2010, l'année 1 du m-commerce

L'évolution des mobiles et, plus particulièrement des ordiphones, provoque des modifications d'usages et de comportements qui ne peuvent que bouleverser, de manière profonde, nos habitudes d'achat.

Totalement illusoire, avant quelques années, pour certains, une réalité bien concrète pour d'autres, le m-commerce semble créer le débat et, ne laisse personne indifférent. Il faut dire que les enjeux sont tels qu'il serait étonnant, dans la période que nous traversons, que la discussion ne soit pas ouverte, afin d'anticiper, de manière optimale, un mouvement qui s'annonce profond.

Autant se jeter à l'eau tout de suite et affirmer de manière ferme et sans ambiguïté que, selon nous, l'année 2010 sera bien l'année du développement du m-commerce.

En effet, l'explosion du marché des Smartphones, oups, je devrai plutôt dire ordiphone (pour ceux qui ne sont pas encore au courant, sachez que la Commission générale de terminologie et de néologie a, entre autre, décidé que le mot  Smartphone devait être traduit en français par ordiphone) va provoquer un développement des transactions commerciales via les mobiles.

Ces ordiphones, qui connaissent, à l'image de l'iPhone un succès  de plus en plus grand (Apple aurait vendu entre 1,8 et 2 millions d'iPhone en France en 2009 et ce mouvement est loin de s'essouffler, puisque Didier Lombard vient d'annoncer que 77% des téléphones vendus par Orange à Noël étaient des iPhones) ont, et vont, profondément modifier nos comportements.

Une seule phrase (et la petite explication qui va avec !) suffit à illustrer et à comprendre la profondeur et l'étendue de ce changement :

L'avenir du Web sera mobile.
Il aura fallu qu'une étude, (parue en décembre 2009), de la très sérieuse banque d'investissement Morgan Stanley, annonçant que Internet entrait dans une nouvelle ère, et prévoyant que, d'ici cinq ans, la connexion au Web se fera majoritairement via des plateformes mobiles (smartphones, tablettes tactiles...) plutôt que sur nos ordinateurs, pour que tout le monde réalise enfin, ce qui semblait être une évidence pour certains professionnels de la mobilité, mais aussi de l'Internet.

Cette idée étant maintenant acquise, il est évident que nos habitudes prises sur le Web "fixe", seront automatiquement transposées et adaptées sur le Web Mobile. En effet, nous continuerons de rechercher nos informations via Google, et il n'est pas difficile d'imaginer que, une fois les premières réticences d'usages passées (les mêmes que nous avions sur l'internet fixe il y a quelques temps), l'achat via le Web Mobile, le m-commerce, sera un moyen supplémentaire et très usité pour se procurer et acheter toutes sortes de produits.

Mais qu'en est-il concrètement aujourd'hui ?
D'après l'agence de marketing mobile Compete, plus d'un tiers des propriétaires de smartphones ont effectué des achats depuis leur portable dans les 6 derniers mois. Pour l'instant ces achats se concentrent principalement sur les produits culturels. Ils sont en effet presque un cinquième à avoir acheté de la musique, suivent ensuite les livres, DVD et jeux vidéo pour près de 15% des personnes interrogées.

Si l'on prend l'exemple concret de eBay, il ne fait pas de doute que dès qu'un site marchand met à disposition de ses clients, une version mobile de son site, doublée d'une Application iPhone, les ventes via mobiles s'envolent.

Entre la fin de l'année 2008 et celle de 2009, la fréquentation des sites mobiles eBay (Internet + Application) a doublée de volume et sur la seule période de Noël. Et ce succès en terme de fréquentation du site mobile se traduit également dans les ventes, puisque 1,5 million d'articles ont été vendus via ces sites et la société d'enchères annonce un chiffre d'affaires, réalisé par l'activité mobile, avoisinant les 500 millions de dollars en 2009.

Lorrie Norrington, président d'eBay, fait clairement le constat d'un changement profond des mentalités : "le mobile a changé la manière de faire ses courses sur cette période de Noël".

Alors, qu'attendons-nous pour acheter via nos ordiphones ?
1. Il faut que le parc de terminaux soit compatible. Ceci n'est qu'une question de temps. Les ventes d'ordiphones explosent là où celles des mobiles dits "classiques" (servant juste à la voie et à l'envoi de SMS) diminuent. D'après l'institut Gartner, les ordiphones représenteront 60% des terminaux mobiles vendus en 2011 et 80% en 2012.

2. Il faut des sites optimisés pour une lecture sur ces fameux ordiphones et, adaptés à une utilisation nomade dans leurs fonctionnalités.

En effet, l'expérience du surf sur un site Internet classique, via un mobile, est trop déceptive car pas adaptée. Pages illisibles (nécessité de faire, sans cesse, des loupes sur une partie de la page pour pouvoir la lire), navigation complexe,  temps de chargements démesurés et j'en passe ..., autant de barrières au bon développement du m-commerce.

Pour s'en convaincre, il suffit de revenir un peu en arrière et de se souvenir de nos premières expériences marchandes sur le Web. Combien de fois avons-nous renoncé à un achat en raison d'un site mal fait, d'un parcours client désastreux, de lenteurs excessives, de connexions interrompues brutalement et sans raison.

De nos jours, toutes ces carences et erreurs, ont totalement disparues des sites marchands qui se respectent, et nous voudrions les imposer aux mobinautes qui, en plus, ont pris l'habitude d'un Web efficace, rapide et sécurisé.

La réponse est non, et c'est pourtant ce qui est fait aujourd'hui, quand on propose l'achat via un site "fixe" qui n'est pas optimisé pour le surf sur un mobile.

Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Près de 10 % des possesseurs de mobiles ayant voulu acheter un produit depuis leur téléphone se sont trouvés dans l'impossibilité de le faire. Pour près de la moitié d'entre eux, le site ne parvenait pas à charger et environ 40% ont quitté le site car il n'était pas conçu spécialement pour un usage sur mobile. Je ne vous parle même pas de ceux qui, j'imagine, sûrement très motivés, ou n'ayant pas d'autres choix, ont du s'y reprendre à deux ou trois fois et/ou qui y ont passé de (trop) nombreuses minutes.

Que dire de plus, sinon que les mobinautes d'aujourd'hui sont beaucoup plus exigeants que les internautes d'hier car, à la différence de ces derniers, les mobinautes ont pris des habitudes de rapidité d'efficacité de lisibilité, auxquelles ils ne sont pas près de renoncer, sous prétexte qu'ils naviguent sur un mobile. Penser le contraire serait une grave erreur et conduirait tout droit à l'échec.

Le m-commerce ne se développera  de manière optimale (car il se développera, c'est une certitude), que lorsque les sites marchands offriront des sites optimisés pour les ordiphones, c'est à dire des Web Applications. Leur explosion, prévue en 2010, va forcément entraîner avec elle l'envol du m-commerce.

Pour cela, mieux vaut ne pas trop traîner car les places sont chères et les premiers arrivés seront, comme toujours, les plus visibles et donc, les plus utilisés.

A bon entendeur ...