Yahoo se préparerait à supprimer des milliers d'emplois

Yahoo serait sur le point de procéder à une restructuration interne massive. En attendant l'annonce officielle, Microsoft souffle le chaud et le froid sur une éventuelle réouverture des discussions de rachat.

Après avoir licencié 1 100 salariés en janvier, puis subi une fuite des talents très conséquente, Yahoo, qui se fait accompagner par le cabinet Bain&Co pour ses opérations de dégraissage, s'apprêterait à remercier 3 500 personnes de plus d'ici le 10 décembre.

Un employé du département Yahoo Finance a en effet indiqué au magazine Valleywag.com que son employeur préparait un plan de restructuration considérable : "Je travaille au département Finance de Yahoo et j'ai appris que la date butoir pour les licenciement était le 10 décembre. 50 % des effectifs seront supprimés dans le département Finance, 10 % chez les ingénieurs et 25 % dans les ventes et l'administration générale. L'entreprise a envoyé aujourd'hui une invitation à la fête annuelle du 6 décembre (4 jours avant la plus grosse vague de licenciements de son histoire, d'environ 3 500 personnes), qui coûtera des millions de dollars. Où est la responsabilité financière ?" Selon d'autres sources, le nombre de licenciements envisagés se situerait davantage entre 1 000 et 3 000.

D'après cet employé, Yahoo prévoirait également de diminuer les indemnités de licenciement, conformément aux désirs déjà exprimés par son directeur financier Blake Jorgensen. Enfin, les budgets de fonctionnement des différents services de la société devraient être réduits de 15 %.

Yahoo emploie aujourd'hui 14 300 personnes. Ces mesures de réduction des dépenses devraient donc avoir un impact financier significatif et rapide sur la société, mais ne manqueront pas de provoquer une baisse du moral des troupes et de la confiance des investisseurs. Et surtout, n'exempteront pas la société de Jerry Yang de trouver une véritable stratégie de long terme, possiblement tributaire de la concrétisation du partenariat publicitaire signé en juin avec Google (lire Yahoo fait allégeance à Google, 16/06/2008), dont le caractère anti-concurrentiel est toujours examiné par les instances de régulation. (Lire L'accord Google-Yahoo suspendu pour le moment, du 06/10/2008)

Si la société ne s'estime pas inquiète pour son futur, ses actionnaires doivent commencer à regretter les précédentes offres de rachat de Microsoft. En février, le géant avait offert de racheter Yahoo pour 44,6 milliards de dollars, à hauteur de 31 dollars par action (Lire Microsoft propose 45 milliards de dollars pour s'offrir Yahoo, du 02/02/2008). Yahoo avait refusé cette offre, demandant 37 dollars par action. Depuis lors, la valeur du titre n'a cessé de décliner pour atteindre aujourd'hui entre 11 et 13 dollars. En dehors d'une offre, également refusée par Yahoo en juillet, de racheter son activité de moteur de recherche et de mettre en place un partenariat de partage de revenus publicitaires (Lire Microsoft voulait racheter le moteur de Yahoo, du 27/06/2008), Microsoft a toujours refusé de rouvrir les discussions.

Jeudi 16 octobre, le PDG de Microsoft Steve Ballmer a toutefois déclaré qu'une acquisition avait toujours un sens : "peut-être reste-t-il toujours des opportunités autour du domaine de la recherche. [...] Economiquement parlant, je pense que cela aurait du sens pour leurs actionnaires comme pour les nôtres. Nous leur avions offert 33 dollars il n'y a pas si longtemps et maintenant leur valeur est tombée à 11,5 dollars. Du coup, je ne sais pas quel prix serait justifié aujourd'hui." Des propos aussitôt rétractés dans un communiqué de presse : "Nos positions n'ont pas changé, Microsoft n'est pas intéressé par Yahoo. Il n'y a actuellement aucune discussion entre les deux sociétés". Une porte ouverte, néanmoins, à l'heure où Yahoo est au plus mal. Le nombre exact des licenciements prévus devrait être annoncé lors de sa conférence sur ses résultats financiers du troisième trimestre, mardi 21 octobre.