Les propositions de Google à Bruxelles favoriseraient ses propres services

Les propositions de Google à Bruxelles favoriseraient ses propres services Commandée par un regroupement d'entreprises du numérique dont Microsoft, une étude d'eye-tracking montre que le dispositif proposé par Google aggraverait sa position dominante.

Une étude d'eye tracking démontre que la proposition faite par Google à la Commission européenne concernant les liens vers des sites concurrents continue de favoriser amplement ses propres services. Selon l'Icomp (Initiative for a Competitive Online Marketplace, fondée par Microsoft et représentant 1700 entreprises du secteur), qui a commandé cette étude à l'IKM (Institut de Communication et de Recherche sur les Media) et à la German Sports University de Cologne, "les nouvelles propositions faites par Google semblent aggraver le système d'abus au lieu de le stopper".

Suite aux nombreuses plaintes déposées à l'encontre du géant de la recherche, Bruxelles a estimé qu'il abusait effectivement de sa position dominante en orientant les internautes vers ses propres services plutôt que vers des services tiers parfois plus pertinents. Sommé de cesser ces pratiques anticoncurrentielles, Google a formulé un certain nombre de propositions, rejetées par la Commission en juillet, avant d'en adresser une nouvelle série (lire l'article Antitrust : Google fait de nouvelles propositions à Bruxelles, du 10/09/2013).

L'Icomp a donc analysé le dispositif prévu en constituant des pages de recherche sur la base des dernières propositions de Google et en repérant où se porte le regard des personnes qui regardent ces pages, combien de temps ils regardent chaque lien et sur quels liens ils cliquent. Il en ressort les trois résultats suivants :

 Les résultats sponsorisés par Google attirent de façon systématique la majeure partie de l'attention visuelle des utilisateurs.

 Les "sites alternatifs" ne suscitent pas suffisamment d'attention visuelle pour engendrer un clic.

 L'attention visuelle sur les liens organiques est négligeable comparée à la "visibilité accrue" des liens proposés par Google.

L'Icomp cite l'exemple d'une recherche sur le terme iPod : "les images associées au produit guident l'attention visuelle des utilisateurs vers les résultats 'Google Shopping' avec 56% des participants à l'étude cliquant sur cette zone. Dans le même temps, les 'résultats alternatifs' n'attirent pas autant l'attention visuelle." De même, la requête "recherche de vols" envoie 43% des utilisateurs cliquer sur les liens sponsorisés de Google, quand les résultats alternatifs ne totalisent que 11% des clics.

"Si la Commission venait à accepter ces propositions, la position dominante de Google serait irrévocablement ancrée, conclut David Wood, conseiller juridique d'Icomp en Europe. Par ailleurs, ces nouvelles propositions permettent à Google d'accroître les bénéfices financiers qu'il retire de cette position en imposant à ses concurrents de rémunérer l'entreprise pour obtenir le droit de figurer dans la liste des liens concurrents."