Extraits : "Menace sur nos libertés", le manuel d'insurrection de Julian Assange Le secret peut-il être légitime ?

"Dans certains cas, par exemple si vous enquêtez sur la mafia, il est évidemment justifié de garder le secret pendant la durée de l'enquête. Dans certaines circonstances, on peut considérer que c'est légitime. Je ne dis pas pour autant que ce soit légitime en règle générale, je dis que c'est politiquement inévitable. Parfois, c'est une exigence politique pertinente, par exemple si on vous dit : "Ces types ont déjà tué, et ils préparent d'autres meurtres ", alors quelle que soit votre position de principe sur la publicité des interceptions, elles resteront secrètes. C'est un combat perdu d'avance.

"La régulation des interceptions stratégiques est un non-sens"

Mais ce type de surveillance tactique a l'avantage d'être régulé en partie, on peut le limiter à un minimum d'individus. Quand on se sert d'interceptions tactiques pour des enquêtes judiciaires (et non pour du renseignement), c'est une manière d'obtenir des preuves. Les preuves finissent devant le juge, et donc devant le public. Il existe ainsi un certain contrôle sur ce qui se passe, au moins pendant une période donnée.

Et le tribunal peut faire comparaître des gens à la barre pour évaluer si la manière dont les informations ont été obtenues était légitime. On garde un œil sur le processus. Mais la régulation des interceptions stratégiques est un non-sens. Puisque, par définition, il s'agit dès le départ de surveiller tout le monde, quelle législation pourra-t-on appliquer ?"