La vente d'ICQ à DST, un coup de pouce à la mafia russe ?


Réputé pour abriter des échanges de mafieux et de pirates informatique, le service de messagerie instantanée d'AOL, une fois cédé au russe DST, compliquerait la traque des criminels pour les autorités américaines.

Les autorités américaines voient d'un mauvais oeil la cession de la messagerie instantanée d'AOL, ICQ, au russe Digital Sky Technologies (DST). ICQ est en effet le premier service de messagerie instantanée en Russie et en République tchèque et selon des enquêteurs américains cités par le "Financial Times", serait devenu l'un des moyens de communication de prédilection de la mafia et des pirates informatiques des pays d'Europe de l'Est.

Le comité des investissements étrangers aux Etats-Unis, qui dépend du département américain du Trésor, pourrait en effet recommander un blocage de la vente d'ICQ, notamment pour des raisons de sécurité nationale. Libre ensuite aux autorités américaines de suivre, ou non, cet avis. Mais une telle procédure reste rarissime.

Depuis sa création en 1996 et malgré son rachat par AOL en 1998, ICQ a toujours conservé son siège en Israël, pays avec lequel les autorités américaines entretiennent les meilleures relations. Ce qui aurait permis aux enquêteurs américains d'obtenir rapidement des transcriptions d'échanges entre suspects sur la messagerie. Si DST rapatriait sa nouvelle acquisition et ses serveurs en Russie, l'accès à ces transcriptions deviendrait alors beaucoup plus difficile, la collaboration policière entre les deux pays restant compliquée.

AOL a confirmé en avril dernier la cession d'ICQ à DST (déjà actionnaire de Zynga et Facebook) pour 187,5 millions de dollars. Le groupe américain avait racheté ICQ dix ans plus tôt pour 400 millions de dollars.