Comment se lancer dans le m-commerce Application ou site mobile ?

"Pour l'instant, il y a les applications iPhone et le reste du monde : des applications java dans un environnement hétérogène", estime Damien Bousson. D'où le débat : faut-il développer une application iPhone, un site mobile compatible avec d'autres téléphones, ou les deux ? Ce qui se résume à une question de cible : la population détentrice d'un iPhone suffit-elle au marchand, ou veut-il toucher tout le monde ?

Rue du Commerce a opté pour la dernière réponse. Au lancement de son application en novembre 2008, 70 % du parc des téléphones portables français était couvert. Aujourd'hui la couverture est de 95 %. "Cela demande de s'adapter à tous les nouveaux types de mobiles qui sortent, ce qui signifie de nouveaux développements tous les un ou deux mois", souligne Thomas Meudec. Chez Voyages-Sncf, dont le site mobile lancé en novembre 2007 aurait rapporté 1 million d'euros en 2008, on a lancé une version du site optimisée pour l'iPhone en mai 2008, avant de proposer en avril 2009 une nouvelle version optimisée pour l'ensemble des terminaux tactiles.

"L'iPhone est souvent à l'origine de plus de 50 % des achats sur un site de m-commerce"

Le PDG d'Apocope conseille également de ne pas se restreindre à l'iPhone, même si son caractère événementiel important peut suffire pour des premiers pas dans le m-commerce. Typiquement, les marques de luxe peuvent dans un premier temps décider de ne toucher que les téléphones haut de gamme. A l'inverse, les projets en développement dans l'administration s'imposent d'adresser tout le monde.

"Beaucoup de clients viennent nous voir avec une envie de développer une application pour l'iPhone, c'est une tendance qui ne se dément pas depuis deux ans", confirme Vincent Frattaroli, chez Backelite. Qui ajoute : "l'iPhone génère en moyenne 30 à 60 % de l'audience d'un site mobile, il est donc de loin le terminal le plus générateur d'usage. Il surperforme également pour les ventes, étant souvent à l'origine de plus de 50 % des achats sur un site de m-commerce." Mettre tous ses investissements sur ce terminal permet par conséquent de limiter les dépenses initiales en ne sacrifiant que la moitié de l'audience.

"Nous recommandons toutefois de développer aussi un site compatible avec les autres modèles de téléphones, pour ne pas se couper de la moitié du marché qui va progresser, ajoute le dirigeant de Backelite. Les parcs Android, Blackberry et Nokia sont encore peu étendus, mais dans les mois et années à venir ils ne peuvent que revenir dans la course." Que l'iPhone s'adjuge 50 % du trafic et des ventes de m-commerce est d'après lui anormal. De plus, développer un site mobile serait plutôt moins onéreux qu'une application iPhone : la technologie propriétaire d'Apple est plus complexe, les développeurs plus rares, les clients finaux plus exigeants...

L'iPhone présente cependant d'autres avantages. Notamment sa technologie native permettant d'accéder facilement au carnet d'adresse à partir de l'application. Il est facile de transférer une offre à l'un de ses contacts, ce qui est impossible sur un site mobile. La possibilité que donne Apple à l'éditeur de l'application de pousser gratuitement un message sur l'écran d'accueil de l'iPhone peut également être très intéressante pour un marchand qui voudrait annoncer une vente ou une promotion. Et en particulier nettement moins chère que l'envoi massif de SMS.