Free militerait-il pour l’abonnement Internet à 70 € par mois ?
Le jeudi 3 janvier 2013, Free présentait ses vœux de manière spectaculaire en intégrant par défaut un filtrage publicitaire pour ses clients lors de la mise à jour de sa box Free Revolution. Les bannières publicitaires sur de nombreux sites étaient alors remplacées par des espaces vides.
Selon différents spécialistes, cette mesure était destinée à mettre la pression sur Google pour que la firme américaine participe à l’effort de financement des infrastructures du Web. Face au tollé général des éditeurs de sites dont les revenus dépendent de la publicité et suite à l’intervention de la Ministre Fleur Pellerin, Free faisait machine arrière et retirait son ad-blocker dès le lundi 7 Janvier 2013.
L’histoire pourrait s’arrêter là mais
cette initiative de Free a permis de mettre sur la table un sujet souvent oublié :
l’importance de la publicité dans l’écosystème digital. Des estimations
récentes montraient que chaque internaute devrait payer en moyenne environ 40€
par mois pour compenser une disparition de la publicité remplacée par des
abonnements aux différents sites web.
Il est d’ailleurs cocasse que ce soit le fournisseur d’accès qui a fait de la
lutte sur les prix son vecteur de communication, le fer de lance, voulu ou non,
de la promotion d’un internet payant. Free garderait-il plus de 20% de part de
marché si ses utilisateurs devaient débourser 40€ par mois pour accéder aux
différents sites internet qu’ils consultent en plus des 29,99€ par mois
d’abonnement Free ?
La gratuité du Web est largement
ancrée dans les mœurs mais cela a une contrepartie : la publicité. Ce qui
paraît évident pour les professionnels du marché ne l’est pas forcément pour le
grand public, et Free a permis de remettre ce sujet au cœur du débat.
Les
commentaires d’internautes suscités par l’initiative de Free mettent cependant
en exergue un problème de fond. Pourquoi une partie de la population
méprise-t-elle tellement la publicité sur Internet alors qu’elle l’accepte dans
la rue, à la télévision ou dans les magazines ? L’initiative de Free
n’offre-t-elle pas l’occasion au marché d’étudier avec les utilisateurs quelles
formes de publicité ils pourraient valoriser ? Alors que le marché
concentre son attention presque exclusivement sur l’avènement des enchères en
temps réel des espaces publicitaires, sujet que je considère également comme
crucial et structurant pour l’avenir, il serait à mon avis bénéfique à tout le
monde, annonceurs, agences, éditeurs et utilisateurs, de réfléchir à
l’évolution des formats, du contenu publicitaire et de son intégration dans le
contenu éditorial.
Il y a là matière à réfléchir.
A titre d’exemple, aux États-Unis, une étude
Comscore montrait des résultats inspirants sur l’intégration d’un nouveau
format publicitaire sur les pages d’AOL.
Le nouveau format, maintenant appelé
Portrait, prend le tiers droit de la largeur de la page, le contenu éditorial
les deux tiers gauche. Le format était l’unique publicité de la page, mais
beaucoup plus grande que les publicités classiques, et offrait de véritables
interactions annonceur/utilisateur avec des galeries d’images, feed Twitter ou
Facebook, vidéos, etc… Outre des résultats concluants pour les annonceurs (68%
des utilisateurs ayant trouvé que la publicité avait augmenté leur intérêt dans
la marque), l’intégration du nouveau format avait également eu des résultats
intéressant sur l’acceptation de la publicité, 61% des utilisateurs trouvant la
page web plus attirante visuellement.
Cet exemple prouve que des innovations similaires permettraient de valoriser encore un peu plus l’internet gratuit dont Free vient, malgré lui, de rappeler l’importance.