La France entre en guerre contre les pratiques d’Amazon

Refusant de s’aligner sur les prix décidés par Amazon, Hachette s’est attirée les foudres de l’entreprise américaine de vente en ligne. Une guerre ouverte qui pourrait avoir des conséquences sur les autres maisons d’édition françaises.

Un leadership contesté

Pour bien comprendre l’affaire, il est nécessaire de se pencher sur son commencement. Pour faire court et simple, Amazon voudrait imposer un prix unique de 9,99 dollars pour les e-books, alors que ceux d’Hachette sont actuellement vendus entre 12,99 et 19,99 dollars. Ce nouveau prix serait également suivi d’une nouvelle répartition des droits. 50 % reviendraient à l’auteur, 30% au distributeur et 20 % à l’éditeur. C’est notamment contre cette répartition qu’Hachette se lève puisqu’elle engendrerait des marges très inférieures à ce qu’elles sont aujourd’hui.

Pourquoi un tel intérêt pour les e-books ?

Il semblerait que les parts de marché dans les livres – qu’ils soient physiques ou numériques- d’Amazon aient fortement augmenté jusqu’à atteindre 41 %. D’autre part, Amazon a énormément investi dans le Kindle, une liseuse d’e-book. L’équation est simple, plus les e-books sont bon marché, plus les ventes de Kindle augmentent.

Une politique qui fait débat

Face au refus d’Hachette de s’aligner sur ses prix, Amazon a cru bon d’employer des méthodes pour le moins « guerrières ». En effet, le groupe américain a décidé de faire pression sur les stocks, une méthode déjà utilisée auparavant, causant notamment la faillite de la librairie américaine Borders.
Face à de telles pratiques, l’opinion internationale ne pouvait rester de marbre et ce sont d’abord des écrivains américains mais aussi l’ancienne ministre de la Culture française, Aurélie Filippetti, qui sont montés au créneau.
Une lettre de protestation a d’abord été publiée dans le New York Times, signée par 909 auteurs. Ceux-ci y dénoncent les méthodes employées par Amazon, méthodes qu’ils assimilent à une prise d’otage.
« En tant qu’auteurs, pour la plupart qui ne sommes pas publiés par Hachette, nous sommes fortement convaincus qu’aucun marchand de livres ne devrait bloquer la vente d’ouvrages ou empêcher ou décourager des clients de commander ou recevoir les livres qu’ils veulent », écrivent-ils.
Aurélie Filippetti  a ensuite fort justement dénoncé les pratiques « inqualifiables et anticoncurrentielles » ainsi qu’un « abus de position dominante » et « une atteinte inacceptable contre l’accès aux livres ». Le Syndicat national de l’édition, par la voix de sa déléguée générale Christine de Mazières, a expliqué, en parlant des auteurs, qu’ « Amazon ne leur propose pas le même niveau de service. Lorsqu’un ouvrage marche, après souvent des années d’investissement, un éditeur est en mesure d’accompagner sa diffusion et sa promotion dans le monde. Ce que ne permet pas le service d’autoédition d’Amazon ». La politique d’Amazon devrait même conduire à un appauvrissement de l‘offre éditoriale, « il y a un risque réel » affirme à ce propos Christine de Mazières. Une triste perspective pour la littérature française dont la richesse faisait la force.