Facebook monte un énorme business qui exploite une faiblesse d'Apple et de Google

Facebook monte un énorme business qui exploite une faiblesse d'Apple et de Google Apple et Google offrent une multitude d'applications mais ne savent pas les mettre en avant. Facebook compte bien exploiter cette faille pour son propre compte.

Il y a longtemps, Facebook a lancé un magasin d'applications. Si vous ne le saviez pas, ne vous affolez-pas. Personne ne parle plus du Facebook App Center.

C'est parce que presque tout le monde télécharge les applications nécessaires à partir de l'Apple Store et du magasin Google Play sur Android.

Il s'agit d'un duopole puissant auquel tout le monde est désormais habitué.

Les applications et les téléchargements sont les activités qui se développent le plus chez Apple mais les moins évoquées. Elles produisent tout de même 4,4 milliards de dollars par trimestre et devraient être plus rentables que les iPad et les Mac. Quant à Android et son store Google Play qui l'approvisionne en applications, ils représentent jusqu'à 80% du parc des smartphones sur certains marchés.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, semble considérer cette domination d'Apple et Google sur le marché de la distribution des applications comme une défaillance qu'il peut maintenant exploiter.

Apple et Google sont nuls dans la promotion des applications

La brèche si peu évidente dans l'armure réside dans le fait que, bien qu'Apple et Google dominent la distribution d'applications et prennent une part sur chaque téléchargement payant, ils sont nuls en ce qui concerne la promotion et la commercialisation de ces applications.

Le marché des applications est étonnamment dysfonctionnel, au regard du fait que tous ses acteurs se décrivent comme des innovateurs.

Il suffit de regarder pour cela les statistiques de l'App Store d'Apple : il y a plus d'1 million d'applications dans l'Apple Store. Pourtant, les charts de l'Apple Store en montrent seulement 200 de manière permanente. A l'utilisateur de prendre le temps d'aller voir le reste du classement.

En d'autres termes, les utilisateurs d'iPhone peuvent voir, en permanence, à peine 0,02% de toutes les applications disponibles. C'est d'autant plus comique que le moteur de recherche de l'App Store d'Apple est dysfonctionnel. Aucune application ne sortira pendant plusieurs jours, même si vous entrez le nom exact de la marque.

Apple cache littéralement (quoiqu'involontairement) presque toutes les applications disponibles.

Pour les recherches, Google est plus performant et affiche des listes de 500 applications à la fois. Mais il existe 1,1 millions d'applications dans Google Play, donc on ne peut voir que 0,04% d'entre elles à la fois. Vous pouvez rechercher des applications sur Google mais même si l'entreprise a correctement créé un lien sur sa page vers un lien de téléchargement de magasin d'applications, les utilisateurs sont en fait encore à plusieurs clics de l'ouverture de la nouvelle application.

Il s'avère qu'il s'agit d'un problème que Facebook pense pouvoir résoudre.

Facebook domine le monde des applications comme Apple et Google ne le feront jamais

Le 30 avril, Facebook tiendra une conférence de développeurs intitulée "F8" pour prouver que Facebook est l'outil disponible le plus puissant pour les développeurs d'applications qui ont besoin de trouver des utilisateurs de téléphones mobiles à la recherche de nouvelles applications avec lesquelles jouer. Donc, le responsable des développeurs d'applications chez Facebook, Ilya Sukhar, exposera le fait que Facebook est beaucoup plus utile qu'Apple ou Google en ce qui concerne l'aide apportée aux gens pour trouver des applications.

Dans les grandes lignes, il est probable que le débat ressemble à ça :

· Facebook a 1,2 milliard d'utilisateurs, dont la plupart vont sur la plateforme d'application mobile tous les jours. Ils peuvent être ciblés par sexe, âge, lieu, passe-temps et une flopée d'autres variables.

· Facebook est propriétaire de Parse, une plateforme de développement d'applications, donc les entreprises peuvent exécuter leur analytics et tout ce qui vient en arrière-plan sur la propre plateforme de Facebook.

· Facebook est maintenant propriétaire de WhatsApp et d'Instagram qui se partagent quelque 650 millions d'utilisateurs. Bien qu'aucune de ces plateformes ne soit parsemée de liens de téléchargements pour applications, elles font partie de la domination écrasante de Facebook sur l'écosystème utilisateur d'applications. Vous pouvez les ignorer à vos risques et périls.

· Facebook sait à quel point le développement et la distribution d'applications peuvent être frustrants. Ses applications de messagerie instantanée "Messenger" et de journal en ligne "Paper" sont célèbres mais ce n'est pas le succès planétaire dont il a besoin. "Facebook Camera" et "Poke" sont de mauvais souvenirs. En d'autres termes, Facebook "va à la pêche" aux applications.

Générer des milliards à partir des applications est une activité fastidieuse

Pendant des mois, Facebook a essayé d'intéresser les gens à ce qui s'appelle "Mobile App Install Ads" (permet de promouvoir une application à travers la version mobile de Facebook) et un produit apparenté qui rappelle aux utilisateurs existants de retourner sur leurs applications. C'est quelque chose d'obscur, c'est certain, et pas aussi affriolant que de vendre des iPhones ou de l'Android.

Mais cette activité, au sein de laquelle les développeurs d'applications achètent de la publicité pour générer des téléchargements dans les magasins d'applications d'Apple et de Google, est devenue énorme pour Facebook. Environ 53% du chiffre d'affaires de Facebook provient des publicités sur mobile. Cela fait 1,4 milliard de dollars par trimestre. Les "App Install Ads" en sont une part considérable et croissante. La directrice d'exploitation Sheryl Sandberg évoque le poids des publicités pour applications lors de chaque présentation des résultats.

S'il s'agissait d'une start-up de la Silicon Valley, avec à sa tête un PDG de 22 ans et une activité qui génère 145 millions de téléchargements par an et qui engrange des centaines de millions de chiffre d'affaires, les médias tech auraient peur. Mais, parce qu'il s'agit de Facebook et que Mark Zuckerberg a 29 ans (un vieux !), les gens s'en moquent.

D'après le mensuel américain en ligne Wired, voici ce qu'Ilya Sukhar de chez Facebook va déclarer lors de la conférence de développeurs :

"Pour beaucoup de gens, il est très difficile de monétiser et Facebook sait parfaitement bien monétiser l'attention, affirme-t-il. Donc, nous allons aider les gens à faire la même chose avec leurs applications". Bien sûr, Facebook a aussi besoin de l'aide des développeurs. Bien que l'entreprise ait rapidement réussi à décliner un business model efficace sur mobile, elle peut doper encore un peu plus son futur en intégrant ce modèle à des applications tierces.

Rien de tout cela n'est néfaste pour Apple ou Google, bien évidemment. Pour chaque application payante téléchargée, les deux entreprises continueront à toucher leur part. Mais, il est intéressant et important que Facebook puisse construire une activité à plusieurs milliards de dollars en exploitant le fait que le duopole du magasin d'applications est incapable, à la base, de donner aux gens des informations sur les applications.

Article de Jim Edwards. Traduction par Sylvie Ségui, JDN

Voir l'article original : Facebook Is Building A Massive New Business That Exploits A Key Weakness At Apple And Google