L’iPhone va démocratiser l’Internet mobile, le search mobile, donc la publicité mobile

Apple réussit avec le lancement de l’iPhone à créer une attente forte chez le consommateur final. La grande force de la firme américaine est de comprendre que l’interface homme/machine ainsi que le design est clef dans la commercialisation de produits technologiques.

L'enjeu principal de l'IPhone n'est pas tant de savoir si le dernier-né de la famille Apple a toutes les fonctionnalités nécessaires au commun des mortels pour téléphoner, écouter de la musique, surfer sur internet ou envoyer des e-mails. Il reste clair pour moi que, sur chacun de ces domaines, l'IPhone est critiquable et a de nombreux concurrents. Pour un usage professionnel intensif, il sera pour longtemps plus simple de recevoir et envoyer des e-mails depuis son BlackBerry que depuis son IPhone. De même qu'aujourd'hui encore les fonctionnalités des baladeurs numériques Archos sont bien plus avancées que celles des IPod et, pourtant, rien de ne détrône la position de force d'Apple sur ce marché.

Si l'IPhone n'est pas si innovant et relève plus du couteau suisse que de la révolution technologique, en quoi modifie-t-il l'écosystème Télécom et Médias ?


Apple est en train de réussir, fort d'un marketing efficace, à contraindre les opérateurs et à modifier la chaîne de valeur télécoms.

En effet, Apple prend une marge sur la vente du téléphone mobile (ce qui est plus que normal), prend une quote-part du forfait mobile attaché (ce que personne n'avait réussi à faire jusqu'à présent) et, surtout, impose une activation du téléphone sur iTunes, la plate forme de commerce électronique d'Apple. Ainsi, chaque client de l'opérateur télécoms qui aura acheté un iPhone deviendra un client qu'Apple pourra directement facturer sans passer par l'opérateur télécom. Cette désintermédiation de l'opérateur télécoms est un risque fort pour ce dernier. Pourtant il signe, pourquoi ?


La manipulation des foules orchestrée par Apple met la pression sur les opérateurs télécoms, qui se posent la question de savoir ce qui pourrait se passer s'ils ne signaient pas avec Apple : augmentation du churn ? Baisse de leur part de marché ? Par défaut, plus que par envie, les opérateurs télécoms signent avec Apple en espérant que l'iPhone ne soit pas un succès.

Si le principal risque à court terme est la désintermédiation de l'opérateur télécoms, à moyen terme, ce sont les grands médias qui devront supporter le plus de risque marché.


En effet, l'opérateur télécoms va continuer à facturer son client pour son forfait voix et son forfait data mais les contenus qui seront facturés aux clients seront distribués par Apple, ce qui veut dire que l'opérateur va continuer à maîtriser les tuyaux mais plus les contenus. Ainsi, Apple va créer un réseau de distribution de contenus numériques et pourra choisir de diffuser tel ou tel contenu à sa guise, de le rendre payant ou gratuit. Bref, la bataille des droits mobiles ne fait que s'accélérer. Il ne serait pas étonnant qu'à court terme Apple annonce un accord avec une régie publicitaire pour commercialiser des contenus mobiles gratuitement contre de la publicité. C'est sans doute ce qu'annonce l'arrivée au conseil d'administration d'Apple du président de Google...

Un succès d'image, un succès d'usage ?


Apple réussit avec le lancement de l'iPhone, encore une fois, à créer une attente forte chez le consommateur final. La grande force de la firme américaine est de comprendre que l'interface homme/machine ainsi que le design est clef dans la commercialisation de produits technologiques. Les autres constructeurs de terminaux n'ont que peu travaillé les interfaces de leurs terminaux mobiles. Dommage, Apple l'a fait à leur place. Prêtez moi votre ordinateur portable et je suis certain que je vais pouvoir aller sur internet et sans doute envoyer des mails rapidement, prêtez moi votre téléphone mobile et je ne suis pas certain de savoir passer un coup de fil.

Il est clair qu'avec une interface plus simple les usagers vont surfer plus sur l'Internet mobile - et que les usages vont se développer. C'est ainsi, que je prends le pari que l'iPhone sera le produit qui démocratisera l'Internet mobile, le search mobile et par conséquent la publicité mobile.

En conclusion, Apple est passé maître dans l'art de créer des attentes fortes chez les consommateurs qui véhiculent ensuite une pression forte sur les acteurs de la chaîne de valeur du marché (majors musicales pour l'iPod, opérateurs télécoms pour l'iPhone) qui, par défaut plus que par envie, cèdent et acceptent des conditions inacceptables. Plus qu'une révolution technologique, Apple a inventé le  "Device Marketing", nouvelle forme de marketing de l'offre produit.