Avec l'IoT, Michelin accélère sa transformation vers l'offre de services

Avec l'IoT, Michelin accélère sa transformation vers l'offre de services Le fabricant a développé pour la compétition Formule E un pneu connecté, dont les briques technologiques seront utilisées pour les pneus des flottes de poids lourds.

La Formule E a marqué pour Michelin une nouvelle étape dans son projet de pneu connecté. Pour cette compétition de voitures de course électriques, le fabricant de pneumatiques français, via son entité Services & Solutions Business Venture Connected Mobility, a mis au point avec Microsoft et la société française Rtone, qui développe des systèmes embarqués, une solution de pneu connecté intégrant un capteur pour en mesurer la pression à chaud et à froid sur chaque monoplace. L'objectif : veiller à ce que chaque écurie respecte les recommandations de la Fédération internationale de l'automobile et permettre à chaque participant de bénéficier des meilleures performances des pneus. Développé en six mois, à partir d'avril 2019, la solution a été exploitée lors de la saison 2020 de la compétition, dont la première course a eu lieu en novembre 2019 à Riyad.

Michelin a présenté ses résultats lors du salon Sido à Lyon, les 3 et 4 septembre dernier. "La Formule E nous a servi de laboratoire pour prouver que ce projet fonctionne", se réjouit Denis Martin, tire active monitoring road map leader chez Michelin. Avec ce capteur intégré, Michelin peut contrôler les quatre pneus de l'ensemble des voitures sur les circuits. "Il était jusqu'alors impossible de contrôler manuellement les 96 pneus des 24 voitures en lice en un temps raisonnable, souligne Denis Martin. Les vérifications étaient effectuées sur un échantillonnage. L'opération prenait entre cinq et dix minutes, quand aujourd'hui l'intégralité des pneus est surveillée en moins de quatre minutes de manière automatique." Les équipes ont par ailleurs pu acquérir un savoir-faire sur ce pneu connecté, avant un passage à l'échelle. Le coût de développement du projet n'est pas communiqué par Michelin, qui assure en retirer de nombreux bénéfices.

Les techniciens effectuent leur contrôle à l'aide d'une gateway traitant les données en local en edge computing. © Michelin

Le projet a également permis à Michelin de résoudre plusieurs problématiques. A commencer par la connectivité. "Les pays accueillant le championnat ne disposent pas tous d'un bon niveau de couverture par les réseaux spécialisés sur l'IoT", explique Denis Martin, qui n'a pas pu recourir au réseau Sigfox. Michelin a alors développé une gateway pour traiter les données des véhicules en edge computing sur un serveur local et les envoyer sur le cloud via les réseaux cellulaires. Car le principal défi des équipes était de maximiser leur vitesse d'exécution. "Microsoft est intervenu car le cloud Azure est flexible et ouvert, cette
flexibilité a donné aux développeurs la possibilité d'utiliser les mêmes outils et langages pour développer en central comme en périphérie et donc d'accélérer la mise en œuvre de ce projet IoT ambitieux", assure Xavier Perret, directeur Azure chez Microsoft France. Tester le pneu en milieu sportif a par ailleurs conforté Michelin quant à la résistance de la solution. "Concevoir un pneu connecté capable de mesurer des paramètres avec précision et de résister aux niveaux de sollicitation extrêmes que l'on rencontre en sport mécanique n'est pas évident", détaille Denis Martin.

"Nous sommes en mesure de les réutiliser dans la gestion de flottes de poids lourds"

Car l'objectif à terme de Michelin est d'adapter la solution pour offrir des services connectés à large échelle. "Ce mouvement est stratégique. Nous récoltons des données sur tout ce que nous pouvons pour valoriser nos offres, explique Steven Fink, Gafam partnership manager chez Michelin. Et cela s'est avéré pertinent pendant la crise sanitaire, où nos clients n'ont plus roulé mais avaient besoin d'informations sur l'état de leurs véhicules." Dans le cas du pneu connecté intégrant le capteur de pression, Michelin a développé les briques technologiques qui pourront servir à d'autres services. "Dans le long-terme, les capteurs remonteront d'autres informations que la pression et nous sommes déjà en mesure de les réutiliser dans la gestion de flottes de poids lourds", indique Denis Martin. 

Ce n'est pas le seul projet IoT lancé par Michelin dans cette optique. Le fabricant a mis en ligne au cours de l'été 2020 sa nouvelle plateforme digitale Maestro aux Etats-Unis pour faciliter la maintenance de flottes de véhicules via la mise en relation de fournisseurs de services, de flottes et des manufacturiers. Autre exemple, Michelin propose une offre "driving data to Intelligence" qui fournit du scoring et coaching de conduite grâce à l'analyse de données récoltées via l'installation d'un boîtier solaire dans les véhicules afin de permettre, entre autres, aux conducteurs qui le souhaitent d'obtenir des tarifs préférentiels sur leur assurance.