Avec Healthbook d'Apple, pourra-t-on enfin disposer d'un "Dossier Médical Partagé" ?

Au début de l'année, le contribuable français apprenait avec effroi que le chèque en blanc qu'il avait signé pour créer le Dossier Médical Partagé n'avait servi à rien. Un demi-milliard d'euros avaient été ainsi dilapidés par les pouvoirs publics pour un projet qui n'a atteint au mieux que 8% de ses objectifs. La pilule est amère, la facture est salée.

Or, un tel dossier médical est essentiel. Nul doute en effet qu'il pourrait contribuer à diminuer drastiquement le risque d'erreurs médicales, ainsi que les coûts de prise en charge des soins en évitant par exemple des examens médicaux redondants et inutiles.
Le 18 mars 2014, le site internet 9to5Mac a dévoilé en avant-première les captures d'écran d'une nouvelle application mobile qui sera présente par défaut dans la prochaine version d'iOS, le système d'exploitation des iPad et des iPhones. Les fonctionnalités sont alléchantes. Le possesseur d'un iPhone pourra en effet y stocker simplement des données comme sa pression artérielle, sa fréquence cardiaque, ses paramètres biologiques, ou encore sa glycémie, dans le cas des diabétiques. Il s'agit là d'un véritable dossier médical disponible à tout moment.
A titre d'exemple, en France, 31 % de la population adulte est hypertendue. Seule la moitié est traitée. Et seulement la moitié des patients traités est correctement contrôlée (Source : INVS). Or l'hypertension est un facteur de risque majeur de complications cardiovasculaires.
Aujourd'hui nous savons qu'il est très important qu'un patient comprenne sa maladie et qu'il suive scrupuleusement son évolution. L'observance thérapeutique constituera l'un des thèmes majeurs des campagnes de santé publique à venir. Nul doute donc qu'une application comme Healthbook pourra contribuer à améliorer la prise en charge de certaines maladies chroniques comme l'hypertension artérielle ou le diabète en impliquant le patient car il s'agit là de domaines pour lesquels il y a encore tant à accomplir.
A partir de là, nous pouvons imaginer que des fabricants tiers de dispositifs médicaux connectés pourront également interagir avec ces données. Healthbook deviendrait alors réellement novateur. En effet, jusqu'ici chaque constructeur proposait son application mobile, bien évidemment incompatible avec les dispositifs produits par leurs concurrents.

Avec Healthbook, Apple pourrait nous offrir un standard

Chaque patient serait alors libre d'acheter n'importe quel dispositif médical qui fonctionnera avec Healthbook.
Par ailleurs, en autorisant d'autres applications à interagir avec healthbook, nous pourrons imaginer de voir apparaître de nombreuses applications médicales originales et incroyablement utiles. Sous réserve d'anonymisation des données, la recherche scientifique disposera du plus grand registre médical du monde, mis à jour en temps réel par les utilisateurs. Nous ne pouvons que nous réjouir à l'avance des découvertes qui ne manqueront pas d'avoir lieu.

Une entreprise privée aussi tentaculaire qu'Apple réussira-t-elle là où les pouvoirs publics ont failli ?

C'est bien possible si on en croit le précédent avec iTunes U. En effet, à l'heure où les universités françaises ont tenté avec peine (et beaucoup d'argent) de mettre à disposition des étudiants et du public certains de leurs cours, Apple a réussi à créer une incroyable plateforme internationale d'enseignement accessible librement grâce au logiciel iTunes U. Sur la base d'un tel succès, nous ne pouvons qu'être optimistes sur le succès du Dossier Médical Partagé Healthbook.

La seule ombre au tableau reposera sur la capacité de la firme de Cupertino à gérer et protéger les données privées, une problématique qui ne doit pas être prise à la légère. Les données de santé sont des données hautement sensibles, bien que leur libre circulation finira probablement par entrer irréversiblement dans les usages.