Le mesh met ses atouts au profit de la géolocalisation indoor

Le mesh met ses atouts au profit de la géolocalisation indoor L'éditeur Synox et le fabricant Ela Innovation ont déployé du Wirepas mesh dans les tunnels de la SNCF pour tirer parti de sa portée, de sa consommation d'énergie et de son prix.

La géolocalisation indoor est l'un des sujets prioritaires de la SNCF. A la fois pour traquer et inventorier son matériel en entrepôt, mais aussi pour localiser ses techniciens présents dans les tunnels, lors des travaux de maintenance de ses lignes. Le groupe ferroviaire a travaillé avec l'éditeur Synox, le fabricant Ela Innovation et le fournisseur de réseaux Wirepas pour mettre au point une solution IoT bidirectionnelle, peu coûteuse et simple d'utilisation en moins de trois mois. Son objectif : localiser les travailleurs présents dans le tunnel du RER C au cours des travaux estivaux et pouvoir les alerter en cas d'évacuation. "Nous avons d'abord étudié le Wi-Fi puis la RFID, mais ils présentaient la contrainte de devoir installer de nombreuses antennes", se souvient Emmanuel Mouton, CEO de Synox. Finalement, c'est le Wirepas mesh qui a retenu son attention pour sa rapidité d'installation sur les huit kilomètres de tunnel.

C'est avant tout la portée offerte par cette connectivité qui a interpellé Emmanuel Mouton. "Les tags, qui consomment peu d'énergie, servent de relais à l'information, ce qui accroît la portée du réseau et permet de l'étendre en fonction de l'avancée des travaux", témoigne-t-il. La SNCF tenait en effet à avoir une solution extensible et autonome en énergie. "Nous proposons une gestion intelligente de la batterie : la position du travailleur est communiquée toutes les minutes si le tag qu'il porte est en mouvement, puis toutes les heures quand il est immobile. Cela nous permet de garantir une durée de vie entre cinq et huit ans", précise Pierre Bonzom, CEO d'Ela Innovation.

30 euros par an et par travailleur

Autre atout du mesh, la sécurité renforcée de la norme 5.1, apte à convaincre les industriels jusqu'alors orientés vers d'autres protocoles. "Le bluetooth mesh est récent, il a été normalisé il y a seulement deux ans donc il reste peu connu en entreprise alors qu'il présente plusieurs avantages, notamment son coût", souligne Alexis Polegato, CTO de NodOn, fabricant d'accessoires pour la maison connectée. Le mesh représente une dépense identique à celle du bluetooth et de la RFID, avec des tags commercialisés pour une dizaine de dollars à l'unité. Le coût total d'acquisition pour la SNCF revient à 30 euros par an et par travailleur.

Pour Emmanuel Mouton, le mesh répond parfaitement aux contraintes indoor en évitant les interférences. De son côté, le bureau d'étude Rtone met en avant la possibilité de créer des groupes de produits et des scénarii, à l'image de ce qui se fait dans la domotique : "Il est possible de programmer une action pour un groupe de beacon", explique Didier Midroit, IoT maker et directeur du développement. Et donc d'envoyer des notifications aux travailleurs d'un sous-traitant de la SNCF en particulier par exemple.

Grâce au mesh, Synox présente sur sa plateforme une cartographie du tunnel avec une position des personnes affichée en fonction de la latitude, de la longitude et de la hauteur. Plus de 600 beacons mobiles ont été distribués aux travailleurs, ils remontent les positions à 370 ancres Wirepas mesh installées tous les 25 mètres, qui elles-mêmes transmettent l'information à trois passerelles Linux pour que les données soient analysées sur les plateformes.

Une géolocalisation par triangulation

S'il répond aux impératifs de la SNCF, le protocole présente néanmoins des inconvénients. En premier lieu, "la remontée de l'information ne s'effectue pas en temps réel car, comme l'information est transmise de tag en tag, il y a une certaine latence", explique Emmanuel Mouton. Ce chemin de l'information est ce qui rebute Christophe Fourtet, directeur scientifique chez l'opérateur Sigfox : "Le mesh n'est pas viable selon moi car il faut gérer le réseau. Les tags servent de relais, il y aura toujours des points chauds régulièrement utilisés qui s'useront plus vite et pour lesquels il faudra changer la batterie, une contrainte de maintenance trop importante."

Autre obstacle, le mesh apporte une précision de localisation en dessous du mètre, mais reste éloigné des solutions au centimètre près, comme l'ultra wideband, sans ajout d'ancres. "Le mesh permet de localiser un actif en calculant l'angle du message à partir de deux ancres (grâce à une nouvelle fonctionnalité de radiogoniométrie, ndlr), détaille Chékib Gharbi, directeur du cluster CITC, dédié à l'IoT. Par contre, il faut veiller à avoir des installations bénéficiant du protocole 5.1, mis en place depuis le début de l'année, sinon ce ne sera pas possible."

Pour pallier ce problème de précision des tags, le fabricant de solutions IoT Editag a mis au point une technologie de synthèse entre la RFID et le capteur IoT pour apporter à ses clients une hyperlocalisation. "Il y a actuellement de forts besoins en géolocalisation indoor, notamment dans le BTP, le médical et le tracking dans les usines à l'international", constate Frédéric Pithoud, PDG d'Editag, qui prépare une internationalisation de sa solution sur le continent nord-américain.