Marché du mobile en France : équipements, usages et enjeux Une économie qui attire les convoitises autant qu'elle attise les craintes

Comme toute économie en pleine croissance, le secteur du mobile attire autant les convoitises qu'il attise les craintes. Opérateurs télécoms, groupes Internet et fabricant de mobiles se livrent depuis quelques années à une bataille acharnée sur un secteur que chacun veut verrouiller.

Google, Facebook et Apple dans une lutte sans-merci

Nombreux sont les géants de l'Internet à multiplier désormais les investissements sur le mobile, de peur de voir leur suprématie sur le Web online s'éroder avec le basculement des usages sur les plateformes mobiles. Parmi eux, Google qui a dû débourser 12,5 milliards de dollars pour racheter Motorola et a lancé, en parallèle de ses partenariats avec des fabricants, sa propre gamme de smartphones et tablettes. Si le groupe n'a pas donné de chiffres précis sur ses activités mobiles lors de la publication de son chiffre d'affaires 2012, Larry Page a précisé qu'elles "progressaient bien". Même problématique du côté de Facebook qui a déboursé près de 800 millions de dollars cette année pour mettre la main sur la pépite mobile, Instagram, et qui a mis sur pied cet été, son offre publicitaire mobile. Parti de zéro au début de l'année, le réseau social tirait 14% de ses revenus sur mobile, soit environ 150 millions de dollars, au troisième trimestre. Ce ratio devrait rapidement dépasser les 25%.

La publicité sur mobile a du mal à décoller

Ces investissements colossaux contrastent pourtant avec les performances d'un secteur qui, s'il explose en termes d'usages, a du mal à voir ses revenus décoller. Google en est l'illustration parfaite, lui qui fait face à deux défis majeurs : la monétisation de sa boutique d'applications, Google Play et la contraction de son coût par clic (CPC). Celui-ci a chuté de 6% par rapport au quatrième trimestre, tiré vers le bas par le mobile, et illustre les difficultés des grands groupes à monétiser leur formidable audience. En ce qui concerne Google Play, moins rentable que l'App Store, Google n'a pas encore trouvé la bonne solution. "Ne pouvant mettre en place, le paiement sans friction instauré par Apple, faute de pouvoir l'imposer à des Samsung et LG, il essaie désormais de passer par les opérateurs télécoms", explique Jules Minvielle. SFR a été le premier opérateur à accepter qu'un utilisateur puisse se faire débiter sur sa facture, un achat effectué sur le Google Play Store. "Attention les conditions du marché ne sont pas figées, prévient Alexandre Buselli. Il suffit d'une rupture technologique provoquée par l'un des acteurs pour redistribuer les cartes."

La concentration du secteur télécom ?

Côté opérateurs télécoms, le secteur a bien évidemment été bouleversé par l'arrivée du quatrième acteur, qui par sa politique tarifaire extrêmement agressive, a mis à mal les marges de chacun. A la fin du troisième trimestre 2012, Free comptait 4,4 millions d'abonnés mobiles, une partie d'entre eux, piquée aux opérateurs historiques. Lesquels pestaient dans le même temps que la hausse du trafic n'avait pas permis de compenser la destruction de valeur provoquée par la stratégie low-cost de Free. Alors qu'on prête à Vivendi l'intention de vendre sa filiale SFR, c'est tout naturellement que de nombreuses rumeurs de rapprochements, fusions et rachats ont vu le jour. Après l'éventualité d'une fusion entre Numéricable et SFR, c'est un rapprochement entre ce dernier et Free qui a été évoqué. Pour les autres, ce sont surtout la fibre optique et la 4G qui apparaissent comme des opportunités de croissance. Et en la matière, c'est Bouygues qui a réussi à sortir un atout surprise de sa manche, avec son réseau 1 800MHZ, dédié initialement à la 2G, mais compatible, en fin de compte avec la 4G. Alors que celui-ci couvre 95% du territoire français, il lui permettrait de prendre un avantage significatif sur ses concurrents qui n'en sont qu'au stade du déploiement.