L'e-mailing de prospection va-t-il disparaître ?

Les quantités d'e-mails envoyés ont augmenté de manière exponentielle ces dernières années. Va-t-on au devant d'un rejet de l'e-mailng de la part des internautes ? Que faire ?

Il y a quelques jours, notre nouvelle stagiaire responsable de la gestion de notre pige e-mail a ouvert sa boîte mail et surprise ! Plus de 46.000 message l'attendaient. Normal me direz-vous pour une pour une boîte à pige qui n'a pas été ouverte depuis 4 mois. Mais que faire devant cette affluence de messages ?

Tout d'abord, nous avons utilisé deux anti spams, pour éliminer environ 30.000 mails en anglais style viagra et autres offres subtiles.Ensuite, nous avons enlevé les newsletters, les offres de fidélisation. Restaient encore plusieurs milliers de mails à traiter. On y arrivera.

Des pratiques douteuses
 
Mais nous n'étions pas au bout de nos surprises. En effet, nous avons eu rapidement du mal à identifier la source originale de certains e-mails de prospection. Comment interpréter cela ? Nous pensons que ces bases ont été vendues, certaines plusieurs fois, ou échangées et conservées. Je ne suis pas certain que les internautes, lors de ces cessions aient eu leur mot à dire. Conclusion : les fichiers ont plusieurs vies. Est ce bien déontologique ?
 
Nous avons décidé de nous désabonner de quelques sites. Il est intéressant de noter que souvent, il n'est possible de se désabonner que des envois de l'annonceur, pas de la base source. Ceci a comme corollaire que si un fichier a été vendu plusieurs fois, un internaute, peut recevoir des centaines de mails sans avoir la possibilité de se désabonner réellement. Par ailleurs, se désabonner, est parfois un chemin de croix ! Est-ce bien déontologique ?
 
Autre point important. Pour étudier en finesse les ciblages des annonceurs, nous avions mis dans certaines bases 3 ou 4 profils, (jeune, homme, femme, senior etc.) Nous avons été très surpris de recevoir ces 4 pièges pour chaque campagne. Conclusion : lorsque l'on fait de la quantité, on ne fait pas dans le détail, et la notion de ciblage n'est pas bien maîtrisée par nombre de fournisseurs de données.

Nous avons repéré certaines bases ne servant presque que pour de l'affiliation (autre mot pour désigner des opérations à la performance). Pendant le mois de décembre, certains internautes recevaient une offre par jour. Comment résister à ce matraquage, sinon en se blindant avec des anti spams, ou en se désabonnant ?
 
Le SNCD a annoncé il y a peu qu'il y avait eu environ 23 milliards de mails routés l'an dernier. Comme ils ne mesurent pas 100 % des envois, on peut imaginer que ce sont 30 milliards qui ont été routés. On peut estimer que cela en fait environ 1.000 par internaute (sans compter les spams américains). Si vous en recevez 20 par jour comme moi, cela en fait 7.300 par an !

Il est donc très normal que les taux d'ouverture des mails connaissent une baisse spectaculaire, souvent sous les 20 %. Si on continue à ce rythme, les taux d'ouverture vont chuter à 5 %.

Résultat : les internautes confondent de plus en plus spam et mailing de prospection.
Pour autant, l'e-mailing de prospection (push e-mail) est-il mort ?

Mort ou renaissance de l'e-mailing ?
 
Il est mort tel qu'on a pu l'imaginer au début de l'aventure Internet, avec des prix à 200 euros le mille, des ciblages pointus et un accueil positif des internautes qui découvraient le Web. Il est mort si le matraquage continue et si les règles de déontologie s'effacent devant des négociations tarifaires. (3 à 10 euros le mille, cela existe fréquemment)
 
Par contre, il va survivre, s'il est utilisé avec plus de réalisme, de clarté et de finesse :
En sélectionnant mieux les fichiers, en choisissant mieux les critères : inutile de bombarder aveuglément.

En privilégiant des bases très bien renseignées, qui se renouvellent sans cesse (intentions d'achats, projets).

En étant créatif, et en utilisant les ressources du multi-canal. Le mailing postal ne pourrait-il reprendre toute sa valeur pour apporter de meilleurs résultats ?
 
On pourrait aussi utiliser des bases moins travaillées, et certains propriétaires ont déjà mis en place des politiques assez restrictives.

En respectant mieux les règles du désabonnement (quitte à le faciliter)
En un mot, en allant dans le sens du respect de l'internaute.
 
Pourtant, je pense qu'il est possible d'envoyer encore plus d'e-mails, car le nombre d'internautes va encore croître, et s'ils se sentent plus en confiance, ils ne seront pas ennuyés de faire un rapide tri le matin parmi leurs messages.
 
L'enjeu est de taille : restaurer l'image de marque de ce média aux yeux des internautes, sinon, demain, les français ne feront plus aucune différence entre spam et e-mailing déontologique routé avec des adresses opt'in.