Le Net en 2009 vu par quelques indicateurs

Les baromètres de la santé du Net montrent une vigueur maintenue en 2009, malgré la crise. Noms de domaine, sites Internet, utilisateurs connectés : tous sont en augmentation, mais pas dans les mêmes proportions. Tour d’horizon, vu du petit bout de notre lorgnette.

"La crise, mais quelle crise ?" pourrait-on être tenté de dire au regard du secteur de l'Internet. Les chiffres de l'année 2009 étaient attendus avec impatience par un secteur habitué à des taux de croissances très importants. Non sans quelques appréhensions : le secteur financier ayant frôlé l'effondrement, cela aurait-il un impact sur le développement d'Internet ?

 

La question n'a d'ailleurs pas que des conséquences financières ou commerciales. Le Web est toujours un véhicule d'émancipation pour de nombreux citoyens et de nombreux pays. Internet permet aux uns d'entrer en contact avec une base de clientèle plus grande et leur donner la possibilité de développer des richesses ; il permet aux autres de faire connaître leurs cultures ; d'accéder à une information plus complète ou, par extension,  informer le reste du monde sur les événements dans un pays ou une région... Parfois, il peut même fournir des moyens de passer outre une censure gouvernementale ou étatique.

 

Si, parmi les effets collatéraux de la crise, le développement du Web avait été affecté, le processus de mondialisation (au sens positif du terme) virtuel aurait pu être impacté. Est-ce que la crise a eu un effet de ralentissement pour le Web comme pour les autres secteurs industriels ? C'est probable, mais il est impossible de l'avancer aujourd'hui avec certitude. Tentons néanmoins d'analyser les chiffres effectivement publiés qui illustrent l'année 2009 pour l'Internet, même de manière approximative.

 

En ce qui concerne les noms de domaine, il existe une source incontestable : la société américaine Verisign. Poids lourd de l'industrie du nommage sur Internet, Verisign gère surtout deux des plus importantes extensions du monde : le .COM et le .NET. La société opère par ailleurs deux des "serveurs racine", dont le premier d'entre eux, le serveur A. Ces machines "racines" sont au nombre de 13 et constituent la base de l'infrastructure de l'Internet. L'ensemble du trafic global du Web passe obligatoirement par eux à un moment ou un autre.

 

Verisign a donc une vision précise du paysage Internet mondial pour ce qui est de l'exploitation des noms de domaine. Dans son rapport daté de décembre 2009, Verisign indique qu'il existe actuellement plus de 187 millions de noms de domaine enregistrés dans le monde, soit une augmentation annuelle de 8%.

 

Les chiffres des noms de domaine

Ce parc des noms de domaine peut d'ailleurs être scindé en deux principales catégories : les extensions génériques (comme le .COM ou le .NET, qui ne sont pas liées à un pays spécifique) et les extensions nationales (par exemple le .FR ou le .DE - qui reprennent le code ISO à deux caractères de pays comme la France ou l'Allemagne).

 

L'année dernière, c'est sur les extensions nationales que la progression a été la plus soutenue.  Un total de 76,3 millions des noms ont été enregistrés dans ces extensions, exprimant une augmentation annuelle de 11%. Le .COM reste cependant la première extension mondiale, et de loin, avec plus de 80 millions de noms. Mais suivent ensuite deux extensions nationales : l'allemande .DE et la chinoise .CN, avec environ 14 millions de noms enregistrés pour chacune. Le .NET est 4e de ce classement. A eux deux, le .COM et le .NET totalisent 96,7 millions de noms au 31 décembre 2009 (7% de progression annuelle).

 

Signalons que Verisign ne vend pas de noms de domaine directement aux utilisateurs. La société est ce qu'on appelle un "registre", c'est à dire qu'elle gère les extensions .COM et .NET qui sont ensuite commercialisées par le biais d'un réseau de bureaux ("registrars" en anglais) accrédités par l'ICANN (comme INDOM, par exemple). Verisign est donc en situation de monopole, ce dernier lui étant concédé par l'ICANN, instance de régulation technique de l'Internet. Verisign vend les noms de domaine au registrars à un tarif unique, négocié par contrat avec l'ICANN. Ce business lucratif a contribué aux USD 1,031 milliards de chiffre d'affaire réalisés par la société en 2009 (comparé à USD 965 millions en 2008).

 

Poids lourd des extensions génériques

Ces chiffres peuvent paraître énormes. Mais n'oublions pas que Verisign est responsable du fonctionnement technique de deux des plus importantes ressources virtuelles d'aujourd'hui. Car le moindre problème technique dans les systèmes de Verisign, et c'est l'ensemble des sites Internet en .COM ou en .NET qui peuvent s'arrêter, avec les conséquences que l'on peut imaginer sur tous les secteurs industriels et commerciaux dans le monde qui dépendent aujourd'hui d'Internet. Or depuis qu'elle opère ces deux extensions, la société n'a jamais connu aucun problème de ce genre.

 

Pour obtenir des résultats aussi bons, elle maintient une infrastructure extrêmement solide. Certains crient parfois au scandale face au monopole accordé à Verisign et à la manne financière qu'il représente, d'autant que la société a obtenu de l'ICANN la permission d'augmenter ses tarifs en 2010. Les registrars seront donc contraints de payer leurs noms de domaine plus chers, et certainement de répercuter cette hausse à leurs clients.

 

Pour autant, l'approche pragmatique d'une gestion de ces extensions phares de l'Internet par un acteur privé à but lucratif semble fonctionner. Verisign ne peut se permettre le moindre bug. Et jusqu'à présent, les .COM et .NET fonctionnent.

 

Il ne faut pas se leurrer, l'infrastructure mise en place pour gérer le trafic Internet passant par des noms de domaine en .COM et en .NET est gigantesque : au 4e trimestre 2009, le volume moyen de requêtes (demandes d'accès à un site Internet) reçu par les machines de Verisign fut de 52 milliards par jour ! Il y a un an, ce volume n'était que de 35 milliards de requêtes. L'utilisation d'Internet continue donc à croitre de manière exponentielle.

Et en toute sécurité : "Notre engagement à maintenir une infrastructure sans faille permet à nos systèmes de fonctionner avec 100% de fiabilité et de précision depuis maintenant 11 ans," indique Verisign. Chaque utilisateur de l'Internet peut comprendre l'importance de cette infrastructure. Lorsqu'un internaute tape www.google.com par exemple, il s'agit non seulement qu'il soit bien connecté à un site Internet fonctionnel mais que, de plus, le site vers lequel il est dirigé soit bien celui de Google, et non celui de Yahoo ou d'un autre moteur de recherche...

 

Toujours plus !

La croissance constatée sur les noms de domaine, véritable porte d'entrée à l'Internet, se retrouve également dans les chiffres de l'utilisation du réseau. D'après le site Pingdom, 2009 a vu 100 millions de nouveaux comptes e-mail arriver sur Internet, pour une moyenne de 247 milliards de messages envoyés par jour et un total de 1,4 milliards de comptes email.

 

Le nombre de sites Internet serait également en forte augmentation, avec 47 millions de nouveaux sites venant s'ajouter à la toile en 2009 pour en porter le total à 234 millions.


Au total, le monde compterait 1,73 milliard d'Internautes (les derniers chiffres datent de septembre 2009), soit une augmentation de 18% l'an passé ! Quand on vous dit qu'Internet ne connaît pas la crise...