Pascal Mercier (Globlal Equities) "Nous assistons à un retour des mega-deals"

Spécialiste des levées de fonds, Pascal Mercier estime que le marché est en train de rentrer dans un cercle vertueux semblable à celui de 2004. Il anticipe en particulier des investissements dans le secteur de la data.

JDN. Quelle est selon vous la tendance forte en cette rentrée ?

Pascal Mercier. L'un des sujets brûlants de cette rentrée, c'est la maîtrise de la data. L'émergence d'Internet, l'obsession du ROI dans la publicité et les opérations marketing ont poussé les acteurs du Web à générer de plus en plus de données, sous lesquelles nous sommes finalement noyés. Aujourd'hui sur le Web, tout est affaire de data. Ce secteur est large : il existe non seulement les fournisseurs de technologie d'analyse, mais aussi les entreprises de conseil, sans oublier celles qui pourraient tout simplement vendre de la data, comme Facebook par exemple. Dans le domaine de la publicité en ligne, qui reste le modèle économique de plus de 90 % des sites Internet, un meilleur usage de la data permettra d'améliorer encore les technologies de ciblage publicitaire. Cela profitera à la fois aux annonceurs qui pourront mieux maîtriser leur ROI et aux éditeurs qui pourront optimiser les taux de conversion grâce à de meilleurs algorithmes.

Aux Etats-Unis, ce mouvement a commencé avec le rachat d'Omniture par Adobe il y a un an et se poursuit aujourd'hui par le récent rachat de Nedstat par Comscore. Certains fonds sont en train de se monter pour investir exclusivement dans ce secteur. The Founder's Fund (qui a notamment investi dans Facebook, Spotify, OLX, Mint, ndlr.) en a par exemple fait l'un de ses axes prioritaires d'investissement.  

Comment anticipez-vous les mois à venir dans l'e-business ? 

Je pense que nous assistons à un retour des mega-deals dans le domaine technologique en général. Les récents rachats de McAfee et 3Par par Intel et HP, ou encore celui de Priceminister par le japonais Rakuten au début de l'été, en sont un signe. Je pense que nous rentrons dans un cercle vertueux qui rappelle 2004. A l'époque aussi, la bourse était fermée aux entrepreneurs souhaitant offrir une sortie à leurs investisseurs. Le rachat de Skype par eBay avait annoncé la sortie de la période qui avait suivi l'éclatement de la bulle Internet.

Je pense que le domaine IT est, comme à cette époque, en train de sortir de la crise après près de trois ans d'attentisme. Les industriels prennent à nouveau position, ce qui signifient qu'il ont retrouvé le moral. Dans un premier temps, de grosses sociétés vont annoncer des acquisitions, avant d'être suivies par de plus petites. Dire que de nouveaux rachats d'envergure auront lieu d'ici décembre est cependant délicat, car la fin de l'année, c'est déjà demain. Mais il y en aura prochainement, au moins dans les douze prochains mois. 

Quels sont les projets de Global Equities, vos chantiers en cours ? 

Nous sommes en train de faire beaucoup de croissance externe. Nous avons fait au printemps l'acquisition d'Eurotrading Capital Markets, qui est un acteur reconnu des métiers d'intermédiation, notamment d'obligations. Nous sommes actuellement sur un processus officiel de fusion avec la société d'investissement Assya Capital. L'objectif de ce rapprochement est de donner naissance à un nouvel acteur paneuropéen présent sur l'ensemble de la chaîne de valeur des services financiers sur le modèle des banques d'investissement anglo-saxonnes. Ces acquisitions ne sont que les deux premières, nous comptons en réaliser beaucoup d'autres, y compris d'ici la fin de l'année. 

 Pascal Mercier commence sa carrière à New York puis à Paris dans des fonctions de management opérationnel avant de rejoindre Chausson Finance en 1999 où il mène plusieurs dizaines d'opérations de levée de capitaux auprès de fonds. En 2004, il co-fonde Aelios Finance qui deviendra immédiatement le leader en France de la levée de fonds en private equity. Pascal Mercier a piloté directement plus de 40 levées de fonds.