Repenser la logistique du e-commerce
Nous vivons un véritable chamboulement de modes de livraisons avec un focus identifié sur la gestion du dernier mètre. Si le secteur du transport est impacté, quels seraient les conséquences à prévoir sur le domaine de la e-logistique ?
Comme le souligne Jérome Libeskind dans un article paru dans Lesechos.fr, « les transporteurs n’ont pas encore su anticiper le virage du e-commerce » et le marché s’est laissé envahir par de jeunes start-up comme Colisweb ou Deliver.ee.
Ce phénomène porté par Amazon a contribué à modifier les
comportements de consommateurs que nous sommes. Avoir gouté au plaisir procuré
par une livraison le lendemain nous a transformé : C’est le cœur du
programme de fidélité Premium : Recevoir sa commande le lendemain aux
aurores devient normal, une livraison à J+2 serait donc « has been ».
Reconnaissons que c’est parfois un confort inutile, c’est une stratégie qui nous
dévie des autres sites marchands et nous éloigne de nos magasins de quartier. Cela
est devenu une habitude, le besoin est créé, ce sera clairement le standard de
demain.
Nous assistons à une mutation fondamentale qui continuera à faire naître de nous
nouveaux acteurs capables de répondre en tout ou partie à cette nouvelle donne pour
la gestion du dernier mètre. Seulement il est fort à parier que c’est l’intégralité
de la chaine de la e-logistique qui devra être repensée.
Génération "J+"
La e-logistique a aujourd’hui 15 ans et s’est construite grâce
au développement du e-commerce, certes ; Mais c’est avant tout parce qu’aucun
prestataire logistique B to B traditionnel ne savait apporter de réponse à ce marché.
Le e-commerce, trop souvent considéré comme un canal de distribution « marginal »
par les grands acteurs du marché, la e-logistique a vu naître à partir des
années 2000 des « spécialistes » comme L4-logistics, Crosslog ou
Morin. Dédiées au marché du e-commerce, ces « nouvelles » organisations
ont insufflé une réponse logistique experte aux problématiques de l’époque :
une gestion des commandes fines couplée à un système d’informations innovant et
un plan de transport adapté. Même si aujourd’hui ces offres continuent à
répondre globalement aux besoins du marché, elles risquent de souffrir des
nouvelles tendances évoquées en amont. Le schéma actuel structuré autour d’un
entrepôt central situé parfois à quelques centaines de kilomètres des villes ne
répond pas aux exigences d’aujourd’hui. A l’exception des quelques acteurs
comme Amazon ou Sarenza qui pourront s’offrir une livraison express le
lendemain, il sera difficile pour la plupart des marchands de suivre la
tendance trop couteuse.
Génération "H plus"
La logistique du e-commerce doit donc être repensée. Autrefois construite autour de process efficients, dédiés et guidée par des choix économiques, elle doit désormais être totalement tournée vers le client final, et exister tout autour de lui pour être omni présente partout, ou qu’il soit et à tous les moments de sa vie et de son parcours d’achat : C’est la naissance de l’Omni-logistique.L’omni-logistique est une réponse apportée aux nouvelles problématiques posées par le développement de l’omnicanal.
En effet, un des phénomènes le plus marquant dans le développement des ventes
en ligne est la croissance des offres délivrées grâce au web-to-store. Leur
croissance est phénoménale. Si l’e-réservation permet de mettre à disposition
du client dans un magasin une commande passée deux heures auparavant sur un
site marchand, ce sont autant de commandes qui sont détournées du schéma de la e-logistique
traditionnelle. Si cette même commande est désormais livrée à sa demande au
domicile du client une heure plus tard, il est fort à parier que l’omni-logistique
prendra effectivement le dessus sur la e-logistique traditionnelle.
Reste à présent à connaitre les limites de cette probable migration.
Un stock centralisé dans un entrepôt a toujours l’avantage d’offrir au même instant une largeur de gamme et une profondeur de stock que très peu de d’enseignes peuvent s’offrir en magasin : C’est clairement vérifié pour le secteur de la mode mais c’est beaucoup moins vrai pour les enseignes de la cosmétique. Même si les vendeurs des enseignes de réseaux ne deviendront pas demain des préparateurs de commandes, il est à prévoir qu’ils deviendront bientôt des acteurs essentiels des ventes digitales aux services de clients devenus omnicanaux. Leur métier évoluera donc très rapidement. Préparons-nous…
Ces nouveaux phénomènes revêtent un aspect extraordinaire et inattendu. Longtemps considéré comme un « ennemi » ou un concurrent du magasin, le web serait devenu son meilleur allié ? Quel magnifique contre-pied ! Cela reste à nuancer, et trop de spéculations ont nuit au développement du digital chez certaines enseignes et marques « frileuses ». Parler de la revanche du magasin sur le web ne ferait qu’entretenir cette spéculation : la vraie réponse se situe chez le client qui a su évolué à travers son époque et créé cette omnicanalité. Nous ne sommes qu’au début de l’histoire qui reste encore à écrire, je vous promets une suite riche de nouvelles idées...