Serial twitter : stars, trolls et robots

Twitter fourmille de personnalités diverses et variées, avec leurs qualités et leurs défauts. Voici un portrait-robot des plus caricaturaux d'entre-eux, pour permettre de les identifier, mais surtout d'éviter de prendre leurs travers.

Le premier sentiment lorsqu'on utilise Twitter, c'est une impression de liberté d'expression que l'on retrouve peu dans les autres réseaux sociaux, ainsi qu'une richesse de profils avec beaucoup de gens intéressants, parfois drôles, parfois critiques et surtout très réactifs ! Twitter c'est également l'occasion d'engager la discussion avec des personnes a priori inaccessibles et, pour ces dernières, d'avoir un feedback instantané sur la façon dont elles sont perçues par le public.

L'objectif, parfois non avoué, de la plupart des utilisateurs ayant un compte Twitter ouvert au public c'est d'augmenter leur nombre de followers. Quitte à écrire des choses publiquement, autant que ce soit lu par un grand nombre de personnes et que cela génère un feedback. Dès lors, cela devient un jeu. Lorsque l'on est une personnalité ou une marque connue c'est assez automatique. Dans le cas contraire, chacun développe sa propre stratégie pour générer de l'engagement, en partant du choix et du volume de ce qu'il publie, jusqu'au choix des personnes à suivre et des tweets à retweeter ou à mettre en favoris. La façon dont vous utilisez Twitter, en quantité et en qualité, définit la manière dont les autres vont vous percevoir
La star est à peu de choses près le twittos parfait. C'est le profil-type auquel un grand nombre de twittos aspirent. Il twitte régulièrement mais pas trop. Il possède un taux d'engagement record, c'est-à-dire qu'à chaque fois qu'il publie quelque chose, son tweet est retweeté et mis en favoris un grand nombre de fois. Il retweete de temps en temps des tweets d'autres utilisateurs, de préférence ceux qui parlent de lui et encore plus s'ils émanent d'autres stars. 

Les stars élitistes ont un nombre très réduit d'abonnements, souvent des stars de leur entourage, notamment afin d'éviter de recevoir des messages privés à longueur de journée. Attention, cela peut parfois être perçu comme du dédain de la part de leurs followers. Prenez Michel Polnareff, il pousse le concept à l'extrême, puisqu'il ne suit personne ! Certaines stars en revanche suivent un nombre assez important de personnes, de plusieurs dizaines de milliers à quelques centaines de milliers. La question que l'on se pose dans ce cas : est-ce vraiment elle aux commandes de son compte ? A quoi ressemble sa timeline ? C'est le cas par exemples de Barack Obama (plus d'un demi million d'abonnements) ou Nikos Aliagas en France (plus de 50 000). Dans ce dernier cas, avec plus de 80 000 tweets depuis août 2010, cela représente quasiment 50 tweets par jour, week-end et jours fériés compris ! Et encore, ce n'est que son activité sur Twitter. Mais le public le lui rend bien puisqu'avec plus de 700 000 abonnés il a plus de followers que l'émission qu'il anime sur TF1.
Le robot suit plein de personnes, notamment une pelletée de stars. Des gens le suivent, en grande partie d'autres robots, mais il ne tweete et retweete jamais ! Les raisons qui nous poussent à consulter le profil de quelqu'un pour en savoir plus sont en premier lieu sa photo et son nom, car c'est ce que l'on voit dans son fil d'actualités (sa timeline). Un profil sans photo est représenté par défaut par un œuf sur un fond de couleur. C'est la photo de la plupart des robots. Un utilisateur dont la photo est un œuf indique directement qu'il s'agit de quelqu'un qui ne souhaite pas s'investir dans Twitter, pourquoi donc le suivre ? Si vous ne souhaitez pas être perçus comme un robot, mettez une photo de profil, de préférence jolie et bien cadrée ! Si vous souhaitez voir des robots, consultez les abonnés de Marine Le Pen, un vrai aspirateur à droïdes.

