Les ".tel", une occasion à ne pas manquer ?

A l'ère du Web 2.0, de la convergence des plateformes de communications et de l'Internet mobile haut débit, il parait opportun pour les entreprises qui désirent optimiser leur présence sur Internet de réserver dès à présent une extension en ".tel".

Par Nicolas Maubert et Thierry Dor, Avocats à la Cour, département IP-TMT ; Cabinet Gide Loyrette Nouel A.A.R.P.I.

Depuis le 3 décembre 2008 et jusqu'au 2 février 2009, les propriétaires de marques ou licenciés autorisés, peuvent, à certaines conditions, réserver un nom de domaine correspondant aux éléments textuels contenus dans la marque, suivi de la nouvelle extension générique ".tel". A l'issue de cette période initiale (baptisée "Sunrise"), cette possibilité sera étendue à tout individu ou toute société, même non titulaire d'une marque. Cette seconde période dénommée "Landrush" fait référence à la ruée à laquelle s'attendent les promoteurs du ".tel".

Selon la société anglaise Telnic, qui s'est vue confier par l'ICANN (L'Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) le soin de commercialiser l'extension, la nouvelle extension ".tel" constituerait l'innovation la plus significative sur Internet depuis l'avènement du ".com".  Une chose certaine est que le ".tel" va permettre à une multitude d'acteurs qui jusqu'à maintenant n'étaient pas visibles sur le Net faute de disposer d'un site Internet, d'acquérir  pour une somme relativement modique une visibilité mondiale, et ce, sans qu'il soit besoin de développer un site Internet. C'est une véritable révolution.

Le ".tel" permet de stocker, publier et gérer en ligne toutes les coordonnées et mots-clés d'une entreprise ou d'un particulier, sous un nom de domaine unique et indépendamment d'un site web. En d'autres termes, le titulaire du nom de domaine en ".tel" permettra à tout internaute d'accéder instantanément à toutes ses coordonnées (adresse physique, numéros de téléphone et de télécopie, adresses e-mail et le cas échéant l'URL correspondant au site Internet). Le but avoué de Telnic est de devenir ainsi le premier -et le seul- annuaire universel.

Pari ambitieux lorsqu'on sait avec quelles difficultés les nouvelles extensions tentent de s'imposer. C'est peut être la raison pour laquelle les professionnels, au premier rang desquels figurent les bureaux d'enregistrement (Registrar), ont -du moins dans un premier temps- accueilli avec scepticisme l'annonce de la mise sur le marché de l'extension ".tel", ... ceux-là même qui la commercialisent aujourd'hui !

C'est que la société Telnic dispose d'un argument de poids: le ".tel" n'est en effet pas comme les autres extensions qui ont pu être mises sur le marché jusqu'à présent. Toutes les extensions du type ".com", ".net"., ".fr", ".mobi", etc., ont le même objectif en ce qu'elles assignent des noms de domaine à des sites Internet. Prenons un exemple: lorsque l'internaute indique dans son navigateur le nom de domaine www.ibm.fr, le navigateur interroge le DNS (Domain Name System) qui répond par une adresse IP, laquelle est ensuite utilisée par le navigateur pour trouver le site Internet correspondant.  L'extension ".tel" assigne quant à elle des noms de domaine non pas à des sites Internet, mais directement à des coordonnées qui sont stockées dans le DNS.

En d'autres termes, l'extension ".tel". ne renvoie donc pas à un site Internet classique mais à une page de contacts, dont l'ergonomie sera a priori la même pour tous les titulaires de noms de domaine en ".tel" (l'adresse http://www.telnic.tel en donne un aperçu).  Si le type et la quantité d'informations qui seront disponibles sur un ".tel" seront par nature nécessairement limités, la société Telnic ne tarit pas sur les avantages qu'il existe à pouvoir stocker des données directement dans le DNS. 

Outre le fait que les informations stockées dans le DNS ne nécessitent pas de disposer d'un site Internet, elles sont disponibles plus rapidement (temps de téléchargement réduit), peuvent être actualisées immédiatement, et peuvent être aisément consultées sur des supports mobiles (PDA, téléphones mobiles, etc.).

A l'ère du Web 2.0, de la convergence des plateformes de communications, du développement de l'Internet mobile haut débit, et tout simplement -comme y faisait référence le Premier Ministre dans un communiqué de presse du 12 janvier 2009- de l' "Internet haut débit universel", il parait donc opportun pour toutes les entreprises qui désirent optimiser leur présence sur Internet et qui remplissent les critères requis par la société Telnic de réserver dès à présent une extension en ".tel". 

A la mi-décembre, toujours selon la société Telnic, plusieurs milliers de marques avaient déjà réservé leur extension. Il est intéressant de noter à cet égard que la liste d'exemples communiquée contient un nombre de marques à consonance anglo-saxonne bien supérieur à celui de marques d'origine française ; seuls quelques grands noms du secteur du luxe (tels que Christian Dior, Hermès ou Fabergé), de l'hôtellerie (Sofitel, Novotel), de l'énergie (Elf, Total, Esso), ou des médias (Le Figaro) étant cités, même si d'autres ont certainement pris le pas depuis.

Les marques qui n'ont pas encore réservé leur nom de domaine en ".tel" ont encore jusqu'au 2 février 2009 23h59 GMT pour bénéficier de la priorité par rapport aux déposants qui ne disposent pas de droits sur une marque. Ce faisant, elles pourront prévenir des actes de cybersquatting qui interviennent immanquablement à chaque fois qu'une extension est mise sur le marché, et faire, peut être, l'économie ultérieure de procédures longues, onéreuses et parfois hasardeuses. 

Elles peuvent également s'opposer à l'enregistrement d'un nom de domaine qui aurait été réservé en fraude de  leurs droits, dans un délai relativement court (dix jours à compter de la publication du nom de domaine sur un site dédié), ce qui suppose, naturellement, de faire preuve de vigilance.