Antitrust : Microsoft attaque Google à Bruxelles

Après avoir soutenu des acteurs plus modestes contre Google, Microsoft rejoint le camp des plaignants contre le moteur qu'il accuse d'abus de position dominante.

Microsoft sort du bois. L'éditeur de logiciels a officiellement rejoint la liste des entreprises accusant Google d'abuser de sa position dominante sur la recherche et la publicité en ligne. Microsoft a en effet déposé plainte à son tour à Bruxelles contre son concurrent, plus d'un an après les premiers dépôts de plainte. L'une d'entre elles avait notamment été déposée par le comparateur de prix Ciao, filiale de Microsoft. La Commission européenne a ouvert fin 2010 une enquête sur les pratiques du moteur leader en Europe.

S'il ne dépose directement plainte que maintenant, Microsoft œuvre depuis longtemps en sous-main pour faire punir Google à Bruxelles et aux Etats-Unis. L'un des trois premiers plaignants, le britannique Foundem est activement soutenu par Icomp, une organisation de lobbying et de conseil basée à Bruxelles qui serait quasi-exclusivement financée par Microsoft (lire le dossier 2015 : le démantèlement de Google ?, le 10/12/2010).

Aux Etats-Unis, où Google fait aussi l'objet d'une enquête antitrust, deux des entreprises plaignantes sont représentées par le prestigieux cabinet d'avocats new-yorkais Cadwalader Wickersham & Taft, qui compte justement Microsoft parmi ses clients. Foundem fait également partie des plaignants dans l'enquête américaine. A ces coïncidences, s'ajoute les liens évidents entre Ciao et sa maison mère. Microsoft est cependant le premier poids lourd du Web à attaquer directement Google sur ses pratiques technologiques et commerciales.

"Nous devrions être parmi les premiers à féliciter Google pour ses véritables innovations.Mais nous sommes préoccupés par un type de comportement (de la part de Google, ndlr) visant à empêcher quiconque de créer une alternative concurrentielle", a déclaré Brad Smith, vice-président de Microsoft en charge des questions juridiques. L'accusation ne manque pas de sel de la part d'un acteur lui-même condamné à deux reprises par Bruxelles pour abus de position dominante à une amende globale de près de 1,7 milliard de dollars.