Faux billets : quelles solutions peuvent apporter les TIC ?

L'intérêt croissant du grand public pour les évènements sportifs va de pair avec l'augmentation des fraudes ou tentatives de fraudes constatées à l'entrée des enceintes sportives. A quoi s'expose le fraudeur ? Quelles solutions le Web peut-il apporter ?

Si la Coupe du Monde de Rugby et l'approche des Jeux Olympiques de Pékin rendent la question des faux billets plus sensible, ce problème touche, de manière quotidienne, les clubs sportifs dans les différentes manifestations qu'ils organisent. Pourtant, le revendeur comme l'acheteur peuvent risquer gros.

Que dit la loi ?

Sur un plan juridique, la répression s'opère tout d'abord par le biais de la qualification d'escroquerie, définie par le Code Pénal en son article 313-1 comme "le fait (...), par l'emploi de manoeuvres frauduleuses, de tromper une personne physique ou morale et de la déterminer ainsi, à son préjudice ou au préjudice d'un tiers, à remettre des fonds, des valeurs ou un bien quelconque (...)". Cette infraction est punie de 5 ans d'emprisonnement et 375.000 euros d'amende.

De surcroît, dans la mesure où sont nécessairement reproduits sur le billet litigieux les logos et marques du club organisateur ou le nom de la manifestation concernée, la qualification de contrefaçon peut également être retenue à l'encontre du vendeur comme du fabricant ou importateur des billets imités. Cette infraction est, au minimum, punie de 3 ans d'emprisonnement et 300.000 euros d'amende.

Enfin, il est envisageable qu'une qualification fondée sur l'atteinte à un système de traitement automatisé de données réprimée aux articles 323-1 et suivants du Code Pénal soit également retenue dès lors que l'identification des numéros de série des billets aura été rendue possible par l'intrusion dans le système informatique du club ou de l'organisme chargé de l'émission des billets donnant accès aux manifestations sportives concernées.

Par ailleurs, il convient de préciser que l'acheteur lui-même peut être convaincu de recel à partir du moment où, conformément aux dispositions de l'article 321-1 du Code Pénal, il bénéficie, en connaissance de cause, du produit du délit commis. Ainsi, il pourra être puni de 5 ans d'emprisonnement et 375.000 euros d'amende dès lors qu'il est susceptible de savoir que le billet acheté a une provenance frauduleuse, qu'il s'agit d'un faux billet. A ce titre, le prix et les circonstances de la revente seront particulièrement pris en compte pour établir ou non sa responsabilité pénale.

Les moyens de lutte contre la contrefaçon

La multiplication de ce type d'agissements illicites a conduit les organisateurs de grandes manifestations sportives à se doter de certains dispositifs destinés à limiter les risques de faux billets.

Ainsi, l'insertion de puces RFID aux billets est, à l'instar des billets de la Coupe du Monde de Football 2006, une technique de plus en plus fréquemment utilisée. Elle permet par exemple de comparer l'identifiant enregistré dans la mémoire de la puce à la base de données de la billetterie, par le biais d'une transmission des informations contenues dans la puce à la plate-forme de contrôle gérée par les organisateurs de la manifestation.

De même, la distribution tardive des billets est un procédé connu de longue date pour limiter les risques de reproduction des sésames d'entrée aux événements sportifs de premier ordre.

Par ailleurs, des partenariats se mettent également en place afin de contrôler la distribution de faux billets. La relation initiée par la société Rugby World Cup Limited qui détient l'ensemble des droits sur la Coupe du Monde de Rugby 2007 avec Price Minister est à ce titre emblématique. Elle institue, au sein du site,  une cellule anti-contrefaçon chargée de détecter et de supprimer les annonces frauduleuses et de traiter les réclamations des acheteurs. Des sanctions techniques peuvent ensuite être prises par Price Minister, comme le blocage du compte du vendeur et des paiements correspondants.

Il est probable que dans l'avenir des partenariats de ce type se multiplient.

Outre la perte financière, les faux billets peuvent présenter un risque en terme de sécurité dans les enceintes sportives, en générant un flux ni prévu ni contrôlé des spectateurs. Le risque juridique devient dès lors particulièrement lourd pour tous.