Olivier Chédeville (Société Générale) "Nous visons 100 000 téléchargements de notre application iPhone"

Après un site Internet mobile, la Société Générale lance une application iPhone de gestion de comptes bancaires et travaille sur une version Android. Le point avec le directeur de la Banque à distance du groupe.

JDN. La Société Générale dispose déjà d'un site Internet mobile. Pourquoi lancer aujourd'hui une application iPhone ? 

Olivier Chédeville. Historiquement, la Société Générale a été très actives sur l'ensemble des canaux de banque à distance. Nous avons été présents sur le mobile depuis 2001 grâce à un site Wap et nous disposons aujourd'hui d'un site mobile lancé en 2008 qui fonctionne pour l'ensemble des terminaux et accueille plus de 350 000 visiteurs uniques par an pour environ un millions de connexions. C'est une version certes universelle mais qui reste moins satisfaisante qu'une application développée pour un téléphone en particulier. Avec cette application, nous ne voulions pas simplement reproduire notre site mobile mais apporter encore plus de valeur à nos clients. 

Quels services propose cette application ? 

Tout ce dont l'internaute à besoin : la consultation de ses comptes, la possibilité d'effectuer des virements sur ses comptes ou sur des comptes de tiers, à condition d'avoir au préalable saisi le compte destinataire sur un ordinateur fixe. Nous proposons également une fonctionnalité de suivi de certains postes de dépenses. Il s'agit d'un système de bloc-notes intégré qui permet de suivre les dépenses effectuées sur certains types d'achat. Cette application dispose enfin d'un convertisseur de devises, d'un simulateur de crédit doté d'une fonctionnalité click-to-call, d'un service de suivi de l'intégralité des cours de bourse en temps réel et une liste de numéros utiles à contacter, en cas de perte de carte bancaire par exemple. Il ne s'agit que d'une première version qui s'enrichira avec le temps. 

"Le mobile est le prolongement de ce que nous faisons sur Internet"

L'une des particularités de cette application est de ne pas avoir besoin de saisir systématiquement ses identifiants pour l'utiliser. Pourquoi ? 

Nous pensons qu'il peut être pénible de devoir systématiquement saisir ses codes confidentiels pour connaître sa situation bancaire. Nous voulions permettre à nos clients de pouvoir avoir accès instantanément aux informations qui leur sont essentielles au quotidien sans avoir à se loguer. Nous avons donc imaginé un vu-mètre personnalisable, visible dès le démarrage de l'application, qui affiche l'état de votre compte. L'utilisateur peut également accéder à son solde et à l'historique de ses dernières opérations. Mais temps qu'il ne s'est pas logué, son nom n'apparaît pas dans l'application. Pour accéder à des services avancés, comme la saisie d'un virement, la connexion devient obligatoire. La sécurité reste pour nous un aspect prioritaire. 

Outre l'aspect fidélisant de cette application, espérez-vous en faire un levier de recrutement ? Encore peu de banques de détail proposent des applications mobile de gestion de comptes... 

Nous lançons d'abord cette application parce que nous pensons qu'elle peut être utile pour nos clients. Nous espérons aussi bien sûr avoir réussi notre pari en proposant une application utile et agréable à utiliser, ce qui pourra d'une manière ou d'une autre servir notre image. 

Cette application constitue-t-elle une réponse aux banques directes ? 

Non. Nos clients nous font confiance parce que nous avons déjà tous les avantages d'une banque directe, avec en plus un réseau de 2 300 agences. Notre application rentre dans le cadre d'un contact à distance, mais elle ne constitue pas une révolution : juste le prolongement de ce que nous faisions déjà avec Internet. 

Visez-vous une clientèle plus jeune avec ce service ? 

Pas particulièrement. L'avantage de l'iPhone est d'être un produit utilisé par toutes les générations. Je pense que nous allons plutôt toucher une cible qui s'intéresse déjà à ses comptes. Cette application va leur permettre de s'y intéresser encore plus souvent. Sur nos 7 millions de clients, 3 millions gèrent déjà leurs comptes sur notre site Internet fixe, sur lequel ils se rendent en moyenne dix fois par mois. Sur iPhone, il est probable qu'ils viennent plutôt 25 fois par mois. 

"Nous envisageons une application pour l'iPad"

Quels sont vos objectifs en termes de téléchargements ? 

Nous souhaitons atteindre 100 000 téléchargements en un an. Si nous arrivons à en convertir près d'un utilisateur de notre site Internet mobile sur trois, nous serons satisfaits. Nous pensons aussi que cette application va nous permettre de toucher de nouveaux utilisateurs d'iPhone, qui ne connaissaient probablement pas notre site mobile dédié. En moyenne, un possesseur d'iPhone télécharge entre 15 et 20 applications, mais en conserve moins de 10. Notre objectif est de faire partie de celles-ci pour nos clients. 

Quel impact le lancement de cette application va-t-il avoir sur l'audience de votre site fixe ? 

Internet est notre premier moyen de contact avec nos clients. Dans quelques années, le mobile sera également un point de contact très important. Je pense qu'il y a une réelle complémentarité entre les deux supports, même si nous estimons qu'environ 10 % de nos clients sont venus à nous par l'Internet mobile sans être jamais allés sur notre site Internet fixe, principalement des jeunes. Cependant, nous nous attendons à une certaine cannibalisation de notre site fixe par notre application mobile, car grâce à cette application, les gens auront moins d'occasions d'aller sur notre site traditionnel.

Réfléchissez-vous à des déclinaisons pour d'autres systèmes d'exploitation mobile ? 

Nous allons sortir une version Android de cette application en septembre. Etre présent sur deux systèmes d'exploitation va nous satisfaire dans un premier temps. Nous réfléchissons également à une application pour l'iPad. Nous cherchons actuellement à identifier les usages de cette tablette pour apporter des services spécifiques à ces usages. Ce ne sera pas un simple portage de notre application iPhone.  

Olivier Chédeville est directeur de l'activité banque à distance de la Société Générale depuis 2003. Diplômé de l'Ecole supérieure de commerce de Lyon, il débute sa carrière en tant que conseiller à l'agence locale de Quimperlé de la Banque de Bretagne. Olivier Chédeville a rejoint la Société Générale en 2000 après plusieurs expériences en conseil en patrimoine et en gestion de fonds à la Dresdner Bank, puis un poste de directeur marketing dans la branche bancaire d'American Express.