Cinq étapes pour réussir l'industrialisation d'un projet IoT

Cinq étapes pour réussir l'industrialisation d'un projet IoT Réussir à passer du POC à un déploiement à grande échelle nécessite une réflexion en amont de la part des entreprises, que beaucoup d'entre elles oublient. Des fabricants livrent leurs principales clés de succès.

Dans l'IoT, le temps est venu du passage à l'échelle mais les exemples de déploiement à grand volume restent limités. "Un grand nombre de projets échouent car les clients s'attendent à avoir une solution clé en main et oublient des étapes indispensables aux déploiements en grand volumes", justifie Olivier Lacombe, fondateur de l'agence digitale Subvitamine.

Le premier conseil que donnent les fabricants interrogés aux entreprises est de bien définir leur besoin et la stratégie à adopter. "De l'usage dépend le choix du capteur, du fabricant auquel s'adresser, du réseau de communication, etc.", poursuit Olivier Lacombe. L'important est selon lui de trouver dans l'IoT une valeur supplémentaire à l'information transmise par le capteur. "Les difficultés d'intégration sont liées à la capacité à fournir une donnée exploitable. Par exemple dans le suivi de médicaments, la géolocalisation ne suffit pas pour rentabiliser le coût de déploiement. Avoir la température, une estimation du meilleur moment où les expédier et par quel itinéraire permet de tirer bénéfice de la solution", confirme Laurent Rousseau, PDG d'Oceasoft, concepteur français de capteurs intelligents et connectés pour l'industrie.

Le deuxième élément phare avant de lancer un projet IoT réside dans le calcul du ROI. "J'amène les clients à le calculer au plus vite car, dans le cas contraire, l'échec du projet est assuré. Ce calcul permet de savoir quel volume d'objets permet d'amortir l'investissement", souligne Laurent Rousseau. Un déploiement à grande échelle revient en effet à plusieurs millions d'euros et l'ajout de briques technologiques pèse sur les budgets. "Le problème avec l'IoT, c'est que le champ des possibles est énorme. En se rendant compte au fil du projet des options permises par la technologie, nos clients ont tendance à dévier des besoins initiaux et à s'enliser", raconte Yanis Cottard, président d'Altyor, groupe français spécialisé dans la conception et la fabrication d'objets connectés.

9 à 12 mois pour du sur-mesure

Ce choix des capteurs et des volumes détermine si la solution doit être sélectionnée sur étagère ou sur-mesure. "Les clients ne savent pas toujours quelle option leur correspond le mieux", remarque James Newton, directeur commercial d'Altyor. Une solution sur étagère, idéale pour quelques milliers d'objets d'après lui, permet d'avoir un produit éprouvé et rapidement mis en œuvre. "L'inconvénient est que le client devra faire un gros travail de recherche pour trouver l'appareil adéquat et n'aura au final aucune maîtrise dessus, il sera dépendant du fournisseur, pointe-t-il. A l'inverse, le sur-mesure offre la personnalisation pour répondre à un besoin spécifique et se révèle moins onéreux pour les gros volumes, de plus de 10 000 capteurs. Il faut néanmoins être conscient que le projet, de la phase de design à son déploiement, prend entre neuf et douze mois." 

Autre point clé : l'organisation. "Il est essentiel de ne pas traiter l'IoT comme un projet de la DSI, estime Samir Djendoubi, CEO et stratège IoT chez IoTBox, distributeur français de solutions d'IoT industriel. Il est essentiel de définir qui va se charger de manager le projet, de le déployer et d'en assurer la maintenance. L'IoT nécessite une dizaine de compétences, il ne faut pas sous-estimer cet effort." Le CEO met aussi en avant le suivi de la prise en main par les utilisateurs finaux, pour éviter que la solution développée dans l'entreprise ne soit pas adoptée.

Altyor met par ailleurs en garde contre les éléments cachés au premier abord, comme la sécurité, le cycle de vie du produit ou des contraintes législatives. "Le temps des certifications des équipements pour les déploiements massifs, qui s'étendent à l'étranger, est souvent négligé", constate James Newton. "La qualité de service est une clé de succès", assure Samir Djendoubi. Ces contraintes peu anticipées expliquent, pour le think tank Idate DigiWorld, la raison pour laquelle les estimations sur le nombre d'objets connectés déployés sont revues à la baisse. De fait, selon l'Arcep, le rythme de croissance du nombre d'objets connectés en France ralentit au troisième trimestre 2019.