Les résultats 2007 de Yahoo France plombés par ceux de Kelkoo

Le Journal du Net a analysé les résultats de Yahoo France et de Kelkoo pour l'année passée. Les 12 millions d'euros de pertes du second font comprendre pourquoi le premier, bénéficiaire, a réfléchi à s'en séparer.

Alors que Yahoo est encore dans la tourmente, le JDN s'est penché sur les résultats de sa filiale française. Ceux-ci, déposés au registre du commerce, comprennent le chiffre d'affaires réalisé en France par la filiale française - ils excluent donc les revenus engrangés à l'international pour le compte de la filiale française. Et ces chiffres lèvent le voile sur la problématique bien particulière de Yahoo France. Profitable seulement une année entre 2001 et 2006, Yahoo France s'était jusque-là reposé sur l'activité de Kelkoo pour équilibrer le résultat du groupe américain en France, voire engranger des bénéfices. Mais en 2007, patatras. Alors que Yahoo réalisait son plus bel exercice avec 55,4 millions d'euros de chiffre d'affaires et un résultat net de 7,4 millions d'euros, Kelkoo est repassé dans le rouge avec une perte de 12 millions d'euros. Chez Yahoo, on se refuse à commenter ces chiffres, rappelant que le groupe n'a jamais souhaité les communiquer.

 
Résultats de Yahoo et Kelkoo en France
  2007 2006 2005 2004
Source : Journal du Net, en millions d'euros
CA Yahoo 55,4 46,9 34,5 28,7
Résultat Yahoo 7,4 -4,8 1,4 -1,8
CA Kelkoo 49,9 57,4 52,4 38,9
Résultat Kelkoo -12 4,9 7,3 4,7

A la lecture de ces chiffres, on comprend mieux pourquoi Yahoo a réfléchi à ce qu'il pouvait bien faire de Kelkoo en fin d'année dernière : le vendre, au risque de subir une énorme décote par rapport aux 475 millions d'euros qu'il avait déboursés pour l'acheter en 2004 (cette année là, Kelkoo avait réalisé 4,7 millions d'euros de résultat net) ou le conserver au risque de voir les pertes s'accumuler ? Finalement, vue les 150 millions d'euros qu'auraient au mieux pu rapporter Kelkoo à la vente, le groupe avait finalement opté pour la seconde solution (lire l'article : Kelkoo n'est plus à vendre, du 04/04/08).

Mais comment Kelkoo a-t-il pu en arriver là ? Quand Yahoo la rachète en 2004, la société est devenu une véritable machine à cash. En 2003, elle affiche à son bilan 20 millions d'euros de CA pour 8,7 millions d'euros de bénéfices. Loin des 55 millions de pertes enregistrées en 2001 au démarrage de la start-up. Sauf qu'à cette époque, le règne de Kelkoo en France est sans partage.

Aujourd'hui, la concurrence fait rage. Kelkoo n'est plus le leader en audience en France, dépassé par Leguide.com qui compte 50 % de visiteurs uniques en plus. Avec 2,4 millions de VU par mois (source Nielsen//Netratings), Kelkoo a même été rattrapé dans l'Hexagone par Shopping.com, le moteur de comparaison de prix d'eBay. De son côté, Yahoo France affiche une belle santé. Depuis 2000 et ses 3,2 millions d'euros de bénéfices, la filiale n'avait été qu'une fois dans le vert, en 2005.

Chez Kelkoo, on assure néanmoins que la société a déjà commencé à remonter la pente. Selon son nouveau directeur marketing, Nicolas Jornet, la structure devrait retrouver l'équilibre cette année. "Nous sommes de nouveau dans un cercle vertueux", explique-t-il. Pour remonter la pente, la société compte référencer entre 6.000 et 7.000 marchands d'ici la fin de l'année. C'est -à-dire ouvrir de nouvelles catégories shopping, donc toucher une plus large audience, et donc renvoyer plus de trafic vers les sites. Par ailleurs, Kelkoo mise aussi sur le développement de son service en marque blanche auprès de sites éditoriaux qui voudraient monétiser un peu plus leur audience. L'histoire de Kelkoo continue donc dans le giron de Yahoo, pour le moment.