Social gaming : pourquoi ces éditeurs cartonnent Le défi de grandir tout en préservant son identité

"Nous sommes dans une industrie où les succès sont nombreux mais la continuité plus rare", explique, lucide, Riccardo Zacconi. S'il est fréquent de voir des "one hit", tout l'enjeu pour les groupes de social gaming mobile est de réussir à capitaliser sur une première réussite pour en produire d'autres. Lorsque l'on évoque, à mots-couverts, le triste exemple de Zynga, tous veulent se croire un destin différent de celui qui fût, il n'y a pas si longtemps, l'enfant chéri de Facebook. C'est le cas d'Alisa Chumachenko, dont la société a rapidement été étiquetée par les médias comme un Zynga russe. "L'ADN de Zynga n'est pas dans le gaming mais dans le marketing et la viralité à la différence de Game Insight", balaye-t-elle. Aussi, dans un métier où la créativité est reine et la puissance de feu ne suffit pas, beaucoup estiment que les rachats en série effectués par l'Américain n'a eu que pour seul effet de diluer son ADN. "C'est compliqué de préserver son identité lorsqu'on est dans une stratégie de croissance externe aussi rapide", note Charles Christory. "D'autant que les rachats, qui occasionnaient souvent le départ des équipes fondatrices et des cadres les plus importants, n'ont pas souvent permis d'intégrer le savoir-faire mobile qui faisait défaut à Zynga", ajoute Jérôme Stioui.

Les 5 studios de King.com partagent leur expertise sur une plateforme commune

Plus mesuré, King.com a donc fait le pari presque exclusif d'une croissance organique. "Nous mettons également l'accent sur le knowledge management, avec une plateforme sur laquelle nos 5 studios se partagent leur expertise, nous permettant de créer des effets d'échelle", ajoute Riccardo Zacconi. Même raisonnement chez Alisa Chumachenko : "Nous faisons en sorte que chacun de nos studios garde sa créativité et sa flexibilité, en tâchant toutefois de préserver la coordination des équipes et des talents." 

Il faut dire que ces acteurs ne manquent pas d'arguments sur lesquels s'appuyer pour grandir. Leurs jeux sont souvent devenus des marques à part entière, qu'ils tâchent de faire vivre le plus longtemps possible à l'image d'Adictiz qui ambitionne de sortir une déclinaison de Paf Le Chien tous les 6 à 8 mois. "La clé du succès, c'est le storytelling", déclare Charles Christory. Cette stratégie de développement vertical doit permettre à l'éditeur français, qui fait beaucoup de promotions d'applications croisées, d'utiliser sa communauté comme un relai de croissance facile. "Un Adictiz peut générer des milliers de téléchargement par ce biais, chiffre Jérôme Stioui. C'est un avantage concurrentiel considérable." Et ce n'est pas Riccardo Zacconi qui le contredira, lui, qui s'est appuyé sur l'audience acquise par le jeu Bubble pour le décliner dans une nouvelle saga, Bubble Witch.

Un introduction en Bourse pour bientôt ?

Lorsque se pose la question d'une introduction en Bourse, Alissa Chumachenko et Riccardo Zacconi, pas échaudés par les déboires qui ont suivi celle de Zynga, envisagent l'avenir sereinement. "Nous sommes bénéficiaires donc loin d'être dans l'urgence mais nous y pensons, confesse Riccardo Zacconi. Dès lors que la communication avec les actionnaires est claire et que la stratégie sur le long terme actée, rien ne s'y oppose." Un optimisme qu'il partage avec la Russe, laquelle avait déjà mentionné une IPO à l'orée 2014 ou 2015.

"Nous sommes très ambitieux et l'entrée en Bourse est une option que nous gardons en tête. Notre objectif est de devenir un acteur aussi important que l'est EA Sports", illustre Alisa Chumachenko. Il faut dire que l'éditeur russe ne dispose pas forcément de beaucoup d'autres alternatives, lui qui  peine à séduire des fonds d'investissement étrangers, la faute au trouble qui entoure encore le milieu des affaires russe. Ses deux précédentes levées ont ainsi été abondées par des investisseurs privés russes.