Yahoo et Microsoft s'unissent contre Google Un an et demi de tractations

Cet accord conclut plus de 18 mois de tractations, entamées le 1er février 2008 lorsque Microsoft tente de racheter Yahoo : l'éditeur offre alors 44,6 milliards de dollars (31,3 milliards d'euros) en cash et en actions, soit une prime de 62 % par rapport au cours de bourse du portail à l'époque. Yahoo rejette l'offre dix jours plus tard, comme il l'a déjà fait en janvier et en mai 2007, la jugeant "nettement sous-évaluée". Il part à la recherche d'autres acheteurs potentiels et continue d'étudier un partenariat publicitaire avec Google, qui souhaite contrer l'offre de Microsoft.

L'éditeur envisage alors de lancer une OPA hostile en demandant directement aux actionnaires du portail de lui vendre leurs parts, et engage un cabinet spécialisé pour essayer de prendre le contrôle du conseil d'administration, manœuvre qui échoue. En mars et avril, des dirigeants des deux groupes se rencontrent, sans se mettre d'accord. Fin avril 2008, à l'expiration de l'ultimatum lancé par Microsoft, Yahoo n'a toujours pas donné de réponse.

jerry yang, ancien pdg de yahoo
Jerry Yang, ancien PDG de Yahoo © Yahoo

Début mai, Microsoft annonce qu'il jette l'éponge. Mais le 18 mai, il affirme vouloir discuter à nouveau : espérant sans doute davantage, l'éditeur cherche un partenariat sur l'activité des liens sponsorisés : précisément le type d'accord que Yahoo discute depuis plusieurs semaines avec Google. Et puis le 16 juin, Jerry Yang, PDG de Yahoo, éconduit son prétendant et opte pour un ralliement à Google sur les liens sponsorisés, un accord non exclusif signé pour quatre ans. (En novembre, face aux résistances du gouvernementaméricain, Google préférera cependant abandonner ce partenariat).

Début juillet 2008, Microsoft entreprend de convaincre des partenaires (News Corp et Time Warner) de faire ensemble une nouvelle offre sur Yahoo : il conserverait alors l'activité de recherche et ses partenaires obtiendraient le reste. A la suite de quoi Jerry Yang accuse Microsoft de vouloir déstabiliser Yahoo sans chercher à finaliser une quelconque transaction. Il précise tout de même ne pas être hostile à une transaction avec l'éditeur.

Le bal entre les dirigeants se calme alors pendant quelques mois. Puis, à partir de décembre 2008, l'annonce par Jerry Yang de son prochain départ relance les rumeurs de rapprochement avec Microsoft. Carol Bartz est nommée à la tête du portail. Les sauts de chat continuent, jusqu'au 24 juin où Steve Ballmer indique être toujours intéressé par un partenariat, sans pour autant envisager un rachat. Microsoft vient en effet de lancer son propre moteur de recherche, Bing, et sait qu'il devra mettre les bouchées doubles pour gagner des parts de marché, ce pour quoi Yahoo resterait un partenaire de choix. Le lendemain, Carol Bartz refuse toujours de commenter ses négociations avec l'éditeur. Il y a une semaine, le blog AllthingsD du "Wall Street Journal" annonce que les deux groupes sont enfin prêts à annoncer leur accord.