La presse écrite va-t'elle enfin appliquer les recettes du mobile ?

L'iPad est annoncé comme le sauveur de la presse écrite, à l'heure où celle-ci connaît sa pire crise depuis des décennies. Mais sans un modèle économique approprié, le miracle risque bien de ne pas se produire.

La presse écrite est en crise, nul besoin de le rappeler. Le support papier est en chute libre, et les tentatives pour générer des contenus payants sur le web ne constituent pas des alternatives viables pour bon nombre de magazines et de quotidien.
Cette crise n'épargne quasiment personne, ni en France ni en Europe, ni aux Etats-Unis.

Depuis qu'Apple a révélé l'iPad, tous les spécialistes s'accordent pour annoncer que cette tablette magique va sauver la presse écrite, en lui ouvrant de nouveaux horizons. Le Time MagazineSports Illustrated, et plus récemment, Le Figaro, ont démontré brillamment à quel point l'iPad - ou toute autre tablette tactile - pouvait révolutionner la manière de consommer l'information.

A l'heure où chacun d'entre nous est saturé d'information, qu'elle provienne des médias classiques (papier, télévision, radio) ou des nouveaux canaux de communication (web, twitter, réseaux sociaux), ces tablettes graphiques semblent en effet capable d'agréger l'information et de la distribuer à la demande, en fonction du niveau de curiosité du lecteur.

Toutefois, aucun observateur ne se demande quel modèle économique vont adopter les grands titres de la presse écrite.
S'ils continuent à tout miser sur les abonnements papier, cumulés avec des offres annexes pour accéder aux contenus numériques, il est quasiment certain qu'ils ne réussiront pas à capter une nouvelle clientèle.
Le lecteur devra en effet acquérir un iPad, puis prendre un abonnement pour chacun des magazines qu'il souhaitera consulter... cela paraît effectivement trop complexe à gérer.

Par contre, il me paraît évident que les magazines et autres quotidiens doivent s'inspirer des recettes qui ont fait la fortune des opérateurs de mobiles. Imaginons qu'en tant que lecteur, un bouquet thématique me soit proposé : pour 25 euros par mois, je pourrai par exemple consulter un quotidien d'information, un mensuel féminin, et un magazine hebdomadaire généraliste. Et surtout, en contrepartie d'un engagement sur 24 mois, je me verrai "offrir" un iPad flambant neuf, pour 1 euro. En d'autres termes, une offre à mi-chemin entre ce qui se fait dans la téléphonie, et les bouquets thématiques de la TV numérique.

De cette manière, il ne serait plus nécessaire pour le lecteur d'acquérir un terminal de lecture par lui-même puis de s'abonner à des contenus. Je suis par ailleurs certain que l'aura de l'iPad suffirait à bon nombre de personnes pour les convaincre de s'abonner. Surtout si ledit appareil leur permettait d'accéder facilement à des contenus riches, de type cross-media, pour bénéficier d'une expérience de lecture et de consommation de l'information totalement innovante.

Offrir un téléphone high-tech à prix cassé, c'est la formule magique qui permet depuis près de 15 ans aux opérateurs téléphoniques d'amasser des fortunes. Et de justifier la vente de services périphériques hautement rentables, en créant de nouveaux besoins, tels que la TV thématique. La presse écrite a tout intérêt à étudier les recettes de ce succès, et s'en inspirer à l'heure où de nouveaux modes de consommation font leur apparition.