La réponse numérique au principe de précaution

Les avancées technologiques nous font découvrir quotidiennement de nouvelles possibilités du numérique. Elles ne sont pourtant que les premiers signes d’une lame de fond qui va bouleverser notre perception des problèmes et notre manière d’agir.

Au delà de l’impact sur les individus, les technologies amènent les entreprises à modifier leur mode de fonctionnement et surtout leur approche de la gouvernance. La quantité en croissance exponentielle de données recueillies et exploitées, la multiplication des capacités des moteurs de recherche, le passage de l’analyse sémantique à l’analyse conceptuelle, le niveau de performance des logiciels de synthèse sont des réalités incontournables d’un monde en mutation constante. Elles vont apporter au décideur dans un laps de temps toujours plus réduit les éléments décisionnels optimaux.
Dans ce cadre l’intelligence économique, que certains ont voulu isoler du reste de l’entreprise pour en faire une spécialité, devient une composante impérative de chacune des fonctions et de la direction générale. Elle apporte en permanence à chaque responsable les éléments permettant de construire ou préciser sa stratégie. Loin d’être un service à part, cette activité doit donc être intégrée totalement à tous les niveaux où le supplément d’information génère un avantage concurrentiel. Son utilisation opérationnelle devient alors un acte de management qui englobe à la fois le traitement de l’information et son utilisation au service de la stratégie de l’entreprise. 

La difficulté va venir de la confrontation des solutions optimales préconisées dans chaque activité

L’expérience montre que généralement la mise en œuvre de l’une dans sa globalité  pénalise ou s’oppose au résultat de l’autre. Le responsable central doit  donc en assurer la coordination en pondérant en permanence chacune des solutions à travers une valorisation comparée des risques et des résultats attendus. L’avenir verra se développer des logiciels spécialisés dans ces évaluations croisées à entrées multiples. Ils apporteront un avantage concurrentiel certain aux utilisateurs non seulement dans la gestion de crise mais aussi dans le management opérationnel de l’entreprise.
Mais le numérique ne sera pas seulement un moyen d’optimiser la gestion ou la performance.
Une analyse prospective des outils du futur montre qu’ils auront une capacité quasi instantanée de détection des incidents ou des problèmes, d’évaluation de leur l’impact sur le processus ou la filière, puis de proposition ou de pilotage d’une solution. Ainsi nous allons rentrer dans une sécurité active dans laquelle des systèmes  utilisant toutes les capacités des web 2.0 et 3.0  contribueront de manière croissante à la prévention des risques entrepreneuriaux technologiques ou naturels.
A l’énoncé de ces évidences chacun comprend que le numérique modifie notre rapport aux risques tant dans l’évaluation de leurs impacts que de leurs probabilités d’occurrence. Il nous permet de mieux identifier les champs du possible et d’en évaluer les conséquences de tous ordres. Il devrait donc modifier fondamentalement notre rapport au principe de précaution dans lequel la suppression de tout risque est l’objectif prioritaire quand la vie d’entreprise exige d’en prendre en relation directe avec les objectifs d’innovation et de croissance attendus. Face à la vision passéiste d’un risque inconnu qui crée la peur et bloque tout mouvement, le développement du  numérique permet de dépasser ce stade mortifère en redonnant à l’entrepreneur cette capacité de décision indispensable face à la concurrence internationale.   
Lors de la 19° journée nationale d’intelligence économique d’entreprise de notre Académie le 4 décembre (1) nous allons relever le défi du numérique pour montrer combien il peut être avantageux pour les dirigeants d’apprendre à en utiliser toutes les ressources. L’avenir appartiendra à ceux qui auront su en intégrer les potentialités pour réaliser de nouveaux écosystèmes incluant de nouvelles méthodes de travail.

Le futur sera ouvert à ceux capables d’utiliser toutes les ressources de la cybersécurité au niveau industriel, commercial et financier

A l’heure où la gravité de la crise et l’extrême prudence encourage à différer toute décision, les vainqueurs de demain, PME ou grands groupes seront ceux capables dés maintenant d’une profonde remise en cause en se lançant résolument dans l’entreprise numérique.

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(1) L'Académie de l'Intelligence Économique organise, en partenariat avec le JDN, la Journée nationale d’Intelligence Économique d’Entreprise qui se tiendra à l’École Polytechnique à Palaiseau, le mercredi 4 décembre 2013.