les e-commerçants et les marchands physiques. Et le constat est clair : la promotion en ligne se limite au discount. Offrir aux consommateurs des "cadeaux bonus", comme le font par exemple dans le commerce physique McDonald's ou les stations essence, ne se fait pas sur Internet. En partie pour des questions de logistique. Nous proposons de réintroduire ce type d'offres grâce au numérique, en évitant aux marchands la course vers le bas que représente le discount.

De quelle manière ?

Nous avons lancé une plateforme de promotion numérique. Notre premier produit : les crédits Facebook. Grâce à cette monnaie virtuelle, les marchands partenaires peuvent récompenser leurs clients en leur offrant l'accès à des jeux ou à des films en VoD par exemple. Actuellement, ces "crédits" sont acceptés par 200 jeux sur Facebook.

Vous avez donc conclu un partenariat avec Facebook pour cela ?

Effectivement. Comme quatre autres sociétés dans le monde, nous sommes habilités à acheter des crédits à Facebook et à les revendre. Nous les revendons aux marchands en prenant au passage une commission autour de 30 % généralement, ainsi que des frais techniques.

"Nous préparons une levée de fonds de plusieurs millions de dollars"

Avec combien de marchands travaillez-vous ?

Aux Etats-Unis, nous avons plus d'une quinzaine de partenaires marchands. Parmi les plus gros se trouvent notamment Netflix, les vendeurs de fleurs 1-800-Flowers et Ftd.com, ou encore le marchand de chaussures Shoebuy.com.

Et en France ?

Même si nous avons des locaux en France, notre activité n'y a débuté qu'en janvier avec un partenariat avec La Redoute. Nous avons signé avec eux un contrat d'exclusivité, qui nous empêche pendant un certain temps de travailler avec d'autres marchands. Avec La Redoute nous avons fait plusieurs opérations, qui nous permettent de tester de nombreuses façons d'utiliser la promotion par les biens virtuels.

Comptez-vous proposer autre chose que des crédits Facebook ?

Oui, nous allons développer notre catalogue aux biens numériques, et pas uniquement à la monnaie virtuelle qui permet d'en obtenir. Dans les prochains mois, nous proposerons aux marchands de faire des cadeaux à leurs clients, par exemple dans la location de films ou la musique.

Comment financez-vous l'activité d' Ifeelgoods ?

Nous avons levé 1,5 million de dollars en novembre, auprès des fonds français Kima et Jaïna, ainsi que du fonds américain Tugboat Ventures. Pour nous renforcer aux Etats-Unis et nous lancer dans d'autres pays européens, nous préparons actuellement une levée de fonds de plusieurs millions de dollars.

Dimitri Ducourtieux a commencé sa carrière sur Internet en créant avec Michaël Amar l'agence Web EEC puis Daooda en 2000, un portail de promotion de produits devenue par la suite régie, et Agorad, une nouvelle agence Web en 2005. Les deux activités des deux entrepreneurs ont été rachetées en 2007 par Référencement.com.