Mi-robot, mi-mort, le zombie suit plein de personnes, mais ne fait absolument rien de lui-même. Il a mis une photo de profil, a décidé de suivre des personnes mais a arrêté là ses activités manuelles. Dans certains cas il aura installé quelques outils automatisés pour publier chaque jour le nombre de personnes qui l'ont suivies ou qui ont arrêté de le suivre, le genre de trucs qui ne servent à rien et qui énervent les gens qui vous suivent. Si vous décidez de le suivre, il va publier automatiquement un tweet pour vous remercier de le suivre. C'est simple, si vous regardez sa timeline, elle est remplie de lignes de ce type. Comble du raffinement pour un zombie: vous suivre une fraction de seconde pour vous glisser un message privé de remerciement, puis arrêter de vous suivre. Si vous souhaitez lui répondre, ce n'est pas possible. Pour moi c'est rédhibitoire. Si vous ne souhaitez pas être perçu comme un zombie, coupez vos scripts qui publient automatiquement des tweets. 
Le fake (factice) aimerait faire croire qu'il est célèbre. Il copie donc la star afin d'avoir un profil qui lui ressemble. Il tweete sans arrêt et aime parler de lui-même. A voir son nombre de followers, on se dit que la nation entière le suit mais, bizarrement, personne n'interagit. Il retweete peu car cela montrerait qu'il s'intéresse plus aux autres qu'on ne s'intéresse à lui. Il le ferait bien volontiers si on parlait de lui, mais ce moment tarde à arriver.
Il n'hésitera pas dans certains cas à arrêter de suivre quelqu'un pour accentuer son ratio d'abonnements et d'abonnés, un indicateur clé pour lui ! Régulièrement, il cite des stars dans ses tweets, comme s'il les connaissait personnellement. Pourquoi ? Vous savez, les stars aiment retweeter les personnes qui les citent !
Comment a-t-il obtenu ses premiers followers ? Ses followers sont en partie des robots ou d'autres fakes. Il existe en effet des programmes permettant d'acheter quelques milliers de followers pour une poignée de dollars. Vous l'aurez compris ce sont des faux profils ou d'autres personnes ayant également acheté leur prétendue notoriété. Une fois qu'il a atteint un certain nombre de followers, c'est gagné ! Tout le monde pense alors qu'il est célèbre et le suit. Qui par exemple ? Cherchez bien, je suis sûr que vous en avez au moins un en tête !
Un grand nombre de personnes suivent toutankhamon, pourtant cela fait des mois que la momie n'a pas bougé le petit doigt. Pas le moindre tweet, retweet ou favori. Est-elle encore vivante ? Mystère ! Suivons-la au cas où elle se réveille ! Xavier Niel par exemple a publié 18 tweets depuis novembre 2008 et est suivi par plus de 100 000 personnes. Vous avez donc environ 6 mois pour le suivre avant son prochain tweet. Mais soyez prêts car ses tweets sont d'autant plus intenses qu'ils sont très rares.
Lorsque vous tweetez, gollum sort parfois de nulle part et met vos tweets en favoris, pourtant il ne tweete jamais et ne vous suit pas. Il attend probablement que vous le suiviez pour vous suivre en retour, à moins que ce soit un fétichiste des tweets. Dans la pratique, il s'agit la plupart du temps de personnes ayant installé des outils permettant de faire ce que l'on appelle de l'autofav, c'est-à-dire mettre automatiquement en favoris les tweets contenant certains mots-clés. Passez votre chemin, Gollum n'aime que mettre des tweets en favoris. 
La vraie bonne raison de suivre un compte Twitter, c'est avant tout parce qu'il publie des choses intéressantes ou que c'est une personne ou une marque que vous appréciez. Dans les faits, des personnes vont parfois vous suivre sans que vous ayiez le moindre point commun, ni même que vous parliez la même langue: un e-commerçant en Russie, une spécialiste du webmarketing américaine, ce sont des CowBoys ! Le CowBoy suit tout ce qui bouge, twitte souvent dans une autre langue que la votre, ne possède aucun centre d'intérêt en commun avec vous, mais a décidé d'être votre meilleur ami. Ne vous méprenez pas, si vous ne le suivez pas en retour, il se désabonnera d'ici quelques jours. Certes, vous vous dîtes qu'un follower de plus c'est toujours cela de pris, mais soyez conscient qu'il n'interagira jamais avec vous. Et pour cause, il n'a pas la moindre idée de ce que vous dîtes. Le suivre, c'est un pas de plus vers le fake !
Le curateur est un peu le bibliothécaire de Twitter. Il met tout en favoris et publie sa "curation" en citant toutes les personnes dont il a collecté les tweets. En tant que tel, rien à lui reprocher, si ce n'est que ce serait tellement plus simple qu'il vous retweete plutôt que de faire un mille-feuilles à l'aide des tweets qu'il a collecté. Le curateur est assez simple à repérer puisque l'ensemble de sa timeline est généralement composée de liens vers des sites tels que Scoop.It ou Paper.Li. Il annonce périodiquement la mise en ligne de sa curation avec une phrase du type "MonBeauJournal est sorti de presse" ou en anglais "MyNewsPaper is out!". Lorsque la curation est publiée, il s'est déjà écoulé un certain temps et vous avez généralement eu le temps de voir l'actualité passer plusieurs fois ! De plus, lorsque vous cliquez sur un tel lien, vous n'avez aucune idée de ce que vous allez y trouver. Pour ma part je passe mon chemin.
Le troll a toujours existé. Avant d'être sur les réseaux sociaux, il existait déjà sur les forums, et il existait probablement déjà dans les cavernes. N'ayant vraisemblablement pas grand chose à apporter au niveau rédactionnel, il passe son temps à faire de la provocation en tweetant des insultes, de préférence en réponse à des tweets de personnalités. Quand il ne répond pas aux autres, il publie des tweets avec de l'humour noir, parfois choquant. Son but ? Se faire remarquer, notamment des autres trolls. Il donne du fil à retordre aux community managers du monde entier car lorsqu'il s'attaque à quelqu'un, il ne le lâche plus. Son agressivité peut être lié à un vieux contentieux, auquel cas la discussion peut permettre de l'amadouer, mais elle peut être tout simplement gratuite, auquel cas la discussion ne fera qu'alimenter son stratagème !
D'autres serial twittos ?
Evidemment, il s'agit d'une caricature et les twittos sont des gens charmants. Si vous avez d'autres profils en tête, n'hésitez pas à faire part de vos découvertes !

© Dessins par Rudy Salin, CCM Benchmark.