Pas de bulle 2.0 mais des exagérations dans le secteur du non coté

Il y a en France, tenez-vous bien, 6 sociétés opérant dans le domaine de la vidéo sur Internet financées par des capitaux risqueurs, plus de 50 au niveau mondial. Sachant qu’il n’y aura peut être qu’un seul « Youtube » par continent, on peut déjà prévoir des dépôts de bilan en série.

« Lorsque mon chauffeur se met à boursicoter, c'est qu'il est temps de vendre mes actions » disait  le  grand industriel Américain Rockefeller, définissant ainsi le concept de « bulle financière ». Autrement dit, quand le grand public, ou des personnes qui n'ont pas de formations ou de compétences financières particulières, se mettent à jouer en bourse, c'est que l'on est en pleine crise de survalorisation.

Si l'on se tient à cette définition, il n'y a donc pas de Bulle 2.0, tout simplement parce qu'il n'y a pas d'entreprises Web 2.0 en bourse (à part Xing en Allemagne, mais est-ce vraiment du Web 2.0 ?) et que contrairement à ce qui s'est passé dans les années 1998-2000, les bons pères de famille et les petits épargnants ne peuvent pas investir leurs économies dans des sociétés internet cotées. Les marchés financiers n'acceptent plus les Dr Koop.com, eToys.com ou les Himalaya version 2.0, et heureusement.  La destinée des sociétés du Web 2.0 n'est d'ailleurs  pas d'aller en bourse voire même d'atteindre la profitabilité, c'est plutôt de se revendre le plus vite possible aux géants de l'Internet, avec une préférence pour Google, Yahoo et Microsoft. Il y a beaucoup de candidats au rachat, mais peu d'élus.

S'il n'y a donc pas de bulle sur les marchés financiers,  il existe bel  et bien une bulle financière, dans le secteur du non coté. Moins dévastatrice que la bulle 1.0, elle ne concerne qu'un petit nombre d'acteurs : les entrepreneurs et les capitaux risqueurs, un écosystème de petite taille en somme.

Nous revivons une époque où des projets Internet sans revenus, sans modèle économique, et sans vision, trouvent du financement auprès de certains VCs.

On constate aussi, comme en 2000 dans le domaine des comparateurs de prix ou de l'ecommerce, que les investisseurs se positionnent tous, en même temps, sur les mêmes dossiers, ce qui fait monter les prix, et génère par la suite de grandes attentes, et donc parfois de grandes déceptions et  frustrations chez les VCs. Et un VC frustré et deçu est un VC qui n'investit plus. Plus du tout.

C'est parce que certains se sont brulés les doigts en 2000 sur quelques dossiers Internet que nous avons vécu un véritable « hiver nucléaire » du financement des startups entre 2001 et 2004, dans le domaine de l'Internet, mais aussi du logiciel plus généralement.

Autre indicateur intéressant: l'explosion et la prolifération des me-too. Il y a en France, tenez-vous bien, 6 sociétés opérant dans le domaine de la vidéo sur Internet financées par des capitaux risqueurs, plus de 50 au niveau mondial. Sachant qu'il n'y aura peut être qu'un seul « Youtube » par continent, on peut déjà prévoir des dépôts de bilan en série.

De plus, sachant que le coût de création des services Internet et de l'internet software en général a été divisé par 10 depuis les années 2000, (grâce à des programmes comme Empower  ou Innovate-on pour les developpeurs qui innovent sur la plateforme Microsoft, mais aussi  grâce à l'Open Source), les montants investis par les capitaux risqueurs restent en moyenne les mêmes.

Cependant, il ne faut pas tuer l'optimisme actuel, car on parle ici de montants non significatifs en comparaison à ce qui se fait sur les marchés financiers ou dans le private equity, et  comme Kelkoo, Priceminister, Meetic ou Photoways dans les années 2000, certains acteurs de cette deuxième vague internet émergeront, grâce à leur équipe, leur vision et surtout, leur capacité à générer du cash, et monétiser leur trafic.

En France, des acteurs comme Criteo ou Bluekiwi, importent dans l'entreprise, des usages Web 2.0 et des innovations qui sont nées dans le monde du consumer, et la croissance de ces sociétés est explosive, et très saine.

Cette mini bulle dans le secteur du non coté, n'est en fait qu'une conséquence du caractère « darwinien » de l'industrie du Web et du logiciel, et c'est malgré tout, plutôt une bonne nouvelle pour les entrepreneurs inspirés.