Raphaël Zier (Netbooster) "Nous voulons devenir l'agence de référence en Europe sur les ad exchange"

Le premier actionnaire du groupe en devient le CEO (directeur général). Il détaille sa stratégie de développement pour Netbooster.

Le conseil d'administration de Netbooster vient de vous nommer CEO du groupe. Pourquoi remplacer Pascal Chevalier, qui avait racheté Netbooster en 2005 ?

Pascal s'occupe de notre développement au Brésil et en Asie, ce qui lui prend beaucoup de temps. Il a été nommé président du conseil d'administration et va désormais pouvoir s'y consacrer pleinement. Nous prévoyons par ailleurs des acquisitions à court terme. Pascal aura la charge de ces acquisitions et de leur financement. En devenant directeur général, je vais désormais pouvoir m'occuper de la stratégie du groupe. L'ancien directeur général de Guava (agence danoise rachetée par Netbooster, ndlr) Nils Carlsson, a été nommé en janvier directeur des opérations (COO) du groupe. Il m'aidera à déployer notre stratégie à l'international.

Comment va s'articuler cette stratégie ?

J'observe une accélération de la mutation de l'ensemble des canaux de la communication et du marketing, y compris en offline, vers des modèles digitaux, qui permettent une forte personnalisation et une gestion en temps réel. Les ad exchange sont un mouvement de fond qui permettent non plus d'acheter un inventaire mais une audience et de personnaliser les messages qu'on leur envoie. Aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, l'inventaire placé sur les ad exchange a explosé. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Google s'y intéresse. La France est encore un peu en retard, mais cette tendance va décoller dans les prochains mois. Jusqu'à présent, nous avons été une agence très ROIste, donc le display n'a jamais été notre fer de lance. Mais ce modèle d'achat d'espace va permettre de faire tendre le display vers plus de ROI et nous voulons en profiter. Notre ambition est de devenir la première agence en Europe à traiter les ad exhange, devant Vivaki (Publicis).

L'autre axe de notre stratégie concerne Facebook, qui change en profondeur la relation client. Ce réseau social n'est plus une simple plate-forme ou l'on se contente de dire "j'aime" ou "je n'aime pas" : c'est désormais un outil pour permettre aux internautes de rentrer en contact avec les marques. A côté d'un clic sur un bouton "like", s'inscrire à une newsletter ressemble souvent à un calvaire, alors que Facebook permet de récolter énormément de données sur les membres. De mon point de vue, Facebook pourrait devenir dans quelques années la première plate-forme CRM du monde si les marques apprennent à s'en servir.

Comment allez-vous concrétiser cela ?

Concernant Facebook, nous sommes en train de transposer nos outils CRM pour les rendre complètement 2.0. Pour les ad exchange, nous montons une cellule qui combine nos expertises dans le search, le CRM et la création pour travailler sur la diffusion publicitaire en temps réel. En R&D, nous allons concentrer nos efforts sur le développement de technologies nous permettant d'avoir du targeting et du retargeting précis, ainsi que des bannières personnalisables sur les plates-formes d'ad exchange. Pour l'instant, nous ne prévoyons pas de créer notre propre ad exchange mais nous ne nous l'interdisons pas si nous estimons un jour que c'est nécessaire. Notre objectif à long terme est de nous préparer à la digitalisation de tous les canaux pour être prêts à les gérer dès que cela sera une réalité. Nous voulons être l'agence du futur.

Raphaël Zier débute sa carrière en 1993 comme responsable nouveaux médias au sein de l'agence de publicité Audour Soum Larue SMS, avant de créer l'agence de communication online 68ème parallèle, puis l'agence Pôle Nord qu'il revend à Publicis. Raphaël Zier prend, à cette occasion, la direction de Publicis Groupe Media Digital en France puis la direction générale de Publicis Global Search. En 2009, Raphaël Zier quitte le Groupe Publicis afin de se consacrer de nouveau à ses propres projets et investir dans des entreprises. Il entre chez Netbooster en 2010 en tant que directeur des opérations, avant d'en devenir le CEO.