Coup de froid entre Nathalie Kosciusko-Morizet et Dailymotion


La secrétaire d'Etat a peu apprécié qu'une lettre envoyée par Dailymotion et dénonçant le silence de la ministre face aux propos de Frédéric Lefebvre soit rendue publique.

Le ton monte entre Dailymotion et Nathalie Kosciusko-Morizet. Deux responsables du portail français, son directeur France, Martin Rogard et son directeur juridique et réglementaire, Giuseppe de Martino ont adressé une lettre à la secrétaire d'Etat à l'Economie numérique pour lui demander de défendre Internet en France, face aux tentations fiscales ou sécuritaires de certains politiques et aux courants de pensée "anti-Internet". Une lettre, publiée le 18 mars par "Le figaro".

Au cœur du coup de gueule de Dailymotion, les multiples positions du député UMP des Hauts-de-Seine Frédéric Lefebvre, tour à tour partisan d'une taxation et d'une régulation d'Internet (lire Les députés veulent taxer les revenus de l'e-pub, du 26/11/2008) et demandeur d'une commission d'enquête parlementaire sur les sites de streaming (lire Piratage : Frédéric Lefebvre soutient Luc Besson, du 17/02/2009). "Nous avons été surpris par l'absence de communication de votre ministère (…) et regrettons qu'en laissant ce courant de pensée anti-Internet prospérer, vous ne concouriez pas à donner une image de notre industrie plus proche de la réalité", notent les deux dirigeants de Dailymotion dans leur missive.

La réponse de la ministre n'a pas tardé. Le soir même, Nathalie Kosciusko-Morizet dénonçait l'initiative de Martin Rogard et Giuseppe de Martino via l'AFP. NKM affirme ainsi que Martin Rogard "est l'acteur de l'Internet le moins bien placé pour écrire cette lettre (…) ou dénoncer un soi disant silence" de sa part. "D'abord parce qu'il a eu toutes occasions d'en parler avec moi de vive voix, m'ayant rencontré à plusieurs reprises (…) ensuite et surtout parce que si un acteur de l'Internet est frappé d'ambiguïté, sur la Loi création et Internet par exemple, c'est bien lui. Pour des raisons professionnelles, puisqu'il fut conseiller du ministre de la culture à l'époque du fiasco qu'a été la Loi Dadvsi, ancêtre de la Loi Hadopi ; pour des raisons personnelles aussi peut-être puisque son propre père est engagé dans la défense du droit des artistes alors que lui même se place plutôt du coté de la défense des internautes."

"A l'heure où Internet est trop souvent et injustement mis en cause, comme un havre de brigands et de criminels, ou comme le responsable de toutes les faillites, les défenseurs d'Internet, de son bon usage, comme moi et, j'en suis sûre, comme Martin Rogard, feraient mieux de s'unir plutôt que de polémiquer, on se demande bien pour le bénéfice de qui" conclue la ministre.