La livraison, au cœur des TPE-PME françaises tournées vers l'international

L'e-commerce représente une opportunité inédite de croissance pour les plus de 3 millions de très petites et moyennes entreprises qui réalisent chaque année 36% du chiffre d’affaires total des entreprises françaises, selon la directrice générale d'eBay France.

Parue début juin 2017, l’étude de l’ARCEP et de la DGE sur le marché du colis transfrontière est l’occasion de revenir sur une thématique importante pour les TPE-PME qui se lancent en ligne et à l’export : la livraison. En effet, pour bien appréhender les enjeux de l’infrastructure numérique dans le e-commerce, il est essentiel de s’intéresser à la logistique postale. Il s’agit d'un enjeu clé permettant de débloquer les capacités des entreprises et de développer leurs ventes.  Par son potentiel d’ouverture à une clientèle internationale, il est essentiel de rendre le marché du colis européen efficace, accessible et abordable pour toutes les TPE-PME françaises qui souhaitent exporter en ligne.

La logistique, un frein pour les petits e-commerçants

Pour un e-commerçant, la livraison est le principal facteur pouvant faciliter le développement de ses ventes. L’ARCEP et la DGE ont pourtant constaté que la logistique constitue le 2ème frein à l’export rencontré par les e-commerçants français (pour 35% des interrogés), nettement devant le marketing (26%) ou la relation client (24%). Selon l’étude de l’ARCEP, les petits e-commerçants français sont confrontés à une offre logistique moins développée que dans d’autres pays européens en ce qui concerne les envois à l’international. En effet, dans d’autres pays tels que le Royaume-Uni ou encore l’Allemagne, des offres alternatives aux opérateurs historiques et aux expressistes (DHL, UPS, Fedex…), tels que les spécialistes colis ou les grossistes intégrateurs, sont déjà solidement implantées.

L’ARCEP et de la DGE pointent du doigt le coût, venant limiter la compétitivité prix des e-commerçants français, notamment pour l’export de produits « Made In France » en Asie ou en Amérique. Mais loin des idées reçues, la question des tarifs ne constitue pas la totalité du sujet de la livraison pour les TPE-PME qui se lancent en ligne. La qualité et le contenu de l’offre (délais de livraison, suivi des colis, gestion des retours, points de livraison) sont aussi des points cruciaux, qui vont de pair avec sa lisibilité d’ensemble. Ainsi, pour l’ARCEP et la DGE, l’offre de livraison reste en général complexe et mal connue des e-commerçants, ce qui limite fortement son accessibilité.

Enfin, la gestion des procédures réglementaires et douanières locales, même au sein de l’Union Européenne, reste problématique. De fait, l’hétérogénéité des taux de TVA au sein de l’UE et les obligations d’enregistrement à l’étranger représentent une contrainte particulièrement forte car peu de petits e-commerçants disposent des ressources et des connaissances nécessaires pour s’y conformer. Hors de l’UE, les formalités douanières peuvent aussi être un obstacle majeur.

Un écart qui se creuse

L’ensemble de ces éléments tend à creuser l’écart entre grands et petits acteurs du e-commerce. Les premiers ont généralement la capacité de mettre en place des solutions logistiques compétitives. Ils peuvent également utiliser leurs volumes pour obtenir des conditions de prix et de service avantageux de la part de leurs prestataires logistiques. Ils disposent aussi des ressources humaines suffisantes à dédier à plein temps à l’optimisation de ces solutions. Les petits, en revanche, n’ont accès qu’à un choix de logistique restreint de par leurs compétences, leurs volumes, et moyens limités. 

L’enjeu est pourtant majeur : la participation pleine et légitime des TPE-PME au commerce mondial, rendue compétitive grâce au e-commerce, aux côtés des plus gros. Afin de permettre l’émergence d’un marché de livraison de colis fiable, efficace, et transparent, la priorité devrait ainsi être donnée aux sujets suivants :

  1. Encourager la croissance des TPE-PME du e-commerce en simplifiant et en adaptant les services qui leur sont proposés. De nombreux vendeurs rencontrent des difficultés pour accéder à des offres compétitives de services de livraison, car les modèles de comptes utilisés par les fournisseurs logistiques sont pour la plupart destinés aux plus gros volumes. Une situation révélatrice de niveaux de services inadaptés au monde de « la livraison de la multitude vers la multitude », auquel la révolution du commerce électronique a donné naissance, en lieu et place des grands groupes spécialisés dans l’import-export.
  2. L’interopérabilité et la standardisation. Elles sont aujourd’hui inexistantes pour les tailles de colis ou les étiquettes, ou encore pour la définition du « suivi » et recouvrant ses divers aspects techniques. Si des initiatives ont émergé dans le domaine des retours, comme la Solution Easy Return de l’International Post Corporation (IPC), il n’y a aujourd’hui pas de standard équivalent pour la livraison initiale (en partance). Une standardisation et des définitions communes des niveaux de services faciliteraient également la comparaison des produits et la concurrence.
  3. La transparence des prix et des services. Dans la droite ligne de la proposition de règlement de la Commission européenne, la création d’un « guichet unique » en ligne est préconisée. Recensant toute l’information nécessaire aux e-commerçants, il pourrait leur permettre un accès facilité à l’information sur la livraison dans les pays qu’ils visent.

L’adoption de telles mesures par nos politiques permettraient de soutenir le développement international des TPE-PME françaises et augmenteraient le nombre de PME françaises exportatrices.