Lutte contre le terrorisme : les graphes inventent le futur de l’e-gouvernement

De plus en plus de services publics étudient la façon dont les bases de données de graphes peuvent les aider. Cette technologie concourt au futur de l’e-gouvernement et dans le monde entier. L'application en matière de lutte anti-terroriste en est un des exemples.

L’attention des clients gouvernementaux qui travaillent avec des entreprises spécialisées dans le domaine des graphes se concentre sur cette question : comment être sûr qu’une personne est bien celle qu’elle prétend être lorsqu’elle se présente à la frontière ?

Identifier les candidats à l’immigration

Prenons l’exemple d’un des pays qui enregistre un taux élevé d’immigration, mais ne donne pas forcément le droit de résider et de travailler sur son territoire. Il est possible de demander à un certain nombre de visiteurs et de résidents temporaires de quitter le pays. Mais ils peuvent se représenter à la frontière sous un nom légèrement différent. Comment reconnaître un nouveau candidat à l’immigration d’un autre, déjà refusé, et qui tenterait sa chance sous une nouvelle identité ?

Cette pratique frauduleuse accroît considérablement le nombre de noms et d’identités dupliqués à examiner. Une technologie de bases de données de graphes excelle à la contrer. Elle sait passer au crible des volumes colossaux de données en temps réel. Une qualité fondamentale pour tout agent assurant la sécurité à la frontière et qui a besoin d’une aide à la prise de décision.

Le principe est analogue à celui de l’identification d’ADN : il s’agit de comparer un profil avec un autre. S’ils correspondent parfaitement, on tient un suspect. S’ils se ressemblent à 80% ou 90%, alors peut-être que le suspect est un membre de la famille.

Les graphes peuvent aider les gouvernements à repérer les modèles et les connexions afin d’identiifer si un candidat à l’immigration qui se présente sous un nouveau nom mais avec la même date et le même lieu de naissance qu’un autre profil, précédemment recalé, est réellement un "profil familier".

Savoir qui appelle qui

Domaine connexe : les télécoms. Bien que les énormes volumes de données des opérateurs ne soient pas du ressort du gouvernement, ils représentent une manne pour les services de sécurité et les autorités en charge de faire appliquer la loi. Les données des télécoms révèlent un grand nombre d’informations utiles comme les connexions qui existent entre les citoyens.

Lorsque deux personnes suspectes appellent toujours le même numéro à l’étranger, il existe une relation qu’il faut découvrir : dans le contexte de l’immigration, ces communications peuvent prouver une relation familiale et dans un contexte de sécurité, elles peuvent révéler une association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste.

La technologie de graphes réussit brillamment à exploiter ces données là où les bases de données relationnelles (SGBDR) échouent car elle permet de modéliser facilement les relations en temps réel. Et si on croise les données criminelles à celles liées aux profils des personnes examinées, un grand nombre de connexions peuvent être établies. Connexions qui passeraient inaperçues ou éventuellement révélées trop tard.

Avoir une vision 360

Certaines administrations parmi les plus ambitieuses souhaitent décloisonner et connecter leurs services. Les gouvernements détiennent énormément de données et de métadonnées, mais encore une fois, tout comme dans le monde de l’entreprise, il est difficile de les rassembler pour obtenir des vues cohérentes et détaillées sur les citoyens.

Le master data management (MDM) est le pivot d’une connexion naturelle entre ces données éparses. Et pour les gouvernements, les bases de données de graphes pourraient constituer une solution nationale de master data management, un moyen de relier, enfin, de grands référentiels d’ensembles disjoints et de créer un ensemble plus unifié.

Afin d’obtenir une vision 360, il faut centraliser toutes les données et les interconnecter. Compte tenu de l’organisation des ministères au sein du gouvernement, seule une base de données de graphes peut permettre de construire un répertoire de style MDM qui stockera les métadonnées les plus utiles, y compris celles sur l’emplacement des données stratégiques.

Les enjeux sont non seulement de mieux se protéger contre le terrorisme mais aussi de fournir une véritable base d’aide à la décision politique, pilotée par les données, des informations d’État riches et détaillées. Ce qui devrait totalement changer la donne.

De plus, des questions et des contrôles inutiles peuvent être évités à ceux qui n’enfreignent pas les lois.

Créer les futures applications

Des discussions avec des clients et prospects du secteur public, prouvent que ce n’est que le début. Que diriez-vous d'un système bien informé au sujet d’une population et de son utilisation du téléphone mobile qui pourrait, en quelques secondes, avertir efficacement tout le monde d’une alerte à la bombe ? Que diriez-vous de faire un lien étroit entre les données des citoyens et celles géographiques du secteur public, afin que les questions sociales soient identifiées et cartographiées avant que les chercheurs en sciences sociales fassent leur travail de terrain ?

Imaginez des cartes interactives par quartier où on ne verrait pas seulement quels crimes sont commis, mais aussi leurs causes et ce, pour élaborer des stratégies fondées sur les faits et remédier aux problèmes ? 

Et si on pouvait suivre de très près les transactions ? En découvrant ces flux cachés, trop complexes à surprendre par des approches traditionnelles relationnelles, on pourrait enrayer la fraude à l’impôt, la criminalité en col blanc et le terrorisme.

Dans chacun de ces scénarios, une base de données de graphes est l’outil stratégique d’aide à la prise de décision politique et les institutions se tournent de plus en plus vers cette technologie. La science des données réelles appliquées aux domaines de la sécurité et des questions sociales offre un réel espoir pour l’avenir.