Comment Safran Aero Boosters met ChatGPT au cœur de son projet d'industrie 4.0
L'entreprise se base sur la technologie de ChatGPT pour enrichir sa transformation digitale avec le langage naturel. A terme, chacun des salariés pourra en bénéficier.
Pour Jean-Louis Jacquerie, chief data officer de Safran Aero Booster, ChatGPT incarne l'idée de fonctionnement d'un projet d'industrie 4.0. Il en fait donc la colonne vertébrale de la transformation digitale de son entreprise. "Ce qui m'anime est la création d'un moteur de recherche intuitif en langage conversationnel trouvant l'information dont a besoin un membre du personnel dans tous les systèmes d'informations – ressources humaines, le logiciel de gestion intégrée d'entreprise (ERP), le logiciel de gestion de la relation client (CRM), la finance, etc. – pour lui rendre le savoir accessible et lui apporter une réponse simplement", explique le CDO, qui fait l'analogie entre son projet d'industrie 4.0 et Waze : "Tous les collaborateurs, quel que soit leur métier, bénéficieront d'un système qui les guidera au quotidien pour que ses activités soient optimisées grâce à l'intégration des processus et au partage des informations en temps réel."
Les équipes de Jean-Louis Jacquerie travaillent actuellement à ce que le chatbot de Safran Aero Boosters aille plus loin que les possibilités de ChatGPT en y intégrant le savoir-faire métier. "Pour y arriver, nous travaillons à la fois sur le modèle de langage, pour que le chatbot comprenne la question humaine et puisse la traduire en une requête informatique, et sur la structure des données avec des knowledge graphs (des cœurs de graphe de connaissances fournissant des descriptions de données qui ont une sémantique formelle, ndlr)", détaille Jean-Louis Jacquerie.
Des réponses à toutes les questions
Un graphiste va être embauché ces prochains jours pour donner une identité au chatbot, dont le nom n'a pas encore été défini, à travers la création d'un personnage. Un premier prototype de la solution doit être finalisé pour juillet. "Au départ, il ne sera testé que dans un petit périmètre mais à terme, il a vocation à couvrir l'ensemble de l'entreprise, soit près de 1 300 personnes", détaille Jean-Louis Jacquerie, qui doit faire face à la difficulté des silos pour accéder à la donnée entre les différentes entités.
Les premières informations partagées par le chatbot concerneront des sources simples, par exemple la consultation de l'annuaire de l'intranet. Ensuite, des données plus techniques tels que l'état des stocks ou la liste des fournisseurs. Et enfin le reste des données de l'entreprise, comme l'état des machines ou la définition des produits conçus. "La limite actuelle est que ChatGPT fournit uniquement du texte. Or, les utilisateurs auront besoin à terme de dashboards et de graphiques, ce que l'outil n'est pas encore capable de générer, reconnaît Jean-Louis Jacquerie. Mais la solution est le moyen pour tous de mieux comprendre nos données."
Le projet d'industrie 4.0 de Safran Aero Boosters avait débuté en 2019 par la création d'une équipe Usine du futur dans les équipes de design et de manufacturing de Safran Aero Boosters en Belgique pour modéliser les machines de production. Safran Aero Boosters avait alors sélectionné la solution ThingWorx de l'éditeur américain PTC pour collecter les données des machines en atelier Par la suite, la décision de construire le logiciel de pilotage de production (MES) avec la technologie ThingWorx a été prise.
Ce projet d'unification de l'accès aux données consiste à placer d'ici à la fin de l'année dans un data wharehouse central les données des grands systèmes tels que l'ERP, le PLM ou le MES. Suivront l'interfaçage des divers systèmes, Quality Management System (QMS) mais aussi Human Resources Management (HRM). Ce data wharehouse alimentera le chatbot "ChatGPT" de Safran Aero Boosters, développé en parallèle, qui pourra répondre progressivement à toute demande des salariés et fera de l'entreprise une industrie 4.0 complète.