Achats intégrés : les éditeurs en ligne haussent le ton contre Apple

Le Geste s'inquiète des modifications qu'Apple veut apporter à son App Store, visant à interdire les solutions tierces pour le paiement d'achats intégrés aux applications.

Apple prépare-t-il un mauvais coup aux éditeurs d'applications ? C'est en tout cas ce que craint le Groupement des éditeurs de services en ligne (Geste). Le groupement, qui cite des textes prévisionnels d'Apple qui doivent modifier les conditions de vente de l'App Store, affirme que le groupe américain devrait bannir, à compter du 30 juin 2011, les applications utilisant un système de paiement tiers pour des achats intégrés (in-app purchases). 

Actuellement, Apple laisse les éditeurs qui le désirent proposer des achats dans leurs applications, comme des journaux ou magazines au numéro ou à l'abonnement, que les utilisateurs peuvent payer directement à l'éditeur. Selon le Geste, les applications proposant ce type de services seraient abandonnées une fois que les nouvelles conditions de vente de l'App Store auront été publiées. Cette décision imposerait également aux éditeurs de reverser 30 % de leurs ventes d'achats intégrés à Apple. 

Au-delà de l'aspect financier, le Geste s'inquiète de voir Apple mettre la main sur les données des clients des éditeurs de contenus. En gérant directement les transactions, Apple priverait les éditeurs "de la maîtrise du parcours client et de la possibilité de maîtriser les coordonnées de leurs abonnés, éléments fondamentaux de la relation client", explique le Geste dans un communiqué.  

Ces nouvelles conditions viendraient également compliquer la tâche du groupement d'intérêt économique e-Presse Premium, créé fin 2010 par plusieurs quotidiens nationaux et news magazines. L'objectif de ce GIE : proposer un kiosque numérique unique et multi-plateformes pour faciliter l'achat de contenus dématérialisés. Ce type de services n'aurait de fait plus sa place dans l'écosystème d'Apple. Une aubaine pour ce dernier, qui plancherait justement sur un service de kiosque intégré à son App Store, destiné à faciliter la monétisation des applications de titres de presse. 

Ces déclarations interviennent alors qu'un climat de plus en plus tendu s'installe entre Apple et les éditeurs de presse. La semaine dernière, le Syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN) menaçait déjà Apple de demander à la ministre de l'Economie de saisir l'autorité de la concurrence sur ce sujet.  

Apple est également mis en cause en Belgique, où le gouvernement a demandé aux instances de la concurrence d'examiner si la société abuse de sa position dominante pour imposer ses conditions aux éditeurs d'applications. Cette affaire pourrait être transférée à la Commission européenne si les accusations portées contre Apple se révèlent fondées